Fabio Purino revient avec Le Illusioni, exposition présentée au sein de la Galerie de l’atelier du 8 septembre au 21 octobre.
Bleui ou confinant au rose, athlétique, dessiné et absolument central, tel apparaît le corps sous le pinceau de Fabio Purino. Le peintre du Masculin/féminin et du souvenir (expositions de 2022) investit, du 8 septembre au 21 octobre, la Galerie de l’atelier. Il y expose une trentaine d’œuvres savamment colorées.
Si le cinéma est toujours au cœur de son inspiration, d’autres muses l’ont cette fois animé : les choses qu’il a vues, celles qu’il « aimerait atteindre », ses voyages récurrents à Florence, son intérêt pour les chefs-d’œuvre de la peinture classique et pour les primitifs italiens. « Le Martyre de Saint-Sébastien », « La Joconde », « Dante et Virgile »… J’ai, modestement, cherché à réinterpréter ces œuvres magistrales », résume Fabio Purino. Pour cette nouvelle exposition, intitulée Le Illusioni – titre apparu, puis adopté, lors d’une visite de la bibliothèque Médicis de Florence –, Fabio Purino a privilégié deux approches : l’une, anatomique, sensuelle et hautement incarnée du corps humain, et une autre « plus calme, plus ouverte ». Résultat : l’élégance se confronte à la bestialité ; le tourment et la légèreté s’entrechoquent.
Transformer la réalité
Pour cette exposition, tout a commencé avec un poster trouvé dans un hangar avec, imprimé, « La Mort de Marat » par David. « J’ai retravaillé dessus en reprenant certains éléments du tableau, en en transformant d’autres. J’en suis sorti grisé ». À force de réinvention, l’artiste a fait de ce chef-d’œuvre admiré à Pompidou quelque chose de nouveau et de différent, une sorte d’illusion. « David avait embelli Marat, j’ai à mon tour transformé la réalité. Je compte à présent sur l’indulgence des puristes ».
Les œuvres présentées, créées par associations d’idées, se jouent du contraste, y compris dans l’utilisation des couleurs, lesquelles sont placées en opposition ou en cohabitation. De manière « instinctive », pour Fabio Purino, le bleu est dévolu au corps.
Le bleu en triptyque : bleu de manganèse, au nuancier impressionnant, bleu indigo « tirant vers l’émeraude foncée » et bleu de cobalt, « plus difficile à maîtriser ». Sous son pinceau, les bleus se mêlent, se complètent et viennent, ponctuellement, se coller au jaune, au rouge. « Ces trois couleurs travaillent entre elles ».
Ce que ces trente œuvres ont en commun, autre que leur créateur ? « Tout y est composé, équilibré par rapport à un centre. Les personnages sont souvent dédoublés ». Des personnages aux muscles saillants, à la taille dessinée, aux traits réguliers puisés dans des photos, des coupures de journaux. Artiste cortiqué à l’inspiration hétéroclite, Fabio passe un temps infini à préparer la toile à venir, croquis après croquis. Une fois prêt, il se saisit de son pinceau et ajuste, adapte, fait, défait et refait pour que la chenille (en noir et blanc) devienne papillon.
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3 questions à Fabio Purino
Quel est votre rapport à la couleur ?
Je suis à l’aise avec elle. Je recherche la densité, mais également l’équilibre, c’est là tout l’enjeu. Quand je commence un tableau, je place les personnages, une partie du décor, et après je m’interroge : quelle couleur placer en fond ou sur telle partie pour que toutes restent fortes, équilibrées ? S’éparpiller, c’est prendre le risque que le regard fasse de même. Parfois, je photographie le tableau et l’envoie à mes amis peintres, pour conseil.
Masculin/féminin comportait 21 œuvres, celle-ci en dévoilera une trentaine…
Oui, j’ai voulu en faire un peu plus qu’à mon habitude pour m’adapter au lieu et avoir la possibilité de gérer l’accrochage. J’ai également pris en compte les vitrines, élément auquel je n’avais, jusqu’à présent, pas eu accès. Pour cette exposition, j’ai créé quelques grands formats ainsi que des moyens formats, j’ai fait à l’inspiration, à la passion. Si certaines toiles ne sont finalement pas exposées, tant pis ! Parfois, le trop est l’ennemi du mieux. Au moment où l’on se parle (ndlr : l’entretien a eu lieu le 29 août), je finis le 29e et le 30e tableau.
Dans quelles circonstances cette exposition a-t-elle lieu ?
J’y avais vu une très belle expo de Valer… Je suis à présent ravi que la Galerie de l’atelier me fasse confiance. Peindre c’est bien, mais exposer, ce n’est pas évident ! Cette galerie a pignon sur rue, une histoire… Elle est aussi un atelier d’encadrement, le plus ancien de Nancy.
Propos recueillis par Cécile Mouton
Du 8 septembre au 21 octobre • Galerie de l’Atelier, 41 grande rue à Nancy • Tél. 03 83 32 72 98 • Lagaleriedelatelier.fr
Photos © Chiara Purino, DR