Entre deux

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Jusqu’au 11 novembre 2014, le Musée de l’mage à Épinal commémore le Centenaire 14-18. Avec son exposition « L’enfant découpait des images », il replonge les visiteurs dans ce conflit. Il propose aussi une double lecture de la guerre entre passé et présent.

Des panoramas de la guerre, voilà à quoi font penser les découpages proposés par l’Imagerie Pellerin aux petits Français entre 1915 et 1918. Des soldats dans leurs tranchées partent bravement au combat ou affrontent des gaz asphyxiants. À travers toute une gamme d’images, Épinal et son industrie imagière participent à l’effort de guerre : ils présentent une version adoucie des combats aux enfants mais leur permettent de garder un lien avec le front. Là-bas, leurs pères, oncles, frères vivent l’enfer… Les productions Pellerin ont un but pédagogique, teinté de propagande. Les planches montrent à la fois les troupes françaises mais aussi les uniformes alliés – italiens, belges –, des scènes de vie… En 14-18, l’Imagerie aussi est touchée par la guerre. Elle pèse sur les effectifs des ouvriers et des dirigeants, sur le fonctionnement des machines et sur la production. En réadaptant des types d’images déjà éditées – comme  les constructions, des images à découper et monter – tout en racontant ce qui se passe au front, la Série de guerre a probablement permis à l’Imagerie de traverser cette période trouble.

Les traces de la guerre

En parallèle de cette exposition, la deuxième partie de l’exposition revient sur les pas des soldats, réels et non en papier. Les photographies de Paola de Pietri, série « To face », montrent les traces laissées par la guerre sur les paysages, les lieux de combats. Trous d’obus, lignes de tranchées, le temps a effacé peu à peu les plaies ouvertes dans la terre. Il reste cependant une impression. Derrière ce calme apparent, la mémoire collective se charge de reconstituer la vie de ces hommes sacrifiés. Dans cette vision désormais apaisée de la nature, une interrogation soulevée par la photographe s’incruste : l’histoire peut-elle se lire dans les lignes de ces paysages ? Paola de Pietri tente de la capter, de marquer sur la pellicule le passage entre hier et aujourd’hui. De cette démarche se dégage une émotion cumulée, celle transmise par l’artiste et celle du spectateur.
Cette double-exposition permet de décrypter l’Histoire et de révéler ses multiples facettes. Entre le présent de la guerre reconstruit par l’image et le passé reconstitué par la photographie, le Musée de l’image à Épinal construit un pont.

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