La Galerie Lillebonne, en plein cœur de la ville vieille, sert d’écrin aux tableaux et installations d’Andrée Philippot-Mathieu jusqu’au 1er mars. Photographies ? Gravures ? Peintures ? Différentes techniques artistiques s’entremêlent pour créer une œuvre unique qui bouscule et interroge notre regard.
Elle a d’abord été peintre. Longtemps, le silence de son atelier lui a permis de s’épanouir et puis un jour elle a ouvert la porte et s’est tournée vers la photographie. « Dans les années 80, j’ai beaucoup peint. Un mot m’inspirait un tableau, j’ai vécu une sorte de frénésie créatrice » explique l’artiste. Ses toiles sont exposées un peu partout en Europe et l’artiste est invitée en résidence à Barcelone, à Genève et à la villa Arson de Nice. « Un jour, ça ne m’a plus suffit, j’ai eu envie de confronter mon travail à autre chose, l’espace me démangeait ! » Andrée Philippot-Mathieu, qui vit alors à Barcelone, se lance dans la photo et gagne même un concours prestigieux en Catalogne. « J’ai choisi la photo parce qu’elle est plus qu’aucune autre expression artistique, le reflet de notre temps en étant un témoignage direct de celui-ci et par sa technologie en constante évolution. » Restait à s’approprier la photographie et à y ajouter sa touche d’artiste contemporaine. « Mes différentes démarches créatrices se sont cristallisées autour de la photographie. J’ai compris que tout était chronologiquement lié et synthétisait mes démarches créatrices antérieures : peinture, sculptures, installations, travail sur les mots… » L’artiste se souvient précisément du jour où elle a trouvé le point de rencontre entre ses différentes techniques « Le 17 janvier 2007, en bidouillant sur mon ordinateur j’ai commencé à travailler cette matière virtuelle et à la modifier grâce à des logiciels informatiques ». Dans sa recherche photographique, tout comme dans ses vidéos, Andrée Philippot-Mathieu ne cherche pas à donner de représentation réaliste, « je ne montre jamais de photo sans retouche, je cherche au contraire à objectiver le sujet. Je passe plusieurs jours sur chaque image faisant appel à des modalités plastiques précises, partant de stratégies documentaires pour transformer la photo initiale grâce des manipulations numériques en des formes plus artistiques évoquant la peinture, la gravure, les dessins d’architecture. »
L’inspiration du voyage
L’exposition nancéienne, baptisées Traverses, présente un tout petit aperçu du travail de l’artiste aujourd’hui installée à Paris. Les photographies grand format tirées de ses séries CItyscapes et Ici comme ailleurs sont exposées. « Chaque série a sa technique bien particulière et se nourrit des mes voyages – en Europe, aux Etats-Unis, en Chine, au Japon, en Egypte, au Maroc…- pour s’interroger sur la notion d’identité dans toutes ses acceptions. De l’homme à son environnement. » Toujours présentées en triptyque, les photographies mettent en perspective la transversalité des cultures et leurs signaux identitaires. La série Cityscapes,( représentée à Nancy par trois photographies de grandes métropoles, une vue de New York à travers un caisson lumineux et une vidéo réalisée pour la Nuit Blanche 2013 à Paris) explore les paysages urbains dans leur diversité et leur complexité. L’image, extrêmement travaillée, évoque la gravure et même le trait d’un architecte. A travers ces représentations du Caire, de Shanghai et de Kyoto, Andrée Philippot-Mathieu met en évidence une architecture moderne venant fragmenter les vestiges du passé, Une organisation citadine déposée en couches successives au fil du temps. La seconde série, Ici comme ailleurs, aborde, elle ;
, la notion d’identité personnelle, sociale et culturelle. Le sujet ? La vie quotidienne d’anonymes, immortalisée lors de voyages au Maroc, en Chine et en Egypte. De loin, on croit voire une photo classique, très colorée. Le travail de l’artiste, quasi imperceptible se révèle quand on s’approche. De près c’est un tableau que l’on observe, avec ses effets de texture, ses applications de couleurs qui évoquent la brosse du peintre. Bluffant !
Curieuse et gourmande de découvertes, Andrée-Philippot-Mathieu n’enferme pas ses séries de photos dans un album, « elles restent toujours ouvertes et s’enrichissent de mes voyages présents et futurs. « L’artiste, pour qui « le voyage n’a de sens qu’avec le travail » a découvert Nancy, appareil photo en bandoulière. L’histoire ne dit pas encore si la Cité ducale trouvera sa place dans une de ses futures séries. A suivre…
Galerie Lillebonne
14, rue du Cheval blanc
54000 Nancy
Ouvert tous les jours (sauf dimanche) de 14h à 19h et sur rendez-vous
Plus d’infos sur [email protected]