Comme un Indien à la Filoche

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À partir du 16 septembre, la Filoche propose un cycle thématique sur le Far West. De Buffalo Bill aux Indiens des plaines, le centre culturel de Chaligny extirpe le visiteur de ses bottes et l’emmène sur les traces de ces figures entre mythe et réalité, passé et présent.

«Je suis né dans les plaines où le vent soufflait libre et il n’y avait rien pour arrêter la lumière du soleil. Je suis né là où il n’y avait pas de clôtures » racontait le chef apache Géronimo. Les clôtures, les pionniers européens les ont emmenées avec eux. Les terres, sur lesquelles circulaient librement les « Natives », ont été volées et une culture millénaire a été recouverte de poussière. Aujourd’hui les Amérindiens tentent de reconstituer leur histoire si riche et, avec eux, des passionnés de toutes nationalités. Gérard Crouzier fait partie de ces collectionneurs invétérés et historiens amateurs. Depuis l’âge de 17 ans, il a rassemblé un nombre incalculable d’objets en lien avec les Indiens : photographies, casse-têtes, vêtements, livres… La Filoche a bénéficié de ses trésors pour élaborer trois expositions différentes autour du Far West : « Indiens des plaines », « Mythique Buffalo Bill » et une autre présentant des affiches de westerns.

2014_Cycle 1_EXPO_Indiens des plaines_credit GCrouzierw 2014_Cycle 1_LANCEMENT DE SAISON_Les culs trempes _credit S.Claereboutw

 

Buffalo Bill dans la peau

« En 1905, Buffalo Bill réalisait une tournée avec son spectacle dans 114 villes françaises. Mon grand-père avait alors dix ans et il a vu le Buffalo Bill’s Wild West à Nancy. Quand j’étais petit, il me racontait des histoires d’Indiens. Bien plus tard, je me suis aperçu que la plupart d’entre elles étaient fausses », explique Gérard Crouzier. Ce typographe à la retraite a attrapé le virus enfant et aujourd’hui a l’une des collections les plus importantes sur Buffalo Bill. L’exposition retrace ces tournées gigantesques qui ont contribué à engendrer un stéréotype : l’Indien avec sa coiffe en plumes et son gilet perlé. Ce costume créé de toutes pièces devient ensuite la marque de fabrique des Indiens au cinéma. Pourtant, tout en entretenant les clichés, les reconstitutions théâtrales de Buffalo Bill ont permis de faire vivre ensemble des cultures, des langues, des religions différentes. En outre, Gérard Crouzier remarque : « Sur les réserves, on demandait aux Indiens d’oublier leur langage, de se couper les cheveux… d’oublier d’être des Indiens. Buffalo Bill, lui, leur demandait de jouer aux Indiens. En plus, il les embauchait. Les Iron Tails, les American Horses, des familles entières ont travaillé pour lui ». Le collectionneur lorrain a même participé au tournage d’un documentaire sur cette figure mythique de l’Ouest sauvage. Il en a rapporté des photos, certaines présentées à la Filoche.

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À la chasse aux bisons

Mais Gérard Crouzier n’a pas fait qu’étudier les « Natives » de loin. Cheyennes, Sioux, Comanches, il s’est spécialisé dans les Indiens des plaines et est parti à leur rencontre. En 1994, il participe à une chasse aux bisons et assiste dans la foulée à une danse du soleil sur la réserve indienne de Rosebud, dans le Dakota du Sud. Pour le guider dans ce voyage spirituel et culturel, Gérard Crouzier a un professeur atypique : Archie Fire Lame Deer. L’homme-médecine lakota a été tour à tour cascadeur et militaire mais a surtout aidé à perpétuer les traditions de son peuple. Au contact de ses hôtes, Gerard Crouzier a découvert des pratiques ancestrales : « Pour la chasse au bison, on a prié en fumant des pipes de tabac pour les bisons qui allaient mourir et ne le savaient pas. On allait prendre deux vies et Archie Fire a fait plusieurs offrandes de tabac. Pour eux l’équilibre naturel doit être respecté ». De ses voyages, l’ancien typographe a ramené des photographies et une connaissance plus profonde des coutumes des Indiens des plaines. Il partage aujourd’hui son expérience avec le public. Des enfants d’écoles primaires ou de collège viennent aussi l’écouter. Malgré son travail d’ambassadeur de l’histoire et de la culture indienne, une question lui est souvent posée : les Indiens vivent-ils toujours sous des tipis ? Malheureusement la réponse est non. Mais à Chaligny, les visiteurs sont chanceux car la Filoche leur en a fabriqué un spécialement pour eux.
Pour plus d’informations sur les expositions dédiées au Far West : http://www.la-filoche.fr/. Des concerts, ateliers et rencontres auront lieu tout au long de ce cycle, jusqu’au 8 novembre.