Depuis trente-deux ans, les Journées européennes du Patrimoine (JDP) mettent sous le feu des projecteurs les trésors de l’histoire et la culture françaises. L’édition de cette année se place sous le signe du futur avec le thème « Le patrimoine du XXIe siècle, une histoire d’avenir ». Architectures remarquables, objets d’art ou espaces naturels, les promeneurs des 19 et 20 septembre prochains s’en prendront plein les mirettes. Au total, 17 000 lieux seront ouverts au public.
Parmi ces endroits d’exception, les châteaux offrent l’expérience unique d’un voyage dans le temps. Contrairement au Val de Loire, la Lorraine n’est pas tellement réputée pour de tels palais. Et pourtant, elle n’a pas à rougir de ses nobles constructions. Petit tour sur le chemin de garde pour admirer certains de ces joyaux en dentelle de pierres.
Le château des Lumières à Lunéville (54) : le phœnix lorrain
Versailles a trouvé en Lunéville et son château des Lumières un petit frère éclatant, durement malmené par l’histoire. Malgré tout, le logement douillet du duc Stanislas a retrouvé aujourd’hui sa grandeur d’antan. L’incendie du 2 janvier 2003 n’y est plus qu’un mauvais souvenir.
Le feu s’est joué plusieurs fois du château de Lunéville. En 1638, la ville est assiégée et le pavillon construit par le duc Henri II détruit. Sur ses cendres, le duc Léopold fait bâtir entre 1703 et 1720 sa résidence principale avec l’aide de l’architecte Germain Boffrand. En 1738, Emmanuel Héré prend la relève sous la coupe de Stanislas. Il travaillera à l’enjolivement et l’agrandissement des bosquets avec la mise en scène de ses « Folies » : pavillons, kiosques, collines et grottes artificielles aux parfums exotiques ou bucoliques. Nombre de ces merveilles seront détruites par Louis XV après la mort de Stanislas en 1766. De la résidence de ce dernier, plusieurs salles se dévoilent aujourd’hui aux visiteurs : la chapelle, rénovée en 2010 ; le vestibule avec ses hautes arcades ; les salles des gardes et de la livrée ; l’escalier d’honneur et enfin les salles voûtées, véritables garde-manger gourmands. Ceux qui tendent l’oreille pourront peut-être aussi entendre l’écho des conversations brillantes de Voltaire et d’Émilie du Châtelet.
Plus de renseignements sur le site : chateauluneville.meurthe-et-moselle.fr
Haroué (54) : un décor lyrique
Germain Boffrand a laissé sa marque un peu partout en Lorraine. Avec Lunéville et Gerbéviller, il a aussi ciselé le château d’Haroué. Construit entre 1720 et 1732 sur les fondations de celui de Bassompierre, la demeure abrite depuis trois siècles les descendants du prince Marc de Beauvau-Craon, vice-roi du Grand-Duché de Toscane et Grand Connétable de Lorraine.
Aujourd’hui, Haroué est devenu le décor haut en couleur d’opéras légendaires, comme les 28 et 29 août derniers avec « La Traviata » de Giuseppe Verdi. Pour les journées du Patrimoine, des visites guidées de la demeure sont organisées le samedi de 10 à 12 et de 14 à 18 heures, puis le dimanche entre 10 et 18 heures. Pendant quarante-cinq minutes, les curieux entreront dans l’intimité des Beauvau-Craon en déambulant dans la chambre d’apparat de la princesse ou en foulant le sol du grand salon Louis XVIII. Côté animations, le Carnaval vénitien de Remiremont exportera ses masques et sa trentaine de costumes à Haroué. Un tailleur de pierre effectuera des démonstrations et les gourmets participeront à un pique-nique chic dans l’herbe du jardin.
Informations sur le site : chateaudeharoue.fr
Fléville (54) : de voyage en voyage
Avec son donjon médiéval et son château Renaissance, Fléville n’est pas en reste dans la course aux trésors architecturaux lorrains. À vingt minutes de Nancy, il offre un lieu de repos verdoyant où sept siècles d’histoire se côtoient. Jusqu’au 15 octobre, il héberge aussi l’exposition « Mémoire de voyage en Chine ». Une expérience double pour les promeneurs.
Une quinzaine de pièce s’explorent avec l’accompagnement éclairé de deux guides. La salle des États de Lorraine, la chambre de Stanislas, le salon XVIIIe siècle avec ses tapisseries au Chinois, la chapelle, la salle de justice et la salle du Chevalier dans le donjon ponctuent ce parcours. Dans le salon des tapisseries et la grande salle à manger, les carnets de deux voyageurs, Auguste François et Edith de Miramon, emmènent les visiteurs en Chine via leurs souvenirs de voyage. Une fois achevée la balade dans la partie intérieure du château, de nouvelles surprises les attendent dans les vingt hectares du jardin romantique, classé Monument Historique.
Pendant les Journées du Patrimoine, les tarifs d’entrée sont réduits : 7 € pour la visite guidée et l’entrée du jardin, 6 € pour les extérieurs seuls et entrée gratuite pour les moins de 16 ans. Les visites ont lieu le samedi et le dimanche, à partir de 14h30 jusqu’à 19 heures, départs tous les trois quarts d’heure.
Cons-la-Grandville (54) : une gemme en pierre jaune facettée
À Cons-la-Grandville s’élevait autrefois une forteresse médiévale. Érigée sur un promontoire rocheux et surplombant la rivière de La Chiers, elle était l’œuvre du seigneur Dudon. Habité depuis 1620 par la famille de Lambertye, le château a pris au fil des siècles sa forme contemporaine.
Pour les Journées du Patrimoine, les promeneurs parcourront le reste du domaine avec un guide particulier : le propriétaire actuel des lieux. En une heure et trente minutes, ils auront l’occasion de noter les diverses influences architecturales du château. Le bastion médiéval persiste encore au niveau des parties basses des ailes Nord et Est. La Renaissance pousse encore un peu sa magnificence dans les fenêtres à meneaux des parties hautes ou dans la cheminée sculptée de la salle d’honneur, datée de 1580 et appartenant probablement à l’école Ligier Richier. Le siècle des Lumières a posé aussi sa marque à Cons-la-Grandville et de nombreuses statues du XVIe siècle jalonnent le domaine. Les jardins du prieuré et la crypte sont aussi ouverts au public et permettent d’achever le tour de cette splendide bâtisse.
Château : 6 € pour les adultes et gratuit jusqu’à 18 ans. Visite libre de 14h à 18h, visites guidées à 15h et 17h. Visite gratuite de la crypte, uniquement le dimanche de 14h à 18h. Parc du Prieuré : gratuit (livret explicatif : 3 €) et promenade libre de 14h à 18h. Informations au 03 82 44 98 00 ou sur le site : conslagrandville.com
Saint-Sixte à Freistroff (57) : les aventuriers des pierres perdues
Édifié au XIIe siècle par le seigneur Wirich de Valcourt, Saint-Sixte a changé de propriétaire comme de chemise. La Nied, qui le longe, a observé ses transformations consécutives du premier château au XIVe siècle, détruit en grande partie au nouveau bâtiment du XVIe siècle puis les modifications entreprises au XVIIIe siècle.
Au moment de son rachat en 1986 par la famille Gehl, le château était dans un piteux état. Les propriétaires précédents l’avaient utilisé comme exploitation agricole et de nombreuses restaurations ont dû être effectuées. Mais la passion pour ce morceau de patrimoine vivant l’a emporté sur les difficultés et ses propriétaires, aventuriers des pierres (presque) perdues, réalisent aujourd’hui eux-mêmes la visite des lieux en collaboration avec la Société d’histoire et d’archéologie du Pays de la Nied. Au rythme d’une visite guidée par heure, les guides conduisent les visiteurs à travers le rez-de-chaussée, les parties réservées aux réceptions, l’ancienne salle des chevaliers et celle de justice. À l’intérieur, les yeux s’extasieront de la salle à manger du XVe et les genoux grelotteront dans le cachot datant du XVIIIe siècle. En extérieur, le parc du château a été entièrement réaménagé et propose un parcours déambulatoire sur une grande passerelle en bois. Celle-ci permet de découvrir l’écosystème autour de l’édifice avec une zone marécageuse et humide le long de la Nied. Pour les familles, des animations sont aussi prévues : des jeux en bois seront mis à disposition des enfants. Pour la famille Gehl, les Journées du Patrimoine sont aussi un moyen de montrer les avancées de la restauration d’un château qui a bien failli tomber dans l’oubli. Une petite victoire sur l’histoire.
Les visites du château Saint-Sixte à Freistroff se dérouleront les samedi 19 et dimanche 20 à 14, 15, 16 et 17 heures (dernière visite). Toutes les visites sont guidées et durent une heure. Renseignements : chateau-freistroff.com
Le château de Pange (57) : Un pied de Nied à l’histoire
C’est un coquet château bâti en 1720 par Jean-Baptiste Thomas, marquis de Pange. Depuis, le domaine est resté dans la même famille et ce, en dépit des aléas de l’histoire. Cette perle du XVIIIe siècle est incrustée dans un parc immense, bordant la rive Sud de la Nied.
Visiter le château de Pange équivaut à traverser quatre siècles d’histoire familiale en un peu plus d’une heure. La balade est contée par l’actuel marquis de Pange et sa famille, vivant toujours sur place. Et ce récit s’enrichit grâce aux destinées extraordinaires de leurs illustres ancêtres : Pierre Thomas, nommé chancelier de Lorraine par le duc Charles IV ; Louis Thomas et ses deux frères François et Jacques, qui ont chacun à leurs manières laissé leurs empreintes dans la période troublée de la Révolution Française ; le comte Jean de Pange, ami de Robert Schumann ; et le neuvième marquis de Pange, officier-navigateur pendant la seconde Guerre mondiale. Une pièce est d’ailleurs réservée à ce père et grand-père hors-norme avec un petit musée retraçant ses aventures. Du château, les visiteurs exploreront des salles entièrement remeublées et restaurées, qui respirent la quiétude et la douceur de vivre. Ne ratez pas, les jardins labellisés « Jardins remarquables » et entièrement recomposés par le paysagiste Louis Benech au pied de la Nied.
Visites guidées le samedi de 14h à 18h, le dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h. Renseignements sur le site chateaudepange.fr
Et aussi
À Loupy-sur-Loison (55), s’élève depuis le XVIIe siècle la maison d’apparat de Simon de Pouilly, gouverneur militaire de la citadelle de Stenay. Des visites guidées auront lieu les samedi et dimanche de 10 à 18 heures, avec un départ tous les trois quarts d’heure. Le tarif d’entrée est de 5 € par personne.
À Commercy, le château Stanislas a aussi été façonné par des architectes renommés : Germain Boffrand, Nicolas Dorbay et Emmanuel Héré. Visites guidées des soubassements médiévaux et des vestiges de la forteresse du XVe siècle les 19 et 20 septembre à 14h30 et 16h. Renseignements : 03 29 91 33 16 / tourisme-pays-de-commercy.fr (gratuit, sans inscription).
Le château de Sclossberg à Forbach : du château fort, il ne reste plus grand-chose à part le donjon aux 118 marches, offrant une vue à 360 ° sur les environs, et l’ancienne salle des chevaliers. Cette dernière accueille une exposition sur Gustave Adt, directeur des usines et de la cartonnerie Adt au début du XXe siècle. Visite libre. Renseignements : 03.87.85.02.43 / paysdeforbach.com
Le château de Malbrouck à Manderen, site Moselle Passion, propriété du Conseil Départemental de la Moselle, est un Monument historique édifié au 15e siècle. Il se dresse sur un promontoire rocheux dans un écrin de verdure à proximité du Luxembourg et de l’Allemagne. Il offre un panorama exceptionnel sur la nature environnante. Renseignements : 03 87 35 03 87 / chateau-malbrouck.com
Plus d’infos sur les châteaux en lorraine sur le site tourisme-lorraine.fr