On en rit encore

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Une dette publique à 2 031,5 milliards d’euros, un taux de chômage national à plus de 10 %, aucune de ces données n’a de quoi réjouir. Pourtant, malgré ces temps difficiles, la seule petite entreprise qui ne connaît pas la crise est bien celle du rire. Après la fermeture du Vertigo en 2011, seul café-théâtre nancéien, d’autres structures se sont mises en place pour prendre la relève. À Nancy, l’humour vient soigner notre déprime conjoncturelle.

Depuis 2008, la vie quotidienne des Français ne cesse de ressembler à un long fleuve de galères. Le chômage se porte comme un charme. La croissance baisse les bras. La crise est un véritable creuset d’inspiration pour les brèves de comptoir. « Mais que peut-on faire ma pauv’ dame ? ». En rire peut-être… Alors que certains sombrent dans une crise de foi politique, d’autres ont décidé de se tourner vers une arme antimorosité : l’humour. À Nancy, le public, amateur d’amusements et de facéties toutes catégories, ne demande qu’à se détendre les zygomatiques. « On est encore dans un système de médecine à deux vitesses. D’un côté, il y a les grosses têtes d’affiches dans les grandes salles. De l’autre, des jeunes et moins jeunes cherchent à accéder à de plus petites scènes. Pour eux il y a peu de lieux où s’exercer », note Steeve Seiller, gérant de la compagnie Clou du Spectacle.

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Vertige de l’humour

Et l’offre à Nancy se développe tout doucement sur les ruines du Vertigo. Ce temple du spectacle fermé en 2011 a laissé derrière lui toute une bande de bons rieurs orphelins. Parmi ceux-ci, Steeve Seiller a tenté d’assurer en partie la relève. Issu du théâtre d’impro, il reprend en 2013 le fonds de commerce du Clou, un bar-restaurant de la Place des Vosges, et le transforme en « Clou du Spectacle ». « Je voulais retrouver le même esprit que le Vertigo, un lieu proposant une programmation éclectique, avec des spectacles d’humour, d’improvisation ou des concerts », explique-t-il. Depuis juillet 2014, « Le Clou du Spectacle » s’est émancipé et a quitté son quartier général pour de nouvelles péripéties en tant que compagnie d’improvisation. Animation de soirées, création de spectacles, organisation de rendez-vous humoristiques, cette dernière a opté pour le nomadisme culturel et propose aussi des formations pour les entreprises. Cependant, le rêve d’un café-théâtre made in Nancy n’est pas perdu. Ainsi, Steeve Seiller a transmis les clés du 30 Place des Vosges à des nouveaux propriétaires désireux de poursuivre l’aventure sous le nom du « Clou s’entête ». D’ailleurs Le Clou de Spectacle s’invite de temps en temps sur son ancienne scène de crime. « Les grèves de comptoir » y prennent place régulièrement et mettent en scène quatre personnages se frottant à l’actualité avec distance et dérision.
Sur une autre veine comique, Corinne Labourel et Didier Oliviero ont créé en 2013 la Comédie de Nancy, une salle de spectacle d’une capacité de cinquante places, située rue du Grand Rabbin Haguenauer. Ils ont tout plaqué dans le sud pour continuer leur aventure artistique à Nancy en montant le premier café théâtre de la ville. Pendant des années, Cassandre, la fille, Corinne, la mère et Didier le compagnon de Corinne ont usé les scènes du sud de la France. Beaucoup de projets menés autour des grands classiques du Café Théâtre et un succès grandissant leur permettent même de tenter l’aventure parisienne aux Théâtre des Blancs Manteaux. Après plusieurs succès au festival d’Avignon et sur les scènes de la France entière, c’est à Nancy qu’ils décident de poser leurs valises pour une nouvelle étape de leur carrière. Nancy est la ville natale de Corinne, elle y a suivi les cours du conservatoire et des études de théâtre. Dans la rue du grand Rabbin Haguenauer, derrière le centre commercial Saint-Seb, ils ont dégoté une ancienne boutique de vêtement. Ils l’ont transformée en véritable salle dans la plus pure tradition du café-théâtre.  Au mur de la façade un énorme sourire, accueille le visiteur ou intrigue le passant. Devant La comédie de Nancy, on s’arrête, on passe la tête pour jeter un œil, on y entre pour un petit café en toute convivialité. Depuis quelques mois, une seconde structure est née à Limoge « La Comédie de Limoge » un nouveau challenge pour cette équipe de saltimbanques passionnés ou le succès est déjà au RDV. Le rire se décline ici sur des modes différents. « Nous accueillons sur scène principalement des comédies, surtout de boulevard, et quelques one man shows », détaille Corinne Labourel. Dernièrement, la pièce « Moi, mon mari, mes emmerdes » a attiré plus de 450 visiteurs, une belle réussite selon les deux gérants.

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Rire de tout ?

Le grand Pierre Desproges en son temps se frottait la tête sur une question atemporelle : peut-on rire de tout ? Sa réponse affirmative fut ensuite nuancée : pas avec n’importe qui ! Dans son émission « Tu t’es vu quand t’as ri », diffusé sur RCN tous les mois, Daniel Conrad tente de ressusciter l’impertinence des Jacques Martin, Pierre Dac ou Jean Yanne. Selon l’animateur et journaliste, leur irrévérence passerait difficilement de nos jours. Alors Pierre Desproges changerait-il son raisonnement aujourd’hui ? Dans la réalité de la scène, le spectacle humoristique montre une richesse de ton, n’en déplaise aux chatouilleux. « Dans notre programmation, beaucoup de pièces traitent du sexe. C’est un sujet universel. Après, quelques sujets sont plus délicats : l’homosexualité, les femmes qui se retrouvent seules, la mort aussi… Mais au final, puisque c’est abordé avec humour, rien n’est vraiment tabou. Dans « Et dieu créa les folles », ça va très loin. Mais les gens rient tellement qu’ils accrochent sans se poser de questions », explique Corinne Labourel. L’exercice du rire n’est donc pas si périlleux lorsqu’il est réalisé avec habileté. «Ça dépend comment tu amènes les choses. Si tu es agressif, ça ne fonctionnera pas. Tu dois instaurer une relation de confiance avec le public et prendre du plaisir » affirme Steeve Seiller. Par ailleurs les formes de spectacles sont aussi variées que les publics. « Les mimes, les clowns auront toujours du succès. Le stand up est plus un phénomène de mode et donc susceptible de perdre en vitesse. En revanche il y aura toujours du one man show avec des sketches de situation », ajoute le chef de file de la compagnie « Le Clou du Spectacle ».  Rire dans la crise : oui ! Mais rire de la crise ? La nouvelle scène d’humoristes du Grand Est s’est-elle frottée à cet exercice de style ? Selon François Barthélémy, animateur d’un tremplin humoristique et organisateur d’animations et de spectacles via l’association Scène de Rire : « L’humour un peu politisé, très peu le pratiquent pour le moment car il faut être fort dans ce registre ».

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La relève

Des lieux comme la Comédie de Nancy, le Clou s’entête ou encore la MJC Pichon n’attirent pas les mêmes publics. Familial, étudiant, plus jeune ou plus âgé, chaque salle selon son orientation et sa programmation fidélise une clientèle différente. Si la Comédie de Nancy peine à attirer les moins de trente ans, ils constituent au contraire la manne du « Clou s’entête » surtout lors de soirée d’impro. De l’autre côté du rideau, de plus en plus de personnes veulent se confronter à la scène. À l’instar du « Clou de Spectacle », de l’association Scène de Rire ou la MJC Pichon, les organismes proposant des formations notent cette affluence. Avec Scène de Rire, François Barthélémy a pour projet de développer des ateliers d’expression. « Beaucoup d’humoristes sont issus du théâtre classique. Il n’y a pas vraiment d’initiation au café-théâtre. Un certain nombre de comédiens se déplacent de Paris, afin de se faire un nom en dehors de la capitale », indique-t-il. Grâce au Clou’s Up, un tremplin de l’humour proposé par Scène de Rire et hébergé par le Clou s’entête, la nouvelle scène de l’humour se dévoile avec le parrainage de deux figures lorraines : Fabrice Colombero et Julien Strelzyk. En dix-sept sessions, cinquante-cinq apprentis amuseurs publics sont passés par le Clou’s Up. Certains se sont lancés dans l’écriture de spectacles comme Josselin Dailly, « Clou du cœur » du tremplin en 2014. Avec son « One Psycho Show » baptisé « L’air de rien », il explore de façon savoureuse les phobies, tocs et autres bizarreries de l’esprit humain. Outre le Clou’s Up, Scène de Rire a aussi pour volonté d’organiser des plateaux humoristiques avec des artistes plus aguerris. Mais Nancy ne baigne pas encore totalement dans la culture des cafés théâtres. « Au Clou s’entête, j’essaie de mettre en place un système de rendez-vous pour fidéliser un public d’amateurs. Du jeudi au samedi, il y aurait des soirées dédiées à l’impro, aux spectacles d’humour et aux concerts » imagine David Renaudin, co-gérant et programmateur du bar-restaurant de la Place des Vosges. Crise ou pas crise, la musique du rire se compose petit à petit sur Nancy : « La plus civilisée du monde » à en croire Peter Ustinov.

LM41-008Raphaël di angelo est un coach sentimental. Il collectionne les conquêtes sans scrupules. Jusqu’au jour ou une femme entre dans son bureau.
Raphaël dirige une agence d’un type nouveau au sein de laquelle il enseigne l’art de la séduction à des clients masculins en difficultés sentimentales. La trentaine affirmée, il se présente comme un séducteur irrésistible maniant le verbe avec finesse, la galanterie avec virtuosité. Son but, apprendre à ses élèves à s’extérioriser pour parvenir à leurs fins…mettre un maximum des filles dans leur lit. Et ce grâce à des méthodes douteuses. Il se vante notamment d’une collection de conquêtes non négligeable puisque 1236 demoiselles auraient succombées à ses charmes. Du 8 au 25 janvier : « Je suis célibataire », une comédie de Julien Sigalas, et « L’amour est dans le presque » de Julie Krief et Julien Sigalas.

Spectacles à venir à la Comédie de Nancy :
Du 29 janvier au 1er janvier : « On déballe tout ! »une psychocomédie écrite par David Masson et mise en scène par Loïc Masson.
Du 29 janvier au 8 février : « Et Dieu créa les folles », une comédie jouée au Théâtre des Blancs Manteaux de Paris et cinq ans au Festival d’Avignon.

LM41-010Organisé par Scène de Rire :
Vendredi 16 Janvier à 20h30 aux Trois Petits Points, 3 rue de l‘île Corse à Nancy :  plateau d‘humoristes aux talents variés. Artistes du soir : Marine et Romain, Guillaume Mathecowitch, Irréel  Fantôme et Fred North. Entrée  5 euros et restauration Possible.
Vendredi 23 janvier à 20h30 au Clou s‘entête 30 Place des Vosges à Nancy : le Clou‘s Up, Tremplin de l‘Humour session 18.  8 humoristes et «1 sketch pour séduire». Entrée Libre, sortie au chapeau.

LM41-009Arnaud Krugell et Mathieu Burger fêtent leurs 10 ans de scène !
L’occasion unique de revisiter et dépoussiérer des anciens sketchs issus du premier spectacle «Must Go on» qui avait lancé le duo en 2005, et de retrouver des extraits du Two Men Show II «A vous de voir», qui tourne de salles en salles depuis 5 ans…
Ajoutez quelques surprises inédites, vous passerez forcément une bonne soirée avec les Two Men Show ! Le vendredi 09 janvier : Les 10 ans des Two men show

Spectacles à venir à la MJC Pichon :
Le samedi 10 janvier et 7 février : Improdisiaque
Le vendredi 27 février : Les frères Chrysanthèmes
Les vendredi 06 mars et samedi 07 mars : Les 15 ans d’Improdisiaque
Le samedi 14 mars : One man show de Julien Strelzyk
Le vendredi 20 mars et samedi 21 mars : Tremplin de l’humour de la MJC