Mystérieux Saint Nicolas

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Saint Nicolas est un petit cachotier. Derrière ce personnage jovial, à la barbe prospère et au costume éclatant, un mystère plane encore : le sien. En Lorraine, quelques irréductibles passionnés sont partis à sa recherche et livrent leurs découvertes. Loin du protecteur des enfants tant connu, ils nous dévoilent d’autres facettes de sa personnalité. Si le Père Noël est parfois une « ordure », Saint Nicolas ne cesse pas de nous étonner…

Avec sa barbe blanche, ses habits rouge et blanc, Saint Nicolas aurait pu facilement être remplacé par son rival contemporain : le Père Noël. Pourtant chaque année, le soir du 5 décembre, bien des familles préparent encore des carottes pour l’âne de l’évêque de Myre et les enfants sages attendent avec impatience une récompense sucrée, en chocolat ou pain d’épice. La Lorraine sans Saint Nicolas, ce serait un peu comme un baba sans rhum : fade et triste. Pourtant, le culte de ce Saint n’est pas propre à notre région. Il a voyagé de l’Orient à l’Occident, avant de se développer en Europe centrale à partir du Xe siècle. Comment donc expliquer la passion qu’il déchaîne ici, alors qu’il n’a jamais posé un pied en terre lorraine ? « Saint Nicolas est dans les tripes de chaque Lorrain », certifie Denise Bloch, éditrice de livres d’art sur le patrimoine régional pour Association d’Idées. Le rapport des Lorrains au Saint est particulier. Il mêle le religieux au populaire, les récits de miracles aux histoires pour enfants. Pour autant Saint Nicolas n’a pas encore livré tous ses secrets. Et pour les dissiper, Jean-François Tritschler est l’homme de la situation. Spécialiste de Nicolas de Myre, chancelier de la Confrérie Saint Nicolas de Yutz et collectionneur à ses heures perdues, il a participé avec Denise Bloch à la rédaction d’un livre sur son « idole », « Zoom sur Saint-Nicolas : Un autre regard sur le Grand Patron des Lorrains ». En six mois de pérégrinations à travers la Lorraine, ils ont pu constater combien les liens entre notre région et ce Saint de l’actuelle Turquie sont forts.

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Les fous de Saint Nicolas

Aujourd’hui, environ 25 000 personnes viennent admirer le défilé de la Saint Nicolas le premier week-end de décembre à Saint-Nicolas-de-Port. Autrefois, la ville jouissait toute l’année d’un bain de foule grâce au pèlerinage dédié au Patron lorrain. Mais la « destre bénissante », relique rapportée de Bari par Albert de Varangéville, n’est plus l’attraction principale de la fête. À sa place, un Saint Nicolas en chair et en os attire les touristes nostalgiques. D’ailleurs, comme les petits pains, le personnage s’est multiplié aux quatre coins de la région, à Nancy, Metz, Bar-le-Duc ou Épinal. Certains en revanche lui consacrent un peu plus qu’un jour. Ces fous de Saint Nicolas partent en quête de trésors pour enrichir leurs collections. « Nous n’avions pas idée en commençant cette enquête du nombre d’objets en lien avec lui », s’étonne encore Denise Bloch. Marionnettes, sculptures, étiquettes de fromage ou de bière, jouets par milliers ou encore monnaies à son effigie, les pièces accumulées à force de persévérance sont parfois incongrues, toujours précieuses. « Les pâtissiers par exemple se battent pour obtenir des anciens moules, en bois ou en fer, et réaliser leurs figurines en chocolat. Si vous en voyez un sur un site de vente aux enchères, il disparait les heures suivantes », note l’aventureuse éditrice. Elle aussi s’est amusée à jouer à « Où est Saint Nicolas ? », une version revisitée de « Où est Charlie ? ». En arpentant cent cinquante lieux religieux, elle a pu admirer des fresques ou peintures inaccessibles au public, des bas-reliefs inconnus ou des icônes étonnantes. De tous les Saint Nicolas dénichés dans ce périple, le préféré de Denise Bloch se cachait au fin fond des Vosges, à Autreville, dans une église Saint-Brice fermée aux visites. « Il s’agit d’une statue appartenant à un retable peint, effectué au XVIIIe siècle. Il est rondouillard, un peu rougeaud, on le croirait presque sorti d’une bande dessinée », plaisante cette dernière.

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Saint Nicolas, un Saint multi casquettes

De son vivant, entre 265 et 345, Nicolas de Myre a été plutôt occupé. Fils d’une famille aisée, il redistribue ses richesses aux nécessiteux. Outre sa probable participation au premier concile de Nicée, un conseil convoqué par le premier empereur chrétien Constantin 1er et réunissant les évêques de l’Empire romain, le futur Saint Nicolas sauve le port de Myre de la famine ou arrête l’exécution de trois innocents. Mais dans la mort, il ne chôme pas non plus : Saint protecteur des prisonniers, des marins, des semailles, des étudiants et des enfants en général. Il est même nommé « père du pays, duc et défenseur de Lorraine » par René II pour le remercier de sa victoire contre Charles le Téméraire à la bataille de Nancy (1477). Par ailleurs, bien avant Saint Valentin et le quart d’heure américain, Saint Nicolas jouait déjà les entremetteurs pour les filles ou garçons à marier en mal de partenaire. Comme les Catherinettes, les hommes de trente ans encore célibataires recevaient autrefois un bonnet de Saint Nicolas. Et dans la nuit du 5 au 6 décembre, les jeunes femmes voyaient dans leur sommeil leur futur époux. « Ma mère a rêvé d’un jeune homme sur un banc de pierre et mon père se prénomme Pierre », raconte Jean-François Tritschler. Et ce n’est pas fini. Saint Nicolas est aussi le patron des commerçants et pour cette raison, a influencé la construction de nos villes. « La majorité des cités d’Europe centrale sont bâties autour d’un quartier Saint Nicolas, celui des marchands », ajoute-t-il.

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De Saint Nicolas au Père Noël

Retranché en Laponie, le Père Noël pourrait prendre ombrage de cette omniprésence. Pourtant il doit beaucoup à Saint Nicolas, pour ne pas dire tout. À commencer par son nom : aux États-Unis, le bonhomme barbu vêtu de rouge est appelé Santa Klaus, un dérivé germanisant de notre Patron régional. Si en Lorraine la tradition de la Saint Nicolas est difficile « à effacer », comme le souligne Jean-François Tritschler, dans d’autres endroits du monde son rival règne en maître. « Quand le mouvement de la Réforme est né au XVIe siècle, il a supprimé l’usage des Saints. Le marché de Saint Nicolas est devenu celui de Noël, la pomme de Saint Nicolas utilisée pour décorer les sapins s’est transformée en pomme de l’enfant Jésus… Si on recherche plus loin, la fête du 6 décembre est une émanation des réjouissances du solstice d’hiver. Dans le calendrier Julien, la Saint Nicolas tombe le 21 décembre », précise le collectionneur éclairé. Mais le Père Noël n’est pas le seul à voler les bonnes idées des copains. La représentation actuelle du personnage de Saint Nicolas est aussi une construction millénaire, fruit du mariage entre tradition chrétienne et païenne. Le rouge et blanc dont on l’affuble renvoient aux vêtements des empereurs romains. Le pourpre symbolise à la fois le pouvoir mais aussi le soleil de l’hiver. Jean-François Tritschler va plus loin : « On peut trouver des points communs avec des mythes scandinaves. Le culte de Thors aurait existé à Grand avant celui d’Apollon. Avec sa longue barbe, il ressemble beaucoup au Père Noël. Il y a aussi le dieu Votan, perché sur un cheval blanc avec un prisonnier à ses pieds. Ce dernier fait un peu penser au Père Fouettard. Et puis il existe un dieu slave malfaisant qui devient bon au moment du solstice et récompense les enfants sages ».

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Le Père Fouettard : le méchant qu’on adore détester

Saint Nicolas traverse depuis longtemps la Lorraine pour distribuer des cadeaux aux enfants sages. Mais il n’est jamais vraiment seul. À ses côtés un personnage couvert de suie et armé d’une cravache effraie les esprits sensibles : le Père Fouettard. Son origine est souvent reliée au siège de Metz par les troupes de Charles Quint en 1552. Les Messins auraient alors créé une sorte de double maléfique de l’empereur. Appelé aussi Hans Trapp en Alsace, il prend différente formes selon les pays et n’est pas seulement une invention lorraine. En Autriche, Saint Nicolas est accompagné par les Krampus, une horde de créatures mi-faunes, mi-diables. Si les Krampus chassent les démons, le Père Fouettard est un vilain gentil. Il fait peur mais uniquement pour remettre les enfants dans le droit chemin. D’ailleurs il est de tradition de lui laisser un peu de charbon la nuit du 5 décembre. Cela évite ainsi de mettre le feu aux poudres et de se frotter au fouet de ce drôle de bonhomme. À Saint-Nicolas-de-Port, parmi les chars du défilé, un autre méchant s’est glissé : le boucher. Dans la légende, il assassine trois enfants et les garde dans son saloir. Un jour Saint Nicolas passe par là et ressuscite les malheureux. Datant du XIème siècle, cette histoire a évolué avec le temps et le boucher actuel était dans les premiers temps un aubergiste. D’autres villes encore comme Bar-le-Duc raniment les souvenirs sombres de ce meurtrier. Avec la Saint Nicolas, petits et grands revivent toutes ces histoires de l’enfance, effrayantes ou apaisantes, contées avant de s’endormir. C’est peut-être aussi pour cette raison que le Grand Patron reste durablement dans les cœurs. Chaque Lorrain en porte un morceau en lui et l’emmène parfois au-delà des frontières de sa région. Il n’y a qu’à assister à la procession ancestrale aux flambeaux en la basilique Saint Nicolas. Depuis 1245, elle rassemble plusieurs milliers de personnes, venant parfois d’Afrique du Nord, du Mexique, des États-Unis et de toute l’Europe. En plus de protéger, le Saint fédère aussi autour de lui de nombreuses nations ou nationalités. Sachant cela, est-il étonnant d’apprendre que l’évêque de Myre pourrait être un métis, aux origines nord africaines et méditerranéennes mêlées ? Selon une reconstitution de l’université de Manchester à partir de son crâne, il aurait un teint halé, des pommettes saillantes et un front haut. Les anciennes icônes du Saint le représentent d’ailleurs ainsi. Entre le personnage de légende et le véritable Nicolas de Myre, encore d’autres surprises nous attendent, d’autres découvertes. Décidemment Saint Nicolas ne cesse de nous fasciner.

Retrouvez toutes les anecdotes autour de Saint Nicolas dans le livre « Zoom sur Saint-Nicolas : Un autre regard sur le Grand Patron des Lorrains » à cette adresse web • www.editionszoom.com/fr/collection-zoom/zoom-sur-Saint-nicolas/fiche.html

Les Fêtes de Saint Nicolas en Lorraine

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• Du 17 novembre au 3 décembre : les enfants pourront participer au concours « écrire à Saint-Nicolas » et envoyer leurs lettres ou dessins.  Le 3 décembre, ils le verront en chair et en os. Les plus beaux dessins seront récompensés et Saint Nicolas distribuera des douceurs.
• 6 décembre : outre le défilé de la Saint Nicolas, tout en musique et en chars à partir de 16h15, et le feu d’artifice à 18h, les visiteurs pourront déambuler dans un marché traditionnel avant de rejoindre la basilique vers 20h30 pour assister à la 769e procession ancestrale aux flambeaux.
Plus d’infos sur www.Saintnicolasdeport.com

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• 6 décembre : à partir de 14h dans le centre-ville, des animations surprises écloront parmi la foule des promeneurs. À 19h30, sur la place Stanislas, la légende de Saint Nicolas prendra vie en images et en musique dans un spectacle vidéo pyrotechnique.
• 7 décembre : en attendant le défilé sur le thème des arts du cirque, les passionnés de Saint Nicolas pourront faire un tour au village de la Marmaille place Carrière, assister à la course des garçons de café ou s’émerveiller devant les Sphères de la compagnie Remue Ménages. À 17h direction place Carnot où fanfares et compagnies accompagneront Saint Nicolas jusqu’à la place Stanislas.
Plus d’infos sur www.Saint-nicolas.nancy.fr

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• Jusqu’au 21 novembre : les enfants peuvent envoyer leurs dessins à Saint Nicolas. Les lauréats monteront sur le char de Saint Nicolas.
• 6 décembre : à partir de 16h, les compagnons de la Foliole et Danse et Culture du Barrois rejouent la légende de Saint Nicolas pour les bambins avec distribution de goûters à la fin du spectacle. À 17h, l’heure de la parade magique a sonné : Saint Nicolas et le Père Fouettard, géants de lumière et musiciens donnent de nouvelles couleurs au centre-ville avant de laisser éclater les feux d’artifice.
Renseignements à l’Office de Tourisme : www.barleduc.fr

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• 6 décembre : la fête sera placée sous le signe de la gourmandise. Sur la place de la Préfecture, un marché gourmand s’installera. Des spectacles pour les enfants et des concerts pour tout le monde viendront ponctuer cette journée. À partir de 16h30, un sentier des lanternes illuminera les berges de la Moselle.
• 7 décembre : les promeneurs feront un tour du village solidaire tenu par différentes associations locales puis, en fin d’après-midi, ils pourront voir Saint Nicolas pendant le défilé. La journée s’achèvera avec un spectacle pyrotechnique sur la place d’Armes. Tout le week-end, l’artiste Arnaud Méthivier, dit Nano, et les Plasticiens Volants revisiteront la légende du Graoully à leur sauce.
Plus de précision sur ce programme à partir du 19 novembre sur http://metz.fr