Les Compagnons du Devoir sont synonymes d’excellence et d’innovation dans la tradition. Ils défendent aussi les causes du devenir des jeunes et des métiers. Plus qu’une formation, les Compagnons offrent un épanouissement personnel.
Si le nom de Compagnon du Devoir est connu de tous, leur fonctionnement et les valeurs qui les animent le sont beaucoup moins. VivreNancy, qui soutient depuis ses débuts l’artisanat d’art et la transmission du patrimoine, a décidé de mettre un coup de projecteur sur ces hommes et femmes (admises depuis décembre 2004, elles demeurent une poignée) d’exception.
Une association
Les Compagnons sont groupés dans une association loi 1901 reconnue d’utilité publique. Laquelle ? Se grouper autour de la transmission des métiers et du devenir des jeunes. Le système du compagnonnage est fort ancien. Le but est d’associer jeunes et anciens, apprentis et maîtres, néophytes et experts pour transmettre « des savoirs et des identités par le métier » (à ce titre, le compagnonnage est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO). Les bases du Compagnonnage du Devoir reposent donc sur l’enseignement par les rencontres. En effet, chacun sait que celles-ci sont le creuset d’une richesse incomparable. Les métiers sont nombreux et très variés. Si l’on retrouve les traditionnels métiers de bouche (boulanger, pâtissier) ou de la construction (charpentier-constructeur bois, couvreur, maçon, menuisier, peintre, plâtrier-staffeur-stucateur, plombier, tailleur de pierre), d’autres montrent que la réalité d’aujourd’hui est bien présente chez les Compagnons (carrossier constructeur, électricien, jardinier-paysagiste, mécanicien de précision, métallier mais aussi tous les métiers de l’éco-conception). Enfin, les Compagnons défendent des métiers superbes, devenus plus rares ces dernières décennies : chaudronnier, cordonnier-bottier, ébéniste, forgeron, maréchal-ferrant, sellier, tapissier et tonnelier. On l’aura compris, le panel représenté est large. Le choix d’un de ces métiers est une belle aventure, mais aussi un défi car on peut toujours y conjuguer création et innovation.
Une offre variée
Tous peuvent s’adresser aux Compagnons du Devoir, qu’ils aient ou non des qualifications. Pour les jeunes sans qualification, les Compagnons les aident à trouver leur voie professionnelle par l’apprentissage. Cet éveil permet à ceux qui le souhaitent de poursuivre dans la voie du compagnonnage. Pour les jeunes déjà qualifiés, les Compagnons leur offrent un véritable épanouissement personnel basé sur la philosophie du compagnonnage : transmission des savoir, rencontres pleines de fruits, Tour de France (à l’échelle nationale mais aussi internationale) aboutissant au titre de Compagnon du Devoir. C’est aussi une ascension sociale et la reconnaissance d’une qualité tant dans la formation que dans la maîtrise d’un savoir-faire.
Les professionnels en recherche d’apprentis motivés ou de professionnels compétents peuvent sans difficulté s’adresser aux Compagnons.
Le Tour de France
Chaque Compagnon vit deux expériences bien séparées. La première est le fameux Tour de France. Il s’agit d’une formation itinérante (la durée varie en fonction de chacun entre 3 à 5 ans) au sein des différentes Maisons des Compagnons, en « compagnie » d’autres jeunes. Le jeune passe par différentes étapes : stagiaires, aspirant puis Compagnon. Pour être reçu Compagnon, il doit alors réaliser un « chef d’œuvre » montrant toutes les compétences et qualités qu’il a acquise. Ces réalisations sont souvent spectaculaires et exceptionnelles (cf. www.museecompagnonnage.fr). Il n’est pas question d’heures passées, mais de techniques et de virtuosité. Plus qu’un titre reçu, c’est l’intégration dans la grande famille des Compagnons. En effet, devenir Compagnon n’est pas une étape mais l’engagement de toute une vie. S’ensuit alors la seconde expérience : la sédentarisation. Le Compagnon s’installe chez lui. Il reste en lien avec le Compagnonnage en participant bénévolement à l’animation des Maisons, chacun en fonction de ses dispositions. Pour certains, c’est animer les cours du soir, pour d’autres, c’est faire découvrir les richesses de la région aux jeunes itinérants… bref, le contact n’est jamais rompu. Le Compagnon transmet alors à son tour le savoir-faire (et le savoir-être) qu’il a reçu. Il enseigne les principes de base : respect des autres, liberté d’entreprendre et de penser, fidélité dans ses engagements. C’est un équilibre délicat entre transmission des savoirs et évolution des métiers.
La Maison de Jarville
Cette maison est la seule des Compagnons dans toute la Lorraine. Elle comprend des salles de cours et ateliers, des bureaux administratifs, une bibliothèque, une salle à manger et des chambres permettant d’accueillir 75 jeunes. Elle offre les avantages d’un cadre verdoyant, tout en étant à proximité immédiate de Nancy (accès facile par le train ou le bus). Les jeunes qui y séjournent sont bien accueillis. Un Compagnon sédentaire, Maxime Glée, (que l’on appelle le Prévôt) en assure la direction. Il gère la communauté avec bienveillance et est toujours à l’écoute de chacun. Il est également responsable de la formation. Au quotidien, l’intendance et la bonne tenue de la maison est assurée par la Maîtresse de Maison. En outre, pour l’enseignement, la restauration et l’hébergement, une vingtaine de professionnels sont au service des jeunes en formation ! A cela s’ajoute l’aide de 70 Compagnons sédentaires qui s’impliquent tous bénévolement à l’accueil mais aussi – et c’est une valeur phare du compagnonnage – dans la transmission et l’animation culturelle. Par ailleurs, la Maison est également un Centre de Formation d’Apprentis (230 apprentis actuellement).
Etre Compagnon est donc une véritable philosophie de vie : « c’est considérer le travail non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de se découvrir et de s’épanouir ». C’est peut-être aussi l’assurance, pour les jeunes qui choisissent cette voie, de réussir sa vie.
6, avenue Gal De Gaulle, 54140 Jarville-la-Malgrange • www.compagnons-du-devoir.com • [email protected]