Les 6, 7 et 8 juin, le Michel rouvre son jardin à des dizaines de milliers de festivaliers et fête la 10e édition de son festival. Cette année, venez découvrir à quelle sauce il va se manger et souffler entre amis ses bougies…
Le Jardin du Michel secoue Bulligny
Depuis 2005 et sa première édition, le festival du Jardin du Michel fait trembler la terre à Bulligny. En trois jours, le village se transforme en cité de la musique où se côtoient artistes des villes et festivaliers des champs. Mais quel est le secret de longévité du JDM ?
En dix ans, le Jardin du Michel a bien grandi. Sur les neuf dernières éditions, 150 000 personnes ont accouru au JDM pour écouter deux cent soixante-quinze artistes. Au départ simple concert monté par une bande de copains, le festival entraîne aujourd’hui tout un territoire avec lui : Bulligny, le village où il est implanté, mais aussi le Toulois et, au-delà, la Grande Région. Avec ce succès inattendu, ses organisateurs n’ont pas pour autant été pris par la folie des grandeurs. « C’est chouette de contempler l’histoire qui s’est écrite ici, en rase campagne, dans un village de cinq cents habitants. On a voulu un festival accueillant, ouvert et on essaie de conserver cet esprit-là, même si aujourd’hui on s’est professionnalisés », analyse Jérôme Daab, directeur artistique de la manifestation.
Une bande d’amis élargie
Plus que de ses têtes d’affiches, le Jardin du Michel tire sa force de ses très nombreux bénévoles. Chaque année ils sont environ cinq cents à participer à ce grand évènement. Tenir la buvette, contrôler les entrées, ils tiennent le festival à bout de bras. Parmi eux, une part non négligeable est constituée d’habitants de Bulligny et des alentours. « Quasi toutes les familles du coin sont bénévoles. Trois-cent cinquante volontaires reviennent chaque année. On doit même refuser des candidatures tellement on a de demandes », note Thierry Berneau, membre fondateur du Jardin du Michel. Tous les festivaliers venus ici le savent bien : plus que des temps musicaux forts, la manifestation propose une échappée conviviale où les différences d’âge ou d’origine sociale s’effacent. Le JDM est un peu comme une bande d’amis élargie : les festivaliers dansent ensemble, papotent avec les bénévoles de la buvette le temps de boire une bière et retournent écouter le prochain groupe sur scène.
Un festival pas bégueule
Rock, rap, reggae ou électro, la programmation du Jardin du Michel se renouvelle avec éclectisme et curiosité d’année en année. Entre les artistes reconnus et ceux en devenir, le festival ne fait pas de différence. Le soutien à la scène régionale est d’ailleurs une de ses marques de fabrique. Il y un an avec Capture, en 2014 avec Luna Gritt ou Grand Blanc, les musiciens de demain, les futures têtes d’affiche, sont peut-être déjà passés à Bulligny. « On aime construire dans la durée. On a été par exemple parmi les premiers à inviter le Chapelier Fou. Un tiers des artistes du festival viennent de la région. Pour eux, ce n’est pas une fin en soi mais ça les aide à peaufiner leur projet. Avec un peu de pression en plus : ils jouent devant des milliers de spectateurs », observe Jérôme Daab.
Animer un territoire
Le Jardin du Michel n’est pas non plus un petit monde fermé, conçu uniquement pour les amateurs de sensations musicales fortes. La Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) Turbullance, chargée de l’organisation du festival, met en œuvre des actions afin de l’ouvrir à divers publics. Les détenus de la prison de Toul-Écrouves auront l’opportunité d’assister à un festival parallèle au sein de leur centre de détention avec la venue d’un des artistes de la programmation 2014. Les écoles du Toulois s’embarqueront aussi dans l’aventure : leurs élèves participeront à des ateliers autour des arts du cirque et auront même la chance de goûter avec « le Michel », un hôte de choix. Avec en plus un accès facilité pour les personnes handicapées, le Jardin du Michel ne discrimine personne, ni côté scène, ni côté public. Voilà peut-être où se niche son charme : chaleur, musique et tolérance, un cocktail à boire sans modération.
Thierry Berneau : « On ne cherchait pas à faire un festival de cette ampleur »
Comment est né le festival du Jardin du Michel ?
On ne cherchait pas à faire un festival de cette ampleur, ni un festival de musique d’ailleurs. J’étais président de la MJC de Bulligny et pendant quatre ans, on a réalisé un gros festival de cirque en juin. En 2003, on a eu le chapiteau deux, trois jours après la fin de la manifestation. On a fait venir Les Amis de ta femme et les Wampas. Coup de chance, c’était juste l’année où ces derniers ont cartonné avec la chanson « Manu Chao ». Au lieu d’avoir quatre cents personnes, trois mille deux cents spectateurs se sont déplacés. Tout est parti de ce concert. L’année d’après, on a reçu Marcel et son orchestre. Comme il fallait beaucoup d’énergie pour tout installer, on a organisé des concerts sur trois jours avec des artistes régionaux pour clore les festivités.
Avez-vous voulu marquer le festival musicalement dès le début, lui donner une couleur musicale particulière ?
Tout est venu naturellement. Au départ, on n’a pas eu de réflexion sur le style de musique. Il y a même eu de la variété dans les premières éditions avec Rose ou Raphaël. Les programmes étaient aussi bâtis en fonction de nos moyens. À partir de la 3e, 4e édition, on a commencé à réfléchir un peu plus. Maintenant on essaie de faire un festival atypique.
Quel regard portez-vous sur ces années écoulées depuis les premières éditions ?
Moi, ma grande fierté, ce n’est pas tant les groupes de musique que la mutualisation avec tous les bénévoles. Trois cent cinquante reviennent chaque année. Ils ne connaissent pas forcément les musiciens du festival ; ils viennent participer à un projet dans lequel ils se reconnaissent. Ils sont là en partie pour montrer une autre image de la jeunesse, loin des « tous drogués, tous bons à rien ». Les jeunes travaillent avec les anciens. J’ai même des bénévoles de 80 ans qui nettoient les terrains le matin avant les concerts. Toutes ces petites choses constituent mes plus beaux souvenirs du Jardin du Michel.
Où serez-vous à l’ouverture de cette 10e édition ?
Le gros moment fort pour le président reste le lancement officiel : l’inauguration en présence des politiques et des partenaires. Cette année, l’ouverture va être encore plus émouvante. On célèbre notre 10e édition bien sûr, mais l’absence de Michel Dinet, qui a toujours soutenu le Jardin du Michel, compte pour beaucoup dans l’émotion ressentie ce soir-là. Ensuite je ferai le tour des services pour m’assurer qu’il n’y a pas de problème. Et quand les Offspring vont monter sur scène, ça va être quelque chose. Propos recueillis par Pauline Creusat
La tête dans le programme
Alice Cooper, the Offspring, FFF, Skip the Use, Les Ogres de Barback, la Rue Kétanou… n’en jetez plus : 10e édition oblige, l’équipe du Jardin du Michel a échafaudé une stratégie musicale du tonnerre. Pour les rockers au cœur tendre, les amateurs de musiques échevelées et autres gentils punks à chien, le festival s’est plié en quatre. « Cette année, on a voulu une sélection encore plus ouverte. Le choix d’Alice Cooper peut surprendre au premier abord. Mais il représente l’histoire du rock mondial, comme The Offspring. Le festival se veut la promotion de toutes les musiques et doit correspondre aux goûts de notre public : des jeunes de 16 à 83 ans », explique Jérôme Daab. Autant de bougies pour un sacré gâteau !
D’autres surprises vous attendent.Pour avoir le programme complet, rendez-vous sur le site www.jardin-du-michel.fr