Le FIG oscille entre chaud et froid

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Du 2 au 4 octobre, « Climat( s ) » est le thème de la 31e édition du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, qui, une fois de plus, fait écho à l’actualité en proposant un programme de tables-rondes, conférences, débats et autres projections pour s’interroger, ensemble, sur la question climatique. 

Climat », n.m : « Ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l’état moyen de l’atmosphère en un lieu donné. » Cette définition du Larousse nous fait déjà comprendre qu’il ne s’agit pas d’un climat, mais de plusieurs climats. Polaire, continental, océanique, méditerranéen… les climats sont pluriels et ils sont au cœur de cette 31e édition du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges, qui, malgré la crise sanitaire, dévoile une programmation riche et variée : « C’est un festival important pour notre ville », souligne David Valence, maire de Saint-Dié-des-Vosges. « C’est un moment d’ouverture sur l’autre, où l’on est bousculé dans nos certitudes et qui attire, chaque année, un public de plus en plus nombreux. Lors du FIG, le cœur de la ville bat plus intensément. » 

150 rendez-vous ( tables-rondes, conférences, rencontres… ), 200 intervenants, 10 cafés-géo, 25 sites déodatiens, 5 prix littéraires et scientifiques : voilà ce qui attend les visiteurs, du 2 au 4 octobre, pour fêter les 30 ans d’existence du FIG. Martine Tabeaud, professeure de géographie du climat et Alexis Metzger, chercheur en géographie de l’environnement sont les directeurs scientifiques de cette édition 2020 qui allie géographie scientifique et géographie culturelle. 

Michel Bussi, JUL et Isabelle Autissier

« Nous avions imaginé d’autres formules pour le FIG » continue Victoria Kapps, directrice du festival. « Mais nous avons voulu maintenir le présentiel : la géographie est une science humaine et vivante que nous voulons défendre. » Pendant trois jours, le FIG donnera ainsi la parole aux géographes climatologues qui s’intéressent aux sociétés humaines et leur longue histoire sur terre dont le climat a changé, change et changera. Michel Bussi, écrivain et géologue de formation sera le président de cette édition 2020. S’il a suspendu sa carrière de directeur au CNRS, Michel Bussi n’en est pas moins aux aguets du monde qui l’entoure. Il présentera Néo, son nouveau cycle de livres à destination des ados sur le monde de demain et l’environnement. Le dessinateur de BD JUL sera, lui, le président du salon du livre Amerigo Vespucci : « Le FIG est la plus grande librairie de géographie en France ! Bon pied, bon œil, le salon du livre du festival est reparti, malgré la crise sanitaire. Cette édition 2020 accueillera 80 éditeurs. Une osmose avec des romanciers qui évoqueront également le climat à travers des fictions ! » s’enthousiasme Olivier Huguenot, président du salon du livre. 

Enfin, Isabelle Autissier, grande habituée du festival endosse le rôle de grand témoin : aventurière, elle est la première femme navigatrice à avoir accompli un tour du monde en solitaire. Elle est aujourd’hui écrivaine de talent, militante engagée dans la défense de l’environnement et président de WWF.

Captations vidéo des conférences

En parallèle au salon du livre, le FIG a tenu à maintenir l’espace géo-numérique ( pour tout savoir de la relation entre géographie et nouvelles technologies ) et la place de la gastronomie en présence de producteurs locaux et régionaux. 

Les réflexions abordées pendant ces trois jours sont à l’image du thème : denses et diverses. Ainsi, il sera question de l’évolution de l’enneigement dans les massifs français, en passant par l’adaptation des territoires face aux changements de températures mais aussi par les causes des grands feux de forêts. Il s’agira aussi de « climat » dans un sens métaphorique : le climat social avec les gilets jaune ou encore la crise de la COVID 19. Le jeune public ne sera pas en reste avec un programme de mini-conférence, plus adaptées à leur âge, qui aborderont des thèmes comme « Climat : Greta va-t-elle changer le monde ? » ou encore « Le vélo écolo avec Joël Henry ». Une pléiade d’invités prestigieux vient compléter cette programmation alléchante : Louis Bodin, Jean-Louis Etienne, Vincent Munier…

« Dans ce contexte particulier, le FIG a décidé d’enregistrer en vidéo les principales conférences données dans l’espace Georges-Sadoul » conclue Victoria Kapps. « Elles seront retransmises en direct sur notre site et notre page Youtube. C’est aussi un moyen de garder une trace de ce qui se dit au FIG et de pouvoir faire participer un maximum de public. » Pauline Overney

Du 2 au 4 octobre à Saint-Dié-des-Vosges • Entrée libre • Programme complet : fig.saint-die-des-vosges.fr

Entretien avec Thibaut Sardier

Thibaut Sardier

Président de l’Association pour le développement du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges

Vous êtes le nouveau président de l’Association pour le développement du Festival International de Géographie. Comment avez-vous vécu l’organisation de votre tout premier FIG ?

On peut dire que j’ai bien choisi mon année ! ( rires ) Je suis bien sûr ravi de faire partie de cette aventure. Je suis géographe de formation, j’ai été professeur d’histoire-géographie, je travaille au service « Idée » de Libération donc j’ai un pied du côté de la recherche et un autre, surtout, du côté de la vulgarisation. C’est pour cela que je me reconnais dans ce festival qui est un lieu de rencontres entre scientifiques, spécialistes et public amateur. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce thème « Climat( s ) » ? 

C’est un thème ancré dans l’actualité la plus immédiate avec ce qui se passe en Amazonie, en Californie, la « fonte des glaces »… J’ai 32 ans, et j’ai toujours eu l’impression d’avoir toujours entendu parler d’enjeux climatiques dans les médias. Pour mieux les comprendre, il faut écouter ce que disent les chercheurs à ce sujet, et notamment les géographes, en essayant d’éviter les raccourcis : durant le festival, ils nous expliqueront qu’il est difficile de parler « du » climat global sans prendre en compte la diversité « des » climats tout autour du globe. De même, ils nous montreront que le changement climatique n’est pas forcément le seul paramètre à prendre en compte pour expliquer certaines catastrophes comme les mégafeux.

Quels seront les axes abordés autour de ce thème ?

Difficile de résumer la diversité des thèmes qui seront abordés. Je vois tout de même trois axes. D’abord, il y a l’aspect « définitionnel » : « qu’est-ce qu’un climat ? », « comment le mesure-t-ton ? », « quels paramètres sont pris en compte pour modéliser l’évolution des climats ? ». Puis, il y aura la question de ce que l’on fait maintenant : nous parlerons bien sûr de la façon dont les sociétés s’adaptent aux évolutions des climats, dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la santé, les transports ou la gestion des écosystèmes. Et puis, nous aborderons un volet plus culturel car notre vision du climat est aussi influencée par des représentations ou des valeurs sociétales communes que l’on retrouve dans l’art ou dans la religion.

Malgré le contexte particulier, vous maintenez, pour l’heure, les trois salons au FIG cette année, c’est un vrai pari ! 

C’est vrai. Ces trois salons sont importants car le FIG n’est pas un colloque ou une grande conférence de géographes. Il s’agit de partager les connaissances et donc de favoriser les rencontres, les échanges et les débats pour se poser les bonnes questions et réfléchir ensemble. Cela implique des lieux de convivialité. Évidemment, nous comptons sur les festivaliers pour respecter les gestes sanitaires habituelles dans tout Saint-Dié, du port du masque au respect des distances en passant par le lavage régulier des mains.

Cette année, le président du FIG est Michel Bussi qui est un auteur à succès, mais pas que…

C’est une chance d’avoir Michel Bussi avec nous cette année car il est géographe. Cela se sent beaucoup dans ses romans où les territoires ont une grande importance. Il viendra nous présenter son nouveau projet, N.É.O., plus dirigé vers le jeune public et dans lequel se retrouvent les questions environnementales et climatiques. Nous revenons à cet aspect culturel de la géographie que j’évoquais un peu plus haut.

Finalement, l’objectif du FIG est d’éveiller les consciences ? 

Notre volonté est de donner aux visiteurs les moyens de mieux analyser le monde d’aujourd’hui, l’espace de leur quotidien tout comme les territoires plus lointains dont nous entendons tous parler aux informations. Il faut regarder d’un œil critique les slogans comme « Il faut sauver la planète », ou « Le climat se détraque ». Pas pour nier les problèmes, mais au contraire pour mieux les comprendre. 

Le FIG s’adresse aussi aux enfants ? 

D’habitude, nous organisons un Fig junior mais nous n’avons pu le maintenir cette année en raison de la crise sanitaire. Par contre, nous proposons des « mini-conférences », plus accessibles, plus courtes sur des sujets concrets comme « les milieux naturels se rebellent » ou « l’Anthropocène de A à Z ». Jul sera aussi le président du salon du Livre pour fêter cette année de la BD et faire le lien avec le jeune public également. Propos recueillis par Pauline Overney

Les grands rendez-vous du FIG

Vendredi 2 octobre 

Table-ronde : Épidemie COVID 19 : une pandémie a paralysé la planète mais pas la géographie : la propagation du virus varie-t-elle en fonction des territoires ? Etait-il efficace partout de fermer les frontières ou de se confiner ? Les géographes, qui étudient les questions de santé depuis longtemps, livrent leurs premières impressions. De 13h à 14h30 – Espace Georges-Sadoul

Grand entretien avec Michel Bussi : une rencontre en direction des adolescents, animée par Paul Didier. De 14h à 15h30 – Chapiteau Equinote

Grand débat : Le réchauffement climatique fait-il encore débat ? : au sein de la communauté scientifique, le réchauffement climatique n’est quasiment plus mis en doute le débat porte désormais sur ses causes et ses conséquences. Animé par Éric Fottorino. De 16h à 17h30 – Musée Pierre Noël / Salle François-Cholé

Grand entretien avec Isabelle Autissier : première femme navigatrice à avoir accompli un tour du monde en solitaire, présidente de WWF, engagée dans la défense de l’environnement. De 16h à 17h30 – Cathédrale

Samedi 3 octobre 

Café-géo : Penser le climat ( Montesquieu et la « théorie des climats » ), vivre le climat aujourd’hui : point de départ, la notion de déterminisme climatique telle que Montesquieu l’a posée dans L’Esprit des Lois. À 11h – Bar La Patchouili

Table-ronde : Climat global, climats locaux : animée par Martine Tabeaud, directrice scientifique du FIG 2020. De 11h30 à 13h – Espace Georges-Sadoul / Salle Yvan-Goll

Grand entretien avec Jean-Louis Etienne : animé par Sarah Polacci. De 14h à 15h30 – Espace Sadoul 

Grand entretien avec Jul, président du salon du Livre : animé par Jean Lebrun. De 16h15 à 17h45 – Cathédrale

Rencontre-lecture : Sartre, Camus, météorologues : Sartre a fait son service militaire dans la météorologie. Camus a occupé un poste d’assistant météorologiste. Des extraits de leurs textes seront lus par Olivier Dautrey et expliqués par Marie-Hélène Pépin. De 18h à 19h – Musée Pierre Noël / Salle François-Cholé

Dimanche 4 octobre

Grand débat : une jeunesse engagée pour l’environnement : avec Victor Noël, jeune naturaliste de 15 ans qui lance un appel à la raison. De 10h30 à 12h – Chapiteau Equinote 

Grand entretien avec Louis Bodin : animé par Paul Didier. De 14h à 15h30 – Cathédrale

Mini-conférence : Climat, comment et pourquoi sauver la planète ? avec Amandine Thomas, auteure de « Forêts, comme les préserver ». 

Et aussi, tout au long des trois jours : des démonstrations culinaires, des projections, des expositions , des spectacles… 

publireportage - Photos ©  DR