Le festival qui roule, qui roule…

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Une nouvelle fournée de passionnées de la bicyclette a pris rendez-vous pour raconter ses aventures, retracer ses périples et transmettre sa passion. Pendant trois jours, Villers-lès-Nancy devient ainsi le point de départ d’un voyage immobile qui donne à rêver de la manière la plus simple qui soit : sur deux roues.

Ils ont associé le verbe « partir » à celui de « pédaler ». Ils avait une envie : mieux comprendre le monde à travers le témoignage de voyageurs à vélo. L’association Planète Vélo Aventure, à l’origine du festival du Voyage à Vélo, Ici et là-bas, s’est lancé dans l’aventure en 2011. A une époque où l’on peut rallier les 5 continents par les airs,  le pari était de s’intéresser à ceux qui prennent le temps d’aller à la rencontre de la terre et de ses habitants. En proposant de partager les expériences de ceux qui sont partis, le festival Ici et là-bas espère montrer au plus grand nombre l’intérêt de ce mode de locomotion pour découvrir le monde et en devenir l’acteur.

Le festival prend la forme de projections-rencontres. Que ce soit des films ou des diaporamas, ces séances sont avant tout les récit de voyages extraordinaires. Souvent le résultat de nombreuses années de préparation, parfois nés d’un coup de tête, ces voyages ont tous en commun la simplicité. Comme à chaque édition, le festival nous fait découvrir de nombreuses régions du monde, pour ne pas dire la totalité. Tibet, Inde, Mongolie, Laos, Cuba, partout où un bicyclette peux rouler, ils y sont allés. Sans oublier les routes de France, mises en valeur cette année.

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Vélo et handicap : repousser les limites

Les éditions précédentes du festival ont pu mettre en valeur une réalité : beaucoup de personnes atteintes d’un handicap présentaient un intérêt vif pour ces voyages à vélo, comme symbole de dépassement et d’espoir. Cette année, les organisateurs du festival ont décidé de consacrer une soirée à la question du handicap, comme pour élargir la grande famille des amoureux du vélo. Jean-Luc Clémençon, orthoprothésiste à l’Institut Régional de Médecine Physique et de Réadaptation à Nancy depuis 25 ans, racontera comment il a réussi à allier sa passion du cyclisme extrême à son envie de d’aider des les personnes amputées à réaliser un projet de vie et de loisir. L’occasion aussi de présenter l’expérience de Joëlle Rastetter qui racontera son combat après une amputation de plusieurs membres à travers 2400 km parcourus depuis l’été dernier.

Voyage à domicile

Pour la première fois, le  Festival du Voyage à vélo investit des appartements pour proposer une projection privée intimiste à des locataires de l’Office Public de l’Habitat à Nancy. Un voyage à vélo, mais sans pédaler et sans bagages à transporter, sans décalage horaire ni risque sanitaire. Un moment d’échanges le temps d’une soirée en famille, entre voisins ou avec des amis pour un dépaysement garanti.

A la rencontre des grands voyageurs

Le festival du voyage à Vélo se présente avant tout comme un lieu de rencontre. Cette année encore, on retrouvera l’espace  « Voyageurs », lieu de partage d’expérience, mais aussi de présentation de matériel spécialisé, de cartes, et d’ateliers de mécanique vélo. Histoire de montrer qu’un petit grain de folie n’implique pas l’inconscience et qu’on peut encore aujourd’hui susciter l’envie par l’aventure, même à la force des mollets.

Festival du Voyage à Vélo, les 29, 30 et 31 janvier 2016 au Centre des Ecraignes à Villers-lès-Nancy. Entrée libre.

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Solidream : des potes en selle

Leur récit de voyage fait partie des projections retenues par le festival du Voyage à Vélo. Il retrace le périple des ces cinq amis d’enfance partis faire 54000 kilomètres jalonnés de défis insolites pendant trois ans.

Ils s’appellent, Morgan, Siphay, Brian, Bertrand et Etienne. Originaires de Port-Camargue dans le sud, cette bande de passionnés de sports de glisse partage aussi une passion du voyage. Lorsque Morgan narrait les exploits de son père, parti faire le tour du monde à la voile, tous nourrissaient l’envie de l’imiter un jour, à leur façon. En grandissant, les choses se sont précisées. Le voyage se ferait à vélo. Leurs diplômes en poches, les cinq compères commencent d’abord par travailler pour mettre de l’argent de côté, nécessaire pour monter le projet. Parallèlement, ils se forment à la prise de vue et au montage vidéo pour être à même de rapporter les meilleurs souvenirs de leur futur voyage.

Restait à se mettre d’accord sur un parcours. Quelques endroits leur semblaient incontournables comme la jungle amazonienne, le désert australien, l’Antarctique ou encore le Yukon. Une fois les lieux cochés sur la carte, une évidence s’est imposée : le voyage allait durer trois ans au minimum. Faire ce voyage à vélo ne les effrayait pas, eux, les jeunes sportifs. C’est surtout l’aspect humain et économique qui les a convaincu.  «  C’est le moyen de transport le plus modeste mais c’est aussi le plus universel. Il annule la distance entre le voyageur et l’habitant. Imaginez arriver dans un village pauvre dans un énorme 4×4 aux vitres fumées ! L’accueil n’est pas le même », explique Brian.

Le grand enseignement de ce voyage, durant lequel il était prévu de dormir sous les tentes, a été l’accueil qui leur a été fait par les habitants. Presqu’une nuit sur deux a ainsi été passée au chaud. Du désert d’Atacama à celui d’Australie, de la mystérieuse forêt amazonienne – l’étape la plus difficile physiquement ; 2500 km dans la jungle et un souvenir impérissable ! – à la descente du Yukon en radeau, ils reviennent de ce voyage avec des images et des étoiles plein les yeux. « Nous nous sommes aussi confrontés à des images moins joyeuses, comme les ravages de la déforestation en Amazonie et l’insécurité au Vénézuela, raconte Brian. Mais les belles rencontres ont aussi été nombreuses. Je retiens notamment celle d’un français de 72 ans, Alain, en Colombie. Nous cherchions un moyen de traverser la mer caraïbe en bateau-stop. Après trois jours de galère, il nous a proposé de nous emmener à bord de son voilier de 9m alors qu’il n’avait pas du tout prévu. Ce fut une belle rencontre entre générations. Il nous a même avoué que nous l’avion réconcilié avec la jeunesse. »

A leur retour en 2013, le voyage continue par le montage du film, le traitement des photos, les conférences. « Ce qui a été finalement le plus difficile a été de savoir vivre ensemble pendant cette aventure. Même si nous nous connaissons depuis l’enfance, nous avons été surpris, explique Brian. C’est un paramètre que nous avions sous-estimé : c’est menacer l’amitié que de partir comme ça à l’aventure ! »

Mais l’équipe est toujours soudée, leur façon à eux de ne pas vraiment mettre le pied à terre. L’envie de voyager les titille encore. Depuis le tour du monde, ils sont déjà repartis trois mois au Tadjikistan…

Plus d’infos sur solidream.net

« Je sais que je partirai aussi un jour à l’aventure »

La journaliste et productrice Ariane Massenet est la marraine de la 4e édition du festival du Voyage à Vélo. Elle revient sur l’envie que suscite chez elle la rencontre de ces passionnés qui partent à l’aventure.

Pourquoi avoir accepté d’être la marraine de ce festival ?

Il y a d’abord une histoire d’amitié, celle qui me lie à Malika Dati, élue au Grand Nancy en charge des mobilités.  Il y a ensuite le thème, qui me parle tout spécialement. Encore plus celui du voyage et de l’aventure que celui du vélo. Je lis souvent Paris-Match et chaque été, on n’y coupe pas, il y a un article qui évoque un voyage à vélo d’une famille. C’est toujours fascinant. Je me suis toujours dit que ce devait être très enrichissant. Depuis un an je suis sur Instagram les aventures d’un voyageur, Valère le Vagabond. J’ignore tout de lui, mais je suis tombée par hasard sur une de ses photos. Depuis, il me fait voyager.

Outre le voyage, je m’intéresse aussi à la question du retour. Quand j’habitais Tahiti, j’ai rencontré un couple qui finissait un tour du monde. Ils angoissaient tellement à l’idée de leur retour en France que ça leur a gâché les 3 derniers mois de leur séjour. C’est une question importante sur laquelle j’ai envie de revenir à l’occasion de ce festival. Une façon d’aborder l’envers du décor.

Vous pourriez partir à vélo, comme les voyageurs du festival ?

C’est un moyen de déplacement que j’aime utiliser en vacances. Récemment, au Cambodge, j’ai rallié les temples d’Angkor à vélo. Cela permet de changer le rythme, d’étirer le temps. Dans l’esprit, j’adorerais faire comme ces aventuriers, mais je ne me sens pas prête. Reste que le vélo permet vraiment une approche différente, c’est ce qui me fait admirer ce type d’aventure. En règle générale quand je voyage j’aime prendre des modes de transports lents : bateaux, trains, bus… Changer de rythme ça fait partie du jeu.

Quelle est votre conception de l’aventure en voyage ?

Partir sans trop prévoir. Prendre un billet sec, comme ça, puis se laisser porter au gré des rencontres. La véritable aventure, c’est l’absence de contrainte. Pour se décider parfois il suffit d’un article, d’un documentaire. J’aime aussi me baser sur un bouquin : « Les 1000 lieux qu’il faut avoir vu dans sa vie ». Il n’y a que des lieux magiques avec de superbes photos, j’adore ce livre. Mon dernier voyage entre la Thaïlande et le Cambodge est justement né de ce type de lecture. J’ai pu découvrir des ambiances hors du temps, je me serais cru dans un album de Tintin. Je voyage avant tout pour être dépaysée. Ce qui me navre le plus, c’est d’arriver dans des endroits uniformisés avec des Mac Do ou des Starbucks. Quand le dépaysement est absolu, comme au Japon par exemple, c’est génial. Se dire que si l’on perd son guide, on est soi-même perdu, sans comprendre le moindre panneau. Ne pas savoir ce que l’on commande au resto… C’est ça que j’aime dans le voyage.

Un grand voyage, ça vous tente ?

J’y ai songé et j’y songe toujours. La première fois, c’était dans une pause dans ma carrière, après avoir été assistante d’Antoine de Caunes pendant 7 ans. Il avait décidé d’arrêter la télé pour le ciné. Je ne me voyais pas travailler avec quelqu’un d’autre, forcément plus fade. J’ai d’abord pensé en profiter pour me lancer dans une tour du monde. Mais trop de gens m’ont déconseillé de quitter le monde de la télé trop longtemps. J’ai donc passé mon tour et je le regrette. Mais j’y pense de plus en plus aujourd’hui…

En tout cas ma prochaine aventure, c’est ce festival. Car je dois bien l’avouer, je n’ai jamais admiré la place Stanislas que sur des photos : je n’ai jamais mis les pieds en Lorraine !