Le festival de Froville se réinvente pour sa 24e édition !

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Du 2 juin au 6 juillet, les mélomanes auront le plaisir de retrouver l’ambiance du festival de musique baroque et sacrée de Froville. Cette « édition lumineuse » présentera douze concerts, tous interprétés en plein air, et réunira des artistes de renom et la jeune génération de la scène classique d’aujourd’hui.

MS PIETRODARCHI – Tango Seasons

C’est officiel : le festival de musique baroque et sacrée de Froville sera l’un des premiers événements culturels à avoir lieu cet été en Lorraine ! L’équipe de l’Association des Amis du Patrimoine Culturel de Froville et sa directrice artistique, Laure Baert, n’ont jamais cessé d’y croire et ne cachent pas leur enthousiasme : « Nous sommes ravis de savoir que le festival aura lieu cette année ! Toutes les mesures sanitaires recommandées par le gouvernement seront mises en place : concerts en plein air sans entracte, jauge de 500 personnes pour la distanciation sociale, port du masque obligatoire et gel hydroalcoolique à disposition. » De leur côté, les artistes ont tous répondu avec enthousiasme à l’invitation, non sans une certaine impatience : « Ils sont heureux de constater que nous maintenons coûte que coûte cette édition 2021. Ils ont hâte de retrouver la scène et leur public. Je suis convaincue que les lieux de culture comme le nôtre portent un message fort : retrouver la confiance du partage de la musique, ensemble ! »

Andrés Gabetta

Spectacle jeune public, entre musique baroque et danse urbaine

Soutenu par la région Grand-Est et le département de Meurthe & Moselle, ainsi que par des mécènes et un public fidèle, le festival de Froville se distingue par sa programmation éclectique réunissant des grands compositeurs du baroque comme Monteverdi, Vivaldi, Bach… mais aussi des musiques irlandaises, siciliennes et sud-américaines. Pour que « chacun trouve son bonheur dans notre saison », Laure Baert a tenu, dès son arrivée en 2017, à initier la découverte en famille. Cette année « On n’est pas des pantins ! », interprété par l’ensemble Hemiolia et la compagnie de danse Sofaz sera présenté le 6 juin. « Ce spectacle, associant musique baroque et danse urbaine, nous invite à un mélange des arts. Cette notion est essentielle à véhiculer tant elle représente la richesse des infinies possibilités qu’offre le spectacle vivant. » Ce concert sera dédié à la mémoire de François Grenier, co-fondateur et claveciniste de l’ensemble Hemiolia. 

Parmi les grands noms attendus de cette 24e édition, on notera notamment la présence de la formidable mezzo-soprano Vivica Genaux, du violoniste Andres Gabetta et son ensemble Gabetta Consort qui offriront un voyage entre Vivaldi et Piazzolla, les pianistes Jean-François Zygel  et Hugues Leclère qui nous inviteront à leurs improvisations autour de Bach, l’ensemble Cappella Mediterranea avec Leonardo García Alarcón, la rencontre d’une modernité sans équivalent de l’ensemble Spark et du contre-ténor Valer Sabadus, la violoncelliste Ophélie Gaillard et son ensemble Pulcinella… Le violoniste virtuose Nemanja Radulovic donnera, lui, la note finale du festival en nous offrant une version inoubliable des Quatre Saisons de Vivaldi et de Shéhérazade de Rimski-Korsakov avec son ensemble Double Sens. « Concernant l’organisation, suite aux contraintes du couvre feu, les concerts des 2, 4 et 5 juin se dérouleront à 19h. À  partir du 9 juin les représentations sont fixées à 20h.  »

Franck Emmanuel Comte © Jean Combier

« Le festival de Froville est aussi l’occasion d’intégrer les lauréats de notre Concours International de chant baroque en leur offrant ce tremplin professionnel dès que cela est possible. Nous retrouverons donc la soprano Ana Vieira Leite, lauréate 2020 avec l’ensemble Cappella Mediterranea et Gwendoline Blondeel, lauréate 2019 avec l’ensemble Le Concert de l’Hostel Dieu » détaille Laure Baert. Jeunes talents et artistes de renom se retrouveront ainsi sur la scène, aménagée pour l’occasion dans le verger attenant à l’église de Froville mais aussi au château de Lunéville, en collaboration avec le Conseil Départemental, et au château de Haroué, lieu du nouveau partenariat entre le festival et le Centre des Monuments Nationaux et le Ministère de la Culture qui gèrent ce magnifique patrimoine lorrain.

La billetterie pour cette 24e édition est d’ores et déjà ouverte. Un pass découverte autour de deux concerts avec l’ensemble Il Festino puis le ténor Reinoud Van Mechelen et son ensemble A Nocte Temporis est proposé ainsi que des abonnements à partir de quatre concerts. « Malgré les difficultés liées à cette crise, nous avons souhaité ne pas majorer nos tarifs car il est important que le coût ne soit pas un frein à venir profiter des merveilleux artistes invités » insiste la directrice artistique. À la tête du festival depuis quatre ans, Laure Baert se dit « confiante en la puissance de la musique et au rayonnement indispensable qu’elle apporte à chacun d’entre nous. Depuis bien longtemps, j’ai fait mienne cette citation d’Anatole France : “Préférons la folie des passions à la sagesse de l’indifférence”. »

Scherzi M

Un dossier de Pauline Overney

Du 2 juin au 6 juillet •
Programmation, tarifs et réservations :
03 83 72 53 75 ou festivaldefroville.com

Entretien avec Laure BAERT

Directrice artistique du festival de musique baroque et sacrée de froville

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques semaines du festival ? 

Je suis plus que vaillante. Ténacité, énergie, enthousiasme et amour pour mon métier sont des atouts pour tenir le cap ! L’annulation de l’édition 2020 a été un coup dur pour l’équipe mais nous avions la volonté de nous adapter : nous devions en priorité trouver des lieux en plein air pour y organiser nos concerts.

La programmation a dû être repensée, elle aussi ?

Après l’annulation 2020, j’ai tenu à reprogrammer tous les artistes sur les saisons 2021 et 2022. Hormis la présence de deux concerts programmés en septembre dernier, j’en ai reporté quatre cette année dont Nemanja Radulovic & Double Sens, Los Temperamentos, Xavier Sabata & Ophélie Gaillard – Pulcinella et Valer Sabadus & Spark. 

Cette année, les concerts auront lieu en extérieur. Dans quels lieux ?

Les artistes de cette 24e édition se produiront dans le verger attenant à l’église de Froville grâce aux propriétaires, Anne, Claire et Jean-Charles Cuny, que je remercie de tout cœur. En plus de la collaboration avec le château de Lunéville, j’ai également mis en place un partenariat avec le Centre des monuments nationaux et le Ministère de la Culture qui gèrent désormais le Château de Haroué et qui nous accueillera le 20 juin avec le concert dédié à Monteverdi.

En plein air, public et artistes ne pourront pas bénéficier de l’acoustique de l’église de Froville. Est-ce une contrainte ?

La contrainte doit se transformer en atout puisque la situation actuelle n’offre pas d’autre choix pour nous retrouver ! Il est vrai que l’acoustique qu’offre l’église de Froville est un joyau dans notre région et nous serons émus de la retrouver en 2022. J’ai fait appel à l’ingénieur du son Jenny Audio pour sonoriser les concerts tout en conservant la grande qualité des voix et des instruments.

Église © Michel-Leclerc

Vous proposez une programmation très éclectique. Un choix assumé ? 

Oui, ce programme s’adresse aussi bien aux connaisseurs qu’aux néophytes car je souhaite que chacun trouve son bonheur au sein de la saison. Ces douze concerts sont des miroirs de la diversité : De Vivaldi, Bach, Monteverdi et Haendel à la création féminine avec Francesca Caccini, se déploieront également les accents des musiques française, irlandaise, sicilienne et sud-américaine notamment avec le génie du tango Astor Piazzolla.

Vous êtes chanteuse et musicienne. Comment avez-vous vécu cette dernière année ?

En parallèle au travail important de réorganisation du festival 2021, j’avais aussi des projets personnels à concrétiser. Dans cette situation, il faut conserver sa fraîcheur et son désir viscéral de création sur scène. J’ai évidemment continué à travailler ma voix quotidiennement, j’en ai profité pour me ressourcer, me connecter pleinement à la nature… J’ai le bonheur d’être entourée d’une famille solide, qui m’a apporté son soutien infaillible !

Vous travaillez actuellement sur un nouveau projet baptisé « D’Âme Nature »… 

J’ai imaginé ce spectacle après le premier confinement. J’avais envie d’un projet de musique de chambre avec un violoncelle car c’est l’instrument qui se rapproche le plus de la voix humaine. En parallèle à mon concert « Destins de Femme », j’ai souhaité un programme de musique française « paritaire » en réunissant Poulenc, Fauré, Massenet, Mel Bonis, Pauline Viardot, Rita Strohl, Barbara…  En compagnie d’Ophélie Gaillard et Elena Rozanova, il sera créé à l’automne prochain et décliné également avec Samuel Labarthe de la Comédie-Française.

Il y aura aussi le concours international de chant baroque de Froville en septembre prochain. 

Oui, nous fêterons les 10 ans de ce concours. Pour la première fois, la finale du 12 septembre à Froville sera accompagnée par l’orchestre « Le Concert de l’Hostel Dieu ». Ce concours est essentiel dans la transmission, offrant aux jeunes artistes la possibilité de se faire remarquer dans la sphère professionnelle. J’aime les suivre avec bienveillance dans leurs projets post concours.

Nous fêterons les 25 ans du festival de Froville en 2022. Un programme particulier se dessine ? 

La programmation sera digne de cet anniversaire d’exception ! Je peux vous révéler que la marraine d’honneur du festival Nathalie Stutzmann, qui fait une carrière formidable en tant que contralto et cheffe d’orchestre principale invitée à l’orchestre de Philadelphie, sera présente à Froville en 2022. Très attachée à son territoire natal et à notre festival, elle nous présentera le programme de son dernier album avec Orfeo 55. Mais en attendant, réjouissons-nous de nos retrouvailles en 2021 dans le cadre champêtre de notre belle campagne ! Et vive la musique, ensemble !

La touche féminine de Froville

Pulcinella et Ophélie Gaillard dévoilent les trésors de la ville du Carnaval, le 25 juin

Depuis 15 ans, la violoncelliste Ophélie Gaillard et son ensemble Pulcinella font rayonner le répertoire du 17e et du 18e siècle grâce à leurs instruments historiques aux sonorités uniques. « La musique baroque fait bien sûr partie de notre travail mais nous réalisons au moins une création par an, depuis 2014, avec des compositeurs contemporains tels que Philippe Hersant, Alexandros Markéas ou encore Pierre Bartholomée », détaille la violoncelliste. 

À Froville, Ophélie Gaillard a choisi de présenter un programme autour de deux compositeurs épris de violoncelle : Vivaldi qui lui consacra tant de concerti et « Bonnoncini, un compositeur moins connu que nous voulions mettre en lumière et qui pratiquait le violoncelle en virtuose ». Les musiciens accompagneront le talentueux contre-ténor espagnol Xavier Sabata : « Il a une voix extraordinaire et un sens dramatique incroyable grâce aux nombreux opéras qu’il a joués. C’est toujours un plaisir de se produire avec lui. » Eternelle optimiste, Ophélie Gaillard multiplie les projets et apporte son soutien à la jeune génération. Elle remercie particulièrement Laure Baert et toute l’équipe du festival « pour accompagner les jeunes talents lors du concours international de Froville et de maintenir le festival en prenant les décisions sages et pertinentes ».

3 questions à Vivica genauX mezzo-soprano à l’affiche de « Gabetta Consort » le 2 juin

Lors de ce concert d’ouverture, aux côtés du violoniste Andres Gabetta, du bandéoniste Mario Stefano Pietrodarchi et de l’ensemble Gabetta Consort, vous interpréterez des œuvres de Vivaldi et Piazzolla, deux compositeurs aux univers différents. 

J’ai déjà eu l’immense plaisir de travailler avec le maestro Gabetta et j’ai hâte de rencontrer le maestro Pietrodarchi ! Dans ce programme, il est question de contrastes et de similitudes entre les continents, les siècles et les cultures. Oui, ce sont deux compositeurs aux univers différents mais c’est une occasion d’élargir les horizons du public ! Aussi, la musique vocale de Vivaldi fait ressortir les facettes les plus instrumentales de la voix et les couleurs les plus vocales du violon, c’est fabuleux. 

Comment avez-vous vécu cette dernière année sous fond de crise sanitaire ? 

Après l’annulation de mes concerts de l’opéra « Silla » d’Haendel au Japon, je suis revenue en Italie et j’ai pris du temps pour réfléchir à la situation. J’ai fini par ne plus chanter pendant deux mois jusqu’à ce qu’une amie me propose de faire des sessions d’étude en ligne. Voir ses concerts s’annuler un à un est très difficile à gérer psychologiquement. Mais j’ai essayé de tirer le meilleur de cette période plutôt que de me concentrer sur ce qui a été perdu.

Quel est votre rapport à la musique baroque et à votre voix, après plus de 20 ans de carrière ?

Je suis dans ma 28e année de chant professionnel et je me sens plus forte que jamais. J’explore plusieurs styles, je joue avec des artistes au talent immense et je ne me lasse pas de chanter les « aria da capo » (NDLR : une forme d’air très utilisée dans l’opéra du 17e et du 18e siècles dont la structure en trois parties permet aux interprètes de faire briller leur virtuosité). Cette forme offre l’opportunité de s’analyser et de se plonger dans une grande émotion. C’est une sorte de méditation de pleine conscience pour moi, de parcourir ces mondes et ces histoires, encore et encore. Et je découvre, à chaque fois, quelque chose que je n’avais pas remarqué auparavant !

Entretien avec Nemanja RADULOVIC

Violoniste et fondateur de l’ensemble Double Sens 

© Deutsche Grammophon

Cela fait plus d’un an que nous vivons la crise sanitaire, dans le monde entier. Avez-vous pu reprendre les concerts récemment ? 

J’ai repris le chemin de la scène que très récemment, en Espagne. C’était une sensation incroyable, comme une véritable renaissance que de retrouver une salle avec les musiciens de l’orchestre, le chef et un public heureux d’être là. C’était un moment très spécial pour tous et moi en particulier.

Comment avez-vous vécu cette période singulière ? 

La musique est mon quotidien, c’est ma vie et elle m’habite totalement. Dans des moments comme ceux-ci, on prend conscience de son rôle essentiel, vital. J’ai découvert plein de nouvelles passions, mais j’ai également essayé de voir toute cette période du côté positif. J’ai pu passer des journées avec ceux que j’aime et cela nous a fait du bien. J’ai continué de travailler mon violon, j’ai repris d’autres instruments que je n’avais pas eu le temps de pratiquer ces dernières années. Je suis revenu à mes fondamentaux : Mozart en particulier, la musique de la vie. Et les musiques traditionnelles.

Vous vous produirez à Froville le 6 juillet prochain, pour la première fois. Qu’évoque pour vous ce festival et pourquoi avoir accepté l’invitation de Laure Baert ?

J’ai accepté cette invitation, d’abord parce que j’ai été touché par l’enthousiasme de Laure Baert, et sa ténacité pour maintenir ce concert malgré toutes les difficultés de cette période. Et je suis heureux de venir dans un lieu que je ne connais pas encore.

Vous êtes habitué à jouer dans de grandes salles avec un public plus important et avec des orchestres prestigieux. Le cadre de Froville est plus intimiste : est-ce quelque chose qui vous parle ?

J’ai à cœur de ne pas m’enfermer dans une bulle ou dans l’archétype du concertiste. Je suis bien sûr très heureux lorsque je joue avec de beaux orchestres dans de grandes salles. Mais j’ai aussi à cœur d’aller à la rencontre de mon public dans tous les lieux. Jouer dans une plus petite salle crée un lien d’autant plus intense avec le spectateur.

Vous vous produirez avec votre ensemble Double Sens. Pouvez-vous nous le présenter ?

Ce sont mes amis, ma deuxième famille. Double Sens est aussi le reflet de ma vie, moi qui suis né en Serbie et suis venu en France avec ma famille après la guerre dans les années 90. J’y réunis mes amis d’enfance, lorsque nous étions ensemble au conservatoire de Belgrade et ceux que j’ai rencontrés lorsque je suis arrivé à Paris. « Double sens » et donc « double culture », pour un partage de la musique que nous aimons.

C’est important pour vous de partager la scène avec des artistes et de ne pas être considéré comme « l’unique soliste » ?

Complètement. La musique est un partage constant. J’ai compris que même quand on fait un récital seul sur scène… on n’est jamais seul ! On partage la musique avec plein de différents personnages qu’on trouve dans une partition.

À Froville, vous allez interpréter des extraits de Shéhérazade de Rimski-Korsakov, arrangés par Aleksandar Sedlar. Pourquoi ce choix ? 

Shéhérazade est une œuvre que j’adore. Il y a la puissance de la musique russe et toute la magie d’un Orient rêvé. J’ai eu l’idée de demander à mon ami-compositeur Aleksandar Sedlar d’écrire cette suite autour de l’œuvre de Rimsky-Korsakov lors d’une tournée, en écoutant les soirs, après avoir joué mon concerto, cette mélodie qui m’envoutait un peu plus chaque fois.

Vous êtes aujourd’hui l’un des violonistes les plus talentueux de votre génération. Tout le monde souligne votre grande virtuosité. Pourtant, dans votre documentaire « Unique », vous dites ne pas avoir pratiqué votre instrument 8 heures par jour étant petit…. Le violon, c’est un talent inné chez vous ?

J’ai une reconnaissance envers toutes les personnes dans mon entourage qui ne m’ont jamais mis la pression. Ni pendant mon enfance, ni avec mes maîtres plus tard. On m’a appris à être libre. Du coup, comme travailler le violon n’était pas une obligation j’ai travaillé tant que je sentais l’envie.

Aujourd’hui, en regardant votre parcours, de la Serbie en France, des concours aux premiers enregistrements studio et aux concerts, y-a-t-il quelque chose que vous feriez différemment ?

Je n’ai pas envie de modifier les choses rétrospectivement. La vie est faite de grandes joies parfois, de grandes peines aussi. Je pense qu’il faut la prendre comme elle vient, du mieux que nous pouvons le faire et vivre intensément l’instant présent.

L’éclectisme : la richesse d’un festival d’excellence

De partitions italiennes baroques oubliées jusqu’à des airs légendaires de groupe de rock tel que Depeche Mode : cette 24e édition du festival de Froville invite les spectateurs à un voyage musical à travers les siècles et les genres. En témoignent les concerts « Amore Siciliano » de l’ensemble Cappella Mediterranea, dirigé par Leonardo García Alarcón (5 juin), et « Au plus près du paradis » qui réunit l’ensemble Spark et le contre-ténor Valder Sabadus (27 juin). Ici, l’éclectisme de cette programmation prend tout son sens. D’un côté, le chef d’orchestre argentin promet de (re)découvrir le riche patrimoine musical né dans le sud de l’Italie : « Avec mon ensemble Cappella Mediterranea, nous avons à cœur à redonner vie aux pièces disparues, comme pour ressusciter les esprits du passé. Dans ce programme, nous revisitons des œuvres de Scarlatti, d’India mais aussi de compositeurs inconnus, tous siciliens. » « Amore Siciliano » est né le jour où la soprano Francesca Aspromonte a chanté « La canzone del Sicilia » après un concert à Montpellier : « Il s’agit d’une histoire de Tosca Baroque en 17 couplets : une jeune fille, dont l’amoureux est emprisonné, accepte d’être intime avec un général sicilien en échange de sa libération. Nous avions le souffle coupé en entendant Francesca chanter. J’ai décidé d’en faire un spectacle, traversant quatre siècles de création musicale. » À Froville, le public aura le plaisir de découvrir la soprano Ana Viera Leite, lauréate du concours international de chant baroque de Froville 2020 mais aussi le ténor virtuose Valerio Contaldo qui endossera le rôle du général.

« Un projet à la croisée des styles »

« Le festival de Froville est l’un des événements les plus prestigieux de la musique baroque en France, c’est un eldorado pour les mélomanes ! » s’enthousiasme le contre-ténor allemand Valer Sabadus. Sa voix cristalline s’associe avec justesse aux instruments de l’ensemble allemand Spark, l’un des plus créatifs de la musique de chambre d’aujourd’hui. En harmonie, ces artistes proposent un spectacle aux notes d’espoir, « où il est question d’aspiration à un monde meilleur, de mélodie et de mélancolie, de subtils nuances entre rêve et réalité et aussi d’amour » révèle le contre-ténor. Vivaldi, Haendel mais aussi Ravel, Fauré, Satie et même Depeche Mode et Rammstein : « Au plus près du paradis » est un savant mélange des genres et incursion romantique à travers les époques. « Il s’agit de véritables arrangements pour instruments et voix » souligne Christian Fritz, le pianiste de Spark. « Nous allons aussi présenter nos propres compositions. Ce programme s’adresse à tous les mélomanes qui souhaitent découvrir des choses nouvelles et se nourrir de la musique. » De son côté, Valer Sabadus évoque une  « opportunité de sortir de son répertoire de chanteur lyrique en participant à un projet à la croisée des styles ». 

Dans ce contexte si particulier, les artistes ne cachent pas leur impatience de retrouver la scène : « L’atmosphère à Froville est intimiste et unique, c’est très plaisant » souligne Valer Sabadus et Christian Fritz. À Leonardo García Alarcón de conclure : « Même si nous avons pu nous produire lors d’événements en ligne ou sur des plateaux de télévision, le festival de Froville marquera nos retrouvailles avec les spectateurs. Rien de tel pour ressentir les émotions et vibrer, tous ensemble. »