Le Festival de Froville, 25 ans d’émotion pure

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Patricia Petitbon © Capucine de Choqueuse

Du 21 mai au 2 juillet se tiendra, en l’église de Froville, la 25e édition du Festival de Froville. Temple (roman) de la musique sacrée et baroque, la manifestation enchante, depuis un quart de siècle, les spectateurs avides de beauté. 

Le Festival de Froville est l’exemple type de ce que l’on peut faire lorsque lieu et protagonistes se rencontrent. Dans les années 90, le maire de Froville, soucieux de préserver un pan de patrimoine exceptionnel, prend la décision de restaurer l’église. L’opération, d’ampleur, est en fait une réfection quasi totale incluant la réfection de la charpente et de la toiture, du plafond… En 1997, les travaux finis, il est temps de redonner une âme au lieu en lui faisant rencontrer son public, mission que se donnent les quelques Frovillois regroupés dans l’association des Amis du Patrimoine Culturel de Froville nouvellement créée. Leur objectif ? Faire vivre ce site unique en Lorraine.

La volonté est là, les qualités du bâtiment feront le reste. En effet, prenant la mesure de l’acoustique exceptionnelle du lieu, l’association décide de mettre en valeur et de partager ce lieu inspiré à travers… la musique.

Un succès durable

Le premier concert a lieu en 1997 ; à l’affiche, le GAM de Nancy, pour un concert autour de l’œuvre de Vivaldi. Le succès est instantané. L’année suivante, plusieurs groupes locaux sont programmés. Le concept, de fabrication entièrement artisanale, confirme son succès et, année après année, internationalise sa programmation. En 25 ans, combien de jeunes talents sont devenus, depuis, de grands noms de la musique baroque ? Côté public, le succès se confirme chaque année un peu plus et depuis 1998, plus de 75 000 mélomanes peuvent se targuer d’avoir entendu des voix d’exception ne faire qu’un avec la beauté de ce site millénaire qu’est la nef de l’église romane. Un cadre sans équivalent dans le Grand Est qui ne peut que nous amener à nous ranger du côté des Amis du Patrimoine Culturel de Froville quand ils s’engagent, en notre nom à tous, à « préserver ce qui est essentiel, ce qui dépasse les hommes, les rassemble et les élève : la culture ».

100 adhérents, 12 bénévoles actifs et 2 salariés organisent chaque année ce festival de musique sacrée et baroque, dont la chef orchestre Nathalie Stutzmann est la marraine d’honneur depuis 2018.. Un projet ambitieux mené grâce à l’énergie d’une équipe pleinement engagée et le soutien, à hauteur de 50 % du budget total, de partenaires publics (structures intercommunales, département de Meurthe-et-Moselle, région Grand Est, Territoire) et mécénat. 

Cet équilibre financier par nature fragile et une fabrication artisanale autant qu’exigeante confèrent à ce festival un statut unique. Il se distingue par ailleurs par son ambition, sans cesse renouvelée, de parler aux jeunes en les faisant profiter d’une politique tarifaire avantageuse, d’ateliers pédagogiques. Défricheur d’avenir, il organise également, chaque année, le concours international du chant baroque.

Poème © Festival de Froville

Un dossier de Cécile Mouton

Une programmation exigeante autant qu’éclectique

Pour son quart de siècle, le Festival de Froville frappe fort et propose une programmation ambitieuse.

L’ Arpeggiata, Christina Pluhar

Samedi 21 mai à 20h, l’ensemble l’Arpeggiata, dirigé par l’inimitable Christina Pluhar, nous emmènera à Naples, berceau de l’opéra et de la Commedia dell’arte, en plein 17e siècle, pour une exploration des répertoires baroques et traditionnels napolitains. Dans des œuvres vocales héritées des castrats entremêlant les pièces flamboyantes, dansantes et virtuoses, les voix de Céline Scheen et Vincenzo Capezzuto accompagneront avec sensibilité et éclat un instant musical varié, vivant et coloré, à l’image de la ville du Vésuve. Ainsi placée sous le signe de cette rencontre inaugurale à la fois réjouissante, originale et éclectique, la saison 2022 s’annonce prometteuse !

Christina Pulsar © Michal Novak

3 questions à Christina Pluhar, chef de l’ensemble Arpeggiata

Y a-t-il une certaine responsabilité, une émotion particulière à faire l’ouverture d’un festival ? 

On n’y pense pas. Chaque concert est important, et un moment unique. Chaque rencontre avec le public compte. Les spectateurs viennent parfois viennent de loin pour nous écouter ! Alors nous essayons d’être à la hauteur, nous le devons au public et aux organisateurs.

Qu’est-ce que vous évoque le festival de Froville ? 

J’y suis venue quelques fois et notamment il y a une quinzaine d’années environ, avec Arpeggiata. J’ai le souvenir d’un lieu magique, absolument étonnant, et d’un public très particulier. Je garde également en mémoire l’ambiance de ce festival, que je trouve merveilleuse. C’est le cas, généralement, des petits festivals en France, à l’atmosphère très personnelle, très accueillante.

Un mot sur ce que les spectateurs verront/écouteront le 21 mai prochain ?

Nous venons présenter le programme Alla Napolitana, constitué de musique napolitaine du 17e siècle et de musique traditionnelle napolitaine ancienne. Sur scène, une chanteuse, Céline Scheen, interprétera les air écrits des compositeurs du 17e, tandis que Vincenzo Capezzuto s’appropriera le style improvisé des autres morceaux. Le tout se mélange très bien et crée une unité ; naviguer entre les styles est une des spécialités d’Arpeggiata depuis maintenant 22 ans.

Propos recueillis par Cécile Mouton

Florie Valiquette, les Talens Lyriques

Samedi 28 mai à 20h, place à Bach sans frontières ! Compositeur qui a su jouer avec les styles musicaux internationaux de son temps, Johan Sebastian Bach voit sa musique mise en lumière de façon originale dans ce programme européen et multicolore proposée par Christophe Rousset. Les œuvres jouées témoignent de l’émulation joyeuse suscitée, chez les musiciens et leurs publics, par ces confrontations de nations en musique à travers toute l’Europe du 18e siècle. Des œuvres inspirantes et émouvantes à découvrir, interprétées par la talentueuse soprano Florie Valiquette.

L’Acheron

Dimanche 29 mai à 16h, l’improvisation sera de mise avec le Small band baroque, dont les interventions feront la part belle aux standards et grounds des 17e et 18e siècle, sortes d’escales d’un voyage impromptu. Tout en respectant les codes de la musique baroque, les musiciens, comme dans le jazz, dialoguent, complices, et se provoquent pour inventer une partition à plusieurs voix sans cesse renouvelée. Une représentation qui s’annonce passionnante, à laquelle se joindra le danseur hip-hop Aziz El Youssoufi.

Ensemble Il Festino © Arnaud Roberti

Il Festino

Vendredi 10 juin à 20h, l’ensemble Il Festino, dirigé par l’inventif chef et luthiste Manuel de Grange, fera voyager les spectateurs dans l’Amérique des 16e et 17e siècles, aux croisements des cultures européennes et africaines. Encouragés par les autorités religieuses pour jouer la musique sacrée, instruments à cordes, percussions et vents, rythmes autochtones d’origine africaine créent des liens entre les peuples indigènes et l’évangile d’une intensité et d’une ferveur remarquables. Au programme de ce moment musical d’exception, richesse, beauté et éclectisme !

Romain Leleu Sextet

Samedi 11 juin à 20h, le Romain Leleu Sextet, formation dirigée par le trompettiste Romain Leleu, franchira allégrement les limites des styles et des époques. Dans un programme fédérateur, l’ensemble mettra « Face(s) à Face(s) » musique classique, comédie musicale et musique de film. Ainsi, après avoir vibré au son de Bach et Vivaldi, servis par des interprètes virtuoses, vous plongerez dans l’univers envoûtant de Bernstein, Gerschwin, Chaplin et Morricone. « Nous avons voulu mettre en complémentarité une certaine musique savante et une certaine musique populaire, en montrant que les grands compositeurs sont allés chercher de l’inspiration dans la musique folklorique, et inversement », explique Romain Leleu. Ce concert sera l’occasion, d’entendre la trompette, instrument rare dans le cadre du festival, magnifiée par l’acoustique de l’église romane. « Que Laure Baert – directrice artistique – ait décidé de nous programmer dans une festival réputé pour sa musique baroque me fait particulièrement plaisir. Qu’un grand festival tel que celui-ci décide d’ouvrir sa programmation en allant au-delà des étiquettes et des cases est une très bonne nouvelle, à la fois pour les artistes et pour le public ! ».

Romain Leleu Sextet © TBaltes

La Reveuse

Dimanche 12 juin à 16h, Le rossignol et l’empereur de Chine, concert tout public (dès 5 ans), gratuit et délocalisé, fera régner sur le Château de Lunéville ombres chinoises, musique baroque et création contemporaine sur instruments anciens. « Vous savez qu’en Chine, l’empereur est un Chinois et tous ceux qui l’entourent sont Chinois… ». Ainsi débute le malicieux conte d’Andersen, histoire d’un fabuleux rossignol et merveilleux musicien qui chante dans les bois pour réchauffer le cœur de ceux qui l’écoutent. Le monde entier sait qu’il existe sauf son propre voisin, l’empereur de Chine, dont le palais de porcelaine jouxte pourtant le bois où habite l’oiseau…

Le Rossignol et l’Empereur de Chine © Festival de Froville

Les Surprises 

Vendredi 24 juin à 20h, Les Surprises, ensemble dirigé par Louis-Noël Bestion de Camboulas, offrira, avec « Méditations », de véritables « petits chefs-d’œuvre » musicaux de Charpentier, Marais et de Brossard. Servi par l’acoustique de l’église, ce programme à trois voix d’hommes de différentes tessitures, à la dramaturgie proche de l’opéra, vous transportera dans un temps où théâtralité, suavité et sacré se mêlent et se confondent.

Les Surprises © Zoé Grelié

Stéphanie d’Oustrac, Le Poème Harmonique

Stéphanie d’Oustrac © Perla Maarek

Samedi 25 juin à 20h, « Mon amant de Saint-Jean » réunira Vincent Dumestre et Stéphanie d’Oustrac dans une aventure musicale et théâtrale unique. Dans ce récital, chansons des Années folles – Fréhel, Colette Renard – se mêlent aux airs de musique ancienne – Monteverdi, Marais, Cavalli – et créent une atmosphère où priment l’émotion de la voix et la poésie des textes. « L’idée est de rappeler qu’après avoir été oublié au 19e siècle, le répertoire de musique ancienne renaît à la fin du 19e et au début du 20e siècle grâce à des interprètes tels qu’Yvette Guilbert, Colette Renard ou Lucille Delille, qui s’appliquent, dans les cafés-théâtres, à mêler airs anciens et musique populaire », note Vincent Dumestre. Habitué à travailler sur les incursions de la musique ancienne dans la chanson, le chef d’orchestre garde de son passage à Froville, en 2018, un souvenir ému. « C’est un lieu magique ! Cette magie tient aux conditions d’accueil des artistes et à la beauté du lieu. Froville symbolise à merveille l’esprit, si français, des festivals, la proximité entre artistes, organisateurs et public, qui fait disparaître les rôles, les statuts. Ce cadre est parfaitement cohérent avec la dimension humaine de la musique ancienne ». A ses côtés pour cette édition anniversaire, la mezzo-soprano, icône baroque et divine tragédienne réclamée sur les plus belles scènes internationales Stéphanie d’Oustrac insufflera, grâce à ses talents d’interprètes, une vie nouvelle à ces airs d’autrefois.

Jakub Jozef Orlinski

Lundi 27 juin à 20h, le magnétique contre-ténor Jakub Jozef Orlinski présentera « Eroe 2 » en compagnie de ses compatriotes de Il Giardino d’Amore dirigé par le  violoniste Stephan Plewniak. Au programme de cette soirée que l’on présuppose inoubliable : un florilège d’œuvres de Vivaldi et Haendel, deux maîtres du baroque, les airs d’opéra ayant fait la renommée des plus célèbres castrats italiens se mêlant à des extraits de concertos pour violon de Vivaldi. Venu à Froville pour la première fois en 2019, il y fera escale cette année en pleine tournée internationale. L’occasion, pour les spectateurs, d’apprécier sa voix à la fois agile, sensible et moderne.

Jakub Józef Orliński – Portrait

Patricia Petibon, Ensemble Amarillis

Samedi 2 juillet à 20h, pour clore cette édition anniversaire en beauté et puissance, « Flammes de magiciennes » réunira Patricia Petibon, Floriane Hasler et l’ensemble Amarillis, dirigé par Héloïse Gaillard. Pour sa première fois à Froville, Patricia Petibon illuminera la soirée de son talent inimitable réunissant maîtrise vocale, sensibilité hors du commun et capacité d’incarnation hors pair. Dans « Flammes de Magiciennes », elle nous offre une palette de portraits d’héroïnes d’opéra profondément attachantes. A ses côtés sur scène, les fidèles de Froville redécouvriront Floriane Hasler, lauréate 2021 du Concours International de chant baroque !

Patricia Petitbon © Capucine de Choqueuse

Entretien avec Patricia Petibon

Soprano

Comment appréhendez-vous ce premier passage au Festival de Froville ?

Chaque concert est différent, de par l’énergie et les attentes du public, de par le lieu où il se déroule… Je souhaite passer un très bon moment, en toute simplicité. Je veux contribuer à rendre la musique accessible tout en en montrant la noblesse. Particulièrement en ces temps troublés, il m’importe de faire de la musique vivante, d’être là au présent, et de revenir au sens profond de notre art : le partage avec le public.

Vous venez présenter « Flammes de magiciennes », concert qui fait revivre des héroïnes de l’opéra baroque français… Que pouvez-vous en dire ?

Nous convoquons de grandes tragédiennes : Circé, Médée… des personnages en proie à des sentiments passionnels, mais aussi au désir de vengeance, à la magie. À l’époque baroque, les personnages sont le reflet de ce que l’on est, mais dans un cadre métaphorique. Ce programme est un voyage à travers la musique française de Charpentier, Rameau, Démarest, Marais… à travers la grande école de la tragédie lyrique et tous ces compositeurs français qui ont édifié le « style à la française », reconnaissable à sa façon de colorer la mélodie, de mélanger le populaire et le savant.

Le succès travestit-il le rapport au réel ?

Le chanteur lyrique est, par nature, connecté au réel. Nous sommes des athlètes qui vivons avec notre corps et qui avons conscience de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas. Au quotidien, je dois être en forme, faire fonctionner ma mémoire, respecter une hygiène de vie très particulière et parfois partir en tournée, souvent seule. Avec la crise du Covid, cette connexion étroite avec le réel a été ressentie de manière particulièrement criante et douloureuse par toute la communauté des chanteurs.

Ces règles sont-elles ancrées en vous ? Ou pourriez-vous un jour vous en détacher ?

Tous nous, constatons une forme de résilience du corps. Avec, au centre de tout cela, le foisonnement des questions. Que ferai-je après ? La voix évolue et la chanteuse de 70 ans est bien différente de celle de 20 ans. La vie n’est faite que de métamorphoses, de joies et de blessures dont se nourrissent les artistes, et que ce soit à travers la scène ou l’enseignement, je resterai dans l’interaction avec les autres.± Propos recueillis par Cécile Mouton

Un site exceptionnel

A quoi tient la magie du Festival de Froville ? A la pureté, la fragilité, la limpidité de ses voix et des instruments , bien sûr. Mais également, et tout aussi sûrement, à la beauté patrimoniale, architecturale et environnementale d’un site d’exception.

© Y. Jenny

A Froville, il y a une aura vraiment particulière, une atmosphère qui rajoute réellement quelque chose à la musique que nous venons de jouer ». Jakub Jozef Orlinski, l’une des têtes d’affiche de cette édition 2022 du Festival de Froville, expérimentait, pour la première fois en 2019, l’atmosphère si particulière, presque envoûtante, du site.

Histoire et acoustique

Perché sur un coteau sur la rive droite de l’Euron, entre Nancy et Epinal, il y a Froville. Et au centre de Froville, il y a l’église communale, l’un des plus anciens édifices religieux du nord-est de la France encore intact et l’une des nefs romanes les plus caractéristiques et les mieux conservées. 

Le saviez-vous ? 
Pour admirer le cloître du 15e siècle de l’église de Froville, il faut traverser l’océan ! En effet, une partie de ses fenêtres à triples ogives, les arcanes du côté ouest, ont été vendues par leur propriétaire et emportées pierre par pierre aux États-Unis… Elles sont aujourd’hui présentées au Cloisters du Metropolitan Museum of Art de New-York.

Le classement « monument historique » du site en 1985 – précieux label obtenu grâce à Jean-Charles Cuny, maire de l’époque- permet à l’église de Froville d’obtenir les financements nécessaires à sa rénovation. Une première tranche de travaux est engagée en 1988, d’autres suivront. La suite, nous la connaissons : la qualité acoustique exceptionnelle du bâtiment fera de ce dernier l’hôte de choix d’un concert, puis d’un Festival…

Jardins d’Harmonies

En 2006, les anciens jardins du prieuré, riches en plantes rares, rouvraient au public redessinés en Jardins d’Harmonies, lieu de préservation des buis centenaires, piliers des jardins qui encadrent les massifs de plantes rares et de plantes aromatiques et condimentaires.. Attenant à l’église du 11e siècle et au cloître du 15e siècle, imaginé autour de courbes évoquées par les reliefs des grands buis bicentenaires mais aussi par les niveaux naturels du lieu, le nouveau jardin du prieuré est accessible du printemps à l’automne. Il regorge de nombreuses variétés de roses, de menthes de différents continents, de parfums étrangement exotiques que l’on ne s’attend pas à trouver au beau milieu d’un jardin lorrain…

Inutile d’en dire davantage pour vous convaincre que le site vaut le détour ! Et que le Festival de Froville, parmi les festivals de musique ancienne les plus réputés de France, n’est qu’un prétexte (et quel prétexte !) supplémentaire à faire le déplacement.

A noter 
Le site est accessible en navette, mise à votre disposition au départ de Nancy pour chaque concert. Départ devant l’église Saint-Léon une heure et quart avec le début du spectacle (5€)

Entretien avec Anne Cunny, cofondatrice de l’association 

Comment tout a commencé ? 

En obtenant le classement monument historique de l’église, mon mari et maire de la commune, Jean-Charles Cuny, a débloqué des financements importants pour des travaux de fond. Nous nous sommes alors réunis, entre habitants de la commune, pour créer l’Association des Amis du Patrimoine Culturel de Froville. Et à l’occasion d’un concert organisé pour inaugurer l’église rénovée, en 1996, nous avons dû nous rendre à l’évidence : l’acoustique du lieu était parfaite ! Amatrice de musique baroque, j’ai alors imaginé fonder un festival, projet que nous avons matérialisé avec l’association.

La première édition a eu lieu en 1997… 

Oui, avec un concert de Gradus Ad Musicam (GAM) ! Le public était déjà là en nombre. L’année suivante, nous programmions cinq ou six concerts de groupes locaux : le GAM, Scola Mentensis… l’aventure était lancée. Avec les années, nous avons élargi la programmation à des groupes plus connus tels que l’ensemble Matheus, qui est venu quasiment tous les ans, ou Philippe Jaroussky passé par chez nous à ses tout débuts.

Comment vous organisiez-vous concrètement ?

Notre association se composait de bénévoles et d’une dizaine de membres au Conseil d’administration. C’était artisanal ! Il ne fallait pas manquer de culot pour demander, par exemple, à James Bowman de venir… ce qu’il a accepté tout de suite.

Comment expliquer que les artistes vous soient à ce point fidèles ?

Ils viennent pour deux choses : l’acoustique exceptionnelle du lieu et l’accueil familial que nous leur prodiguons. Ils logent dans des maisons d’hôtes à proximité et les loges se trouvent à mon domicile, attenant à l’église et sont reçus comme en famille. L’ensemble Matheus nous appelle d’ailleurs ses « cousins de Lorraine » ! Par ailleurs, la jauge est restreinte, l’église ne pouvant accueillir, au grand maximum, que 450 spectateurs, en sachant que Froville compte 120 habitants… La population, les jours de concert, est donc multipliée par quatre ! Cette effervescence en pleine campagne lorraine crée une ambiance intimiste et de proximité. 

Quels sont vos souvenirs les plus marquants ? 

Je ne peux pas choisir parmi tous les souvenirs de concerts… auxquels j’ai tous assisté sauf deux, pour cause de mariage ! Je garde surtout en tête le rapport d’amitié avec les groupes qui venaient régulièrement. J’ai me souviens notamment d’avoir mangé de la soupe à la cuisine avec Jordi Savall.

Êtes-vous toujours aussi impliquée dans l’organisation ?

L’âge venant, je le suis nécessairement moins… Mais l’équipe fait tout pour conserver l’âme du festival. Et après avoir passé 25 ans à le faire connaître, je m’étonne encore que certains habitants du coin n’en aient jamais entendu parler ! Le Festival de Froville, c’est une institution.

Propos recueillis par Cécile Mouton

Vous pouvez acheter vos billets en ligne ou par téléphone au  03 83 72 53 75, du lundi au vendredi de 10h à 12h  et les jeudis de 13h30 à 17h30 • Sur place, les soirs de concert, la billetterie est ouverte 45 mn avant le spectacle.
Du 21 mai au 2 juillet • 16 rue Principale, 54290 Froville • 03 83 72 53 75 • www.festivaldefroville.com
Publireportage - Photos © Festival de Froville,  Y.JENNY, Zoé Grelie, Perla Maarek, Jiyang Chen, Capucine de Choqueuse, Michal Novak, Arnaud Roberti, Brent Calis, TBaltes, DR