L’Autre Canal promet un bel Été Indien !

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Romain Muller

Pour se relancer, L’Autre Canal à Nancy a fait le choix de proposer un événement inédit : jusqu’au 4 octobre, le festival L’Été Indien réunira une pléiade de concerts en plein air mais aussi des tables-rondes, des conférences, des ateliers et autres propositions culinaires pour profiter de belles soirées de convivialité. 

Qui dit rentrée inédite, dit événement inédit ! L’Autre Canal, scène incontournable des musiques actuelles en région Grand Est l’a bien compris en proposant son festival L’Été Indien. Au programme : des soirées en plein air alliant concerts, rencontres et petite restauration, du mardi au dimanche, et ce, jusqu’au 4 octobre. « Nous avons la chance d’avoir un lieu situé sur un site incroyable, que l’on partage avec l’Octroi, au centre des Rives de Meurthe » explique Henri Didonna, directeur de L’Autre Canal. « Nous avons l’espace suffisant pour accueillir le public en plein air. C’était l’opportunité de relancer nos concerts en respectant les mesures sanitaires actuelles. »
L’Été Indien est en fait une version « prolongée » du festival Bon Moment, prévu initialement début septembre. L’envie des artistes étaient présente : tous voulaient retrouver la scène et leur public. Ainsi est né cet événement inédit, distillé sur un mois entier. Au programme : une majorité d’artistes locaux et régionaux mais aussi des affiches nationales. 

Et surtout : des rencontres citoyennes, des conférences, des activités en famille, des cartes blanches associatives. Le tout abordant des problématiques actuelles comme le réemploi et l’artisanat durable, l’alimentation soutenable ou encore les économies alternatives.

« Un lendemain des possibles »

« Nous proposons une sorte de parenthèse enchantée entre cette période très dure qu’a été le confinement et ce lendemain des possibles » souligne Henri Didonna.
« Il y aura des gradins, pour les spectateurs qui voudront s’assoir devant la scène mais aussi des espaces avec des tables hautes, des canapés pour ceux qui voudraient manger un bout ou siroter un verre. L’idée n’était pas de faire un festival de concerts mais un festival de rencontres, d’échanges et de convivialité. » L’équipe de L’Autre Canal embarque l’association OK3 dans l’aventure qui assure tout le volet « oenogastronomique » de cet Été Indien : restaurateurs, cavistes, vignerons et micro-brasseurs seront présents pour proposer des produits locaux et de qualité. « Finalement, lorsqu’un brasseur ou un caviste vient parler de son métier, de la fabrication d’une bière ou d’un vin, c’est exactement le même processus de création que pour un artiste de musique. C’est en cela que l’on trouve l’échange entre les acteurs du festival et le public très intéressant. Tout le monde aura la parole. » 

Programme éclectique 

Après un week-end inaugural réunissant Gueules d’Aminche, Alex Toucourt & Julien m’a dit ou encore le festival Donké de musique africaine, L’Été Indien se poursuit avec un programme des plus éclectiques. Parmi les temps forts, on notera la présence de The Celtic Tramps (le 9 septembre), une soirée mêlant folk, rap et funk avec Louise Ellie, Oscar Lezar et Dudes of Groove Society
(10 septembre), un DJ set en continu par Carte Blanche Prod. (11 septembre). Une journée sera consacrée à la pratique amateur le 13 septembre avec, notamment, notre célèbre Fanfare des enfants du boucher ! Il y aura aussi l’ambiance jazzy de Shootin Chestnuts (16 septembre), de l’électro live avec Chapelier Fou et Atoem (17 septembre), une « party »

réunissant Samba de la Muerte, Borokov Borokov et Macadam Crocodile (19 septembre), une soirée pop avec Orwell et Louis Ville (29 septembre) et tant d’autres rendez-vous ! 

« Nous accueillerons également d’autres moments forts comme la lecture musicale, prévue dans le cadre du Livre sur la Place, de Jeanne Cherhal et Aurélia Aurita le 11 septembre et la lecture musicale d’Olivia Ruiz le 19 septembre mais aussi le Festival des Musiques Malfamées #2 le 26 septembre…
Il y en aura pour tous les goûts ! » renchérit Anthony Gaborit, responsable communication à L’Autre Canal.

Gratuit de 18h à 20h, 5 € à partir de 20h

Parmi les rendez-vous alternatifs, le public pourra, par exemple, assister à une représentation du CCN – Ballet de Lorraine qui dansera un extrait de Record of Ancient Things
(11 septembre), participer à des ateliers durables donnés par Zéro Déchet Nancy et Echogestes
(12 septembre), converser avec Baru ; le célèbre auteur de BD nancéen (19 septembre), découvrir le réseau Musiques Actuelles Grand Est « Gabruge » (23 septembre), débattre lors de la table-ronde sur le thème « La révolution de la musique enregistrée : état des lieux à Nancy et ailleurs ; présentation des labels et de leurs nouveaux champs d’action » (1er octobre)…

D’un point de vue pratique, « la priorité est de rassurer le public. Nous avons une jauge limitée à 350 personnes maximum sur site en même temps » explique Henri Didonna. « C’est pourquoi nous avons mis en place une billetterie en ligne mais nous nous laissons une marge de manouvre pour les spectateurs qui viendraient à l’improviste un soir de concert pour pouvoir les laisser rentrer. » Concernant le port du masque, les visiteurs devront le porter lors de tous leurs déplacements à l’intérieur du site mais pourrons, bien sûr, l’enlever lorsqu’ils seront attablés. « L’entrée est gratuite de 18h à 20h et passe à 5 euros à partir de 20h. Ce qui veut dire que les personnes étant arrivées à 18h et qui voudraient rester après 20h ne payeront rien ! » Objectif de ce mini tarif : attirer un large public et inciter les spectateurs à découvrir la scène locale et régionale. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que Nancy offre à L’Autre Canal un véritable été indien, digne de ce nom… ! Pauline Overney

Jusqu’au 4 octobre, à l’arrière de L’Autre Canal
Programmation complète et réservations : 03 83 38 44 88 ou lautrecanalnancy.fr

Entretien avec Henri Didonna, directeur de L’Autre Canal

Henri Didonna ©Arno Paul

Retour en mars dernier. Comment avez-vous vécu la fermeture des salles de spectacle avec votre équipe ?

Ça a été forcément un coup dur, assez déroutant. Mais nous avions anticipé : le vendredi 13 mars, nous nous sommes réunis avec l’équipe pour annuler les dates du week-end, ce qui été ensuite confirmé par le président de la République. Dans un premier temps, il fallait surtout gérer les annulations et les reports. Puis, nous avons pris le temps de réfléchir et d’appréhender les choses, assez sereinement. Notre objectif était de prendre les bonnes décisions. 

Justement, quelles décisions ont été prises ?

Ne nous voulions surtout pas subir la situation mais être acteurs d’un « changement ». En avril dernier, nous ne pensions pas vraiment que cette crise allait durer. Au fil des mois, nous voulions proposer une rentrée différente, marquer le coup comme un « après COVID-19 » même s’il est toujours là… Une ouverture avec les conditions sanitaires réunies pour accueillir le public en toute sécurité bien sûr. 

De là est né l’événement « L’Été Indien ». 

Oui. Nous avions déjà décalé notre festival « Bon Moment » prévu sur trois jours début septembre. Et puis nous nous sommes dits : « Pourquoi ne pas étendre notre programmation sur tout un mois pour faire quelque chose de vraiment significatif ? » Aussi, les artistes avaient à cœur de reporter leurs concerts et non de les annuler. Ils ont une envie folle de revenir sur scène ! 

Comment avez-vous mis sur pied cette programmation très dense ?

Nous nous sommes adaptés ! L’équipe est partie en vacances plus tôt et nous avons travaillé sans relâche tout le mois d’août ! Résultat, nous avons misé sur une programmation principalement régionale et locale car nous avions un devoir vis-à-vis de ces acteurs du Grand Est : les faire jouer. Mais nous ne voulions pas faire des concerts « juste » pour faire des concerts : autour, nous avons prévu des tables rondes, des débats avec des associations, des ateliers… Et bien sûr, les restaurateurs locaux qui proposeront des bons petits plats ! L’Été Indien, c’est un festival de passionnés où tout le monde aura la parole. Nous espérons que ça donnera de beaux moments d’échanges et de convivialité. 

Finalement, cet événement est l’occasion de « relancer la machine ? »

Forcément, notre volonté est de reprendre notre activité, de reprendre les concerts. Le public a soif de culture et d’échanges ! Mais c’est aussi l’occasion de relancer tout la filière des musiques actuelles avec les artistes, les tourneurs, les éditeurs, les producteurs mais aussi, par exemple, les techniciens. A l’heure où nous échangeons, une entreprise est venue monter les gradins que nous mettons à disposition du public : ils étaient ravis de pouvoir enfin retravailler ! 

Quid des structures de musiques actuelles dans le Grand Est ? 

Avant le confinement, tous les acteurs du Grand Est dans les musiques actuelles (salles, disquaires, labels…) s’étaient réunis pour bâtir un projet commun. Pendant la période d’arrêt, nous avons multiplié les visio-conférences pour aboutir à quelque chose de solide. Nous nous réunissons d’ailleurs le 24 septembre prochain, à L’Autre Canal, car nous trouvons que Nancy est un point central dans le Grand Est pour réunir nos activités. Nous espérons pouvoir échanger, partager et se soutenir les uns les autres avec ce réseau.

Comment envisagez-vous la suite pour L’Autre Canal ?

Mon objectif était de rassurer mes équipes en premier lieu : nous nous concentrons sur L’Été Indien et nous mettons en stand-by notre réflexion pour le reste car nous ne croyons pas en une reprise normale d’ici septembre 2021. D’ailleurs, nous avons déjà reporté des têtes d’affiches pour l’an prochain, mais nous n’avons pas beaucoup de réservations. La situation est trop incertaine. La structure en plein air pour L’Été Indien sera à disposition jusqu’au mois de novembre. Nous organiserons quelques rendez-vous en octobre, notamment avec l’accueil du Nancy Jazz Pulsations. Nous devons prendre du recul pour la suite et inventer d’autres formes d’accueil du public. Mais dans tous les cas, nous restons positifs. Nous trouverons des solutions et des idées !  Propos recueillis par Pauline Overney

publireportage - Photos ©  jamie noise, arno paul, romain gamba, benpi, JC polien, dr