Gruber : au firmament de l’Art Nouveau

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Le 16 septembre dernier s’est ouverte aux Galeries Poirel, à Nancy, une exceptionnelle exposition consacrée à Jacques Gruber, un des maîtres de l’Art Nouveau, qui a su renouveler l’art du vitrail comme personne. A voir absolument !

Avec cette exposition, Gruber retrouve auprès du grand public la place qui était la sienne : celle d’un grand maître de l’Art Nouveau nancéien. Longtemps occulté par des chefs de file comme Gallé, Prouvé ou Majorelle, il souffrait que personne ne se soit vraiment intéressé à l’ensemble de son œuvre, à la fois si riche et si complexe. C’est désormais chose faite, et le Musée de l’Ecole de Nancy propose un superbe panorama de sa production nancéienne aux Galeries Poirel. « Nancéienne » ? Oui, car à partir de 1914, Gruber quitte Nancy pour Paris … et plus qu’une ville, c’est aussi un style qu’il abandonne pour embrasser, avec autant de succès, l’Art Déco, en témoigneront alors les très beaux vitraux à Nancy de la Caisse d’Epargne ou de Pont-à-Mousson S.A. avenue de la Libération.
L’exposition des Galeries Poirel retracent la première partie de la vie de Gruber, faite de foisonnement, d’inventivité et de découvertes.

Un artiste aux multiples facettes

Le nom de Gruber est quasi toujours associé aux vitraux. A raison, tant il a excellé dans le domaine. Mais cette association fait oublier que Gruber s’est « frotté » à d’autres domaines avec un certain talent. L’exposition a le mérite de les présenter côte à côte, permettant ainsi de mesurer l’évolution artistique de cet Alsacien déraciné, dont la famille s’installa à Nancy en 1877 pour fuir l’Annexion (il avait alors 7 ans).

Gruber reçoit une formation classique aux Beaux-Arts de Nancy, puis part à Paris étudier dans les ateliers de Gustave Moreau et Pierre Victor Galland (qui œuvra au Panthéon ou à l’hôtel de ville de Paris). En 1893, sa carrière commence comme professeur de composition décorative à l’École des Beaux-Arts de Nancy. Ce n’est qu’en 1899 qu’il exécute ce qui est considéré comme son premier vitrail : « Village au bord d’un lac ».
En 1901, il embrasse l’aventure artistique de l’Ecole de Nancy et devient membre du Comité directeur. Trois ans plus tard, il installe son atelier rue Collinet de la Salle pour les vitraux d’art. Il se tourne aussi vers le meuble et engage des employés de talent, dont certains feront ensuite de belles carrières comme Jules Cayette.
Gruber explore la verrerie avec Daum, la céramique avec les grès flammés de Rambervillers, mais aussi les affiches, les illustrations, la peinture et même la reliure.

Parallèlement, il expose ses œuvres à Paris, à Strasbourg, à Nancy. C’est un succès. Sa renommée, son répertoire naturaliste d’une grande qualité graphique et sa maîtrise technique lui permettent de « décrocher » la réalisation de la grande coupole des Galeries Lafayette à Paris en 1911 !
En 1914, il quitte Nancy pour Paris où il poursuivra inlassablement sa création verrière féconde, qui sut évoluer stylistiquement. Il meurt en 1936.

Autour de l’exposition

De nombreuses réalisations de Gruber sont toujours in situ, c’est-à-dire dans les bâtiments pour lesquelles elles ont été conçues. Le Musée de l’Ecole de Nancy, conscient de cette « dispersion » involontaire, a eu l’intelligence de proposer de multiples « parcours Gruber » dans la ville, pour découvrir ces trésors parfois cachés, souvent méconnus.

La villa Majorelle

Joyau de l’Art Nouveau à Nancy, la villa bâtie en 1902 par Henri Sauvage, recèle plusieurs vitraux. Ceux-ci participent pleinement à la réalisation de cette maison comme un édifice d’« art total ». Les visites, guidées, sont sur réservation.

Au Musée de l’Ecole de Nancy

Certaines œuvres de Gruber, pour des raisons souvent techniques, n’ont pas quitté le Musée. Une belle occasion d’aller visiter (à nouveau) les collections permanentes et d’y découvrir les vitraux en place ou le mobilier du bureau Masson. L’une des pièces les plus impressionnantes reste la bibliothèque au Grand-duc commandée par Saint-Just Péquart. Dans le jardin, les vitraux de l’aquarium  mérite toute votre attention (et votre admiration !).

Les « Visites privilèges »

Elles ont lieu sur réservation pendant la durée de l’exposition. Deux lieux d’exception s’ouvrent alors à vous. Tout d’abord, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Meurthe-et-Moselle (visites le vendredi). Vitrine économique d’une vitalité accrue après l’Annexion de 1871, la Chambre de Commerce est une ode au développement sans précédent que connait alors le département. Les cinq verrières du rez-de-chaussée participent pleinement à valoriser la Lorraine, ses paysages (Vosges, villages) et ses industries (sidérurgie, Chimie, Verre). Elles furent financées par le « gratin » économique de l’époque, Société industrielle de l’Est en tête. Le second lieu est la Villa Bergeret (visites le samedi), construite pour l’éditeur du même nom. Deux superbes verrières à décor floral témoignent de la totale maîtrise verrière de l’artiste.
Les réservations se font au 03 83 21 13 42.

Enfin, pour ceux qui veulent « chercher » par eux-mêmes, un parcours-découverte dans Nancy a été créé pour l’occasion et permet de découvrir les édifices commerciaux (notamment l’exceptionnelle et immense verrière du Crédit Lyonnais, ou les baies de la brasserie L’Excelsior) comme les maisons privées (vues de l’extérieur cependant). Ce parcours, disponible en PDF, est à télécharger sur www.ecole-de-nancy.com (application gratuite sur iPhone).

Plus qu’un conseil, aller rendre visite à l’œuvre de Gruber ! Elle est rare, elle est précieuse, elle est magnifique.

Informations pratiques : Un beau catalogue retrace les différentes facettes de l’artiste et de son époque. 35 €.
Du 16 septembre au 22 janvier 2012.
Tous les jours, sauf le mardi, 10h-18h. Visites guidées pour jeunes publics et adultes.