FIG, entre Déserts et Portugal

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© FIG

Pour sa 33e édition, qui se tiendra vendredi 30 septembre, samedi et dimanche 1er et 2 octobre, le Festival International de Géographie (FIG) de Saint-Dié-des-Vosges traitera des « Déserts », le Portugal en pays invité.

Fondé en 1990, le Festival International de Géographie est devenu, avec les années, l’un des festivals les plus importants du Grand Est. Fête de la géographie, il est le théâtre d’échanges passionnants entre géographes, chercheurs, universitaires, enseignants, écrivains, illustrateurs et le grand public. Espace d’ouverture au monde, il transforme chaque année Saint-Dié en capitale de la géographie, et université à ciel ouvert ! Précision d’importance : rencontres, tables rondes, lectures, conférences… toutes les manifestations sont gratuites et en accès libre dans la limite des places disponibles (billetterie ouverte 30 minutes avant chaque rendez-vous). Géographes en herbe et explorateurs aguerris, précipitez-vous !

À chaque édition, son thème phare, et ce sont les « Déserts » qui concentreront, cette année, l’essentiel des débats. « Donner à voir et à comprendre la diversité des déserts du monde » : Julien Brachet, directeur scientifique 2022, s’en est fait la promesse. Une ambition qui, pour être tenue, nécessitera de s’unir pour saisir la complexité de ces espaces arides, mettre en lumière des manières de vivre dans ces espaces (où la vie, en dépit de ce que l’on pourrait croire, existe bien), explorer l’importance insoupçonnée des déserts sur le plan géopolitique, et plonger dans les créations artistiques qui en sont inspirées…

Saison croisée France-Portugal

À chaque édition, son pays invité ! L’inscription du FIG dans la Saison croisée France-Portugal – décidée par le Président de la République française et le Premier ministre portugais, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, pour souligner la proximité et l’amitié liant ces deux États – sera l’occasion de mettre en lumière les multiples collaborations entre artistes, chercheurs, intellectuels, étudiants ou entrepreneurs… de donner la parole aux géographes francophones spécialistes du Portugal… de s’intéresser à la longue histoire des migrations du Portugal vers la France, et de la France vers le Portugal… d’explorer la présence portugaise en France, la question de la langue portugaise, les atouts du Portugal au XXIe siècle, les spécificités du réseau de peuplement lusitanien… le tout, à travers une programmation riche de manifestations regardant toutes dans la même direction.

Les personnalités présentes
Président du FIG 2022 : François Xavier Fauvelle, Professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’Histoire et archéologie des mondes africains
Grand témoin : Merieme Chadid, astronome, exploratrice et astrophysicienne
Prix Vautrin-Lud 2022 : Michael Storper, géographe économique
Président du Salon du Livre : Mia Couto, journaliste, écrivain et biologiste

Le Portugal sous toutes ses formes

Littérature, cinéma, expositions… Le FIG, c’est aussi tout ça ! Zoom sur quelques-unes des manières dont le Portugal viendra à vous.

Mia Couto, Président émérite du Salon du Livre
Fils du poète portugais Fernando Couto, Mia Couto est né au Mozambique en 1955. Après avoir étudié la médecine et la biologie, il s’engage aux côtés du FRELIMO (Front de Libération du Mozambique) en faveur de l’indépendance du pays, devient journaliste puis écrivain. Il travaille actuellement comme biologiste, spécialiste des zones côtières, et enseigne l’écologie à l’université de Maputo. Henning Mankell dit de lui qu’il est « l’un des auteurs les plus intéressants et les plus importants d’Afrique ». Ses romans, auquel s’est récemment ajouté « Le Cartographe des absences » (Métailié), sont traduits dans 30 pays. Son œuvre a été récompensée, en 2012, Prix de la Francophonie.
Président du Salon du Livre de cette édition 2022 du FIG, Mia Couto fera l’objet d’un « Grand Entretien », programmé samedi 1er octobre à 11h30 au Musée Pierre-Noël.
Il échangera également sur le thème du « Mozambique : mémoires coloniales du Portugal » avec Isabela Figueiredo, auteur de « Carnet de mémoires coloniales » (Chandeigne), et Yves Léonard, historien et auteur de « Histoire de la nation portugaise » (Tallandier), lors d’une rencontre programmée samedi à 17h dans le Grand Salon de l’Hôtel de Ville. 

Les éditions Chandeigne à l’honneur
Créées par Anne Lima et Michel Chandeigne en 1992, d’abord spécialisées dans les récits de voyage, les éditions Chandeigne ont diversifié leurs collections en publiant, à destination du public français, de grandes œuvres du monde lusophone. Entre Portugal, Brésil, Angola, Mozambique, et Cap-Vert, l’exploration se veut littéraire, mais également poétique, historique et artistique. Des choix éditoriaux originaux donnant à voir la grande richesse et la complexité de ce monde lusophone, portés par une élaboration et une fabrication extrêmement soignées.
Signalons qu’une carte blanche sera donnée aux éditions Chandeigne samedi à 13h30, Tour de la Liberté ! Anne Lima et Michel Chandeigne, ses deux fondateurs, ainsi que Mylène Contival, assistante éditoriale et auteur aux Editions Chandeigne, évoqueront la naissance et le fonctionnement de cette maison d’édition toute tournée vers la lusophonie, et les enjeux matériels et intellectuels liés à la publication d’œuvres étrangères en France.

Parmi les temps forts du salon littéraire, vendredi à 15h30, au Musée Pierre-Noël, Yves Léonard, historien et enseignant à Sciences Po Paris, Victor Pereira, historien, Valério Romao, romancier se réuniront pour évoquer « La révolution des œillets », révolte des militaires portugais qui mit fin à un demi-siècle de dictature salazariste.

Un Grand Entretien avec Gonçalo M. Tavares, poète romancier portugais considéré comme l’un des grands noms de la littérature contemporaine, aura lieu samedi à 14h00 dans le Grand Salon de l’Hôtel de Ville. Distingué à de multiples reprises dans le monde lusophone, il a reçu en France le Prix du meilleur livre étranger pour « Apprendre à prier à l’ère de la technique ». Son œuvre, récemment étoffée de « Mythologies » aux éditions Viviane Hamy, son dernier-né, est traduite dans une cinquantaine de pays, et donne à penser le monde autrement.

Sélectionné, en 2021, pour le Prix Femina Etranger, « Carnet de mémoires coloniales » aux éditions Chandeigne est le récit biographique d’Isabela Figueiredo, ouvrage dans lequel elle revient sur son enfance africaine, et propose un regard littéraire inédit et puissant sur l’expérience postcoloniale. La journaliste puis professeur, désormais exclusivement écrivaine, se prêtera au jeu du Grand Entretien dimanche à 15h30 Tour de la Liberté.

Projections et rencontres

Et quand le FIG fait son cinéma, cela se traduit par une projection-rencontre au Cinéma Excelsior, samedi à 16h00, celle de « La Cage dorée », comédie de Ruben Alves mettant en scène Maria et José Ribeiro, concierges portugais des beaux quartiers parisiens, auquel il est proposé un retour au pays. La projection sera suivie d’un échange avec l’une de ses actrices, Barbara Cabrita, dont le visage est connu de bon nombre de téléspectateurs. Fille d’un exilé portugais, elle s’est passionnée pour le sujet de l’immigration portugaise au point de préparer un documentaire, voire une série entière. Notons que la comédienne participera à d’autres rencontres, parmi lesquelles une table ronde réunissant Victor Pereira, historien, et Dulce Pimentel, géographe, samedi 1er octobre à 10h sous le chapiteau des Grands Moulins. Thème choisi ? « Le Portugal comme interface de migrations ».

Autre film à voir absolument, l’audacieux « Feu Follet » ! Présentée à la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, la comédie musicale signée Joao Pedro Rodrigues, sera diffusée le dimanche à 11h00. S’en suivra un échange avec Raphaël Nieuwjaer, critique du cinéma.

Expositions en cascade

Le FIG, c’est également toute une série d’expositions ! Parmi celles présentées cette année figure « Portugal », dans laquelle le collectif Chambre à part donne à voir les regards croisés de six photographes sur les deux grandes villes du Portugal, à raison de dix images par photographe accompagnées d’extraits d’auteurs portugais, Miguel Torga et Fernando Pessoa. Autre exposition présentée au sein du Musée Pierre-Noël, « Lisbonne » comprend vingt-cinq œuvres originales issues des collections de la BNF (les deux expositions sont à voir jusqu’au 1er janvier 2023).

Évoquons encore le « Sketch Tour Portugal », projet qui a invité 24 Urban Sketchers de diverses nationalités à partir en voyage et faire connaître le pays à leur manière. En 2021, le Sketch Tour nouvelle édition conjugue le dessin à l’écriture, et associe Uban Sketchers et écrivains portugais (œuvres à voir au Salon du Livre).

Au sein du Musée Pierre-Noël, une Fresque éphémère de AHENEAH se créera, en public, vendredi 30 septembre et samedi 1er octobre ! Jeune artiste urbaine portugaise, AHENEAH offre son histoire et sa vision des déserts en combinant points de croix appris de ses grands-mères et supports numériques et analogiques. Son travail, consistant à déconstruire une technique traditionnelle pour en faire un graphisme contemporain reliant les cultures et les générations, est visible au Portugal, mais également en Espagne, en France et au Royaume-Uni.

Du côté des déserts, l’exposition « Apprivoiser le désert : Trajectoires sahariennes » visible au cloître est fondée sur l’immense collection iconographique d’Alain et Berny Sèbe, père photographe de grands reportages et fils universitaire. Cette exposition combine l’image et la plume pour révéler pourquoi un biotope aussi exigeant peut se révéler fourmillant de vie…

Une épopée à vivre en famille

Les amateurs de spectacles vivants ne seront pas en reste ! Comme chaque année, le FIG fait la part belle aux prestations live et concerts.

Côté animations, tout a été pensé pour réjouir le grand public, en s’adressant à toutes les générations ! Vendredi à 19h45 au Musée Pierre-Noël, présenté par Agnès Pellerin, chercheuse, auteur d’un ouvrage intitulé « Le Fado » (Chandeigne), un concert de Fado réunira sur scène la chanteuse Tania Raquel Caetano, accompagnée de Philippe de Sousa à la guitare portugaise et de Pompeu Coehlo à la guitare classique. Tous trois reprendront des morceaux de grands maîtres de la guitare portugaise allant de Armandinho à Carlos Paredes, en passant par Jaime Santos, José Nunes ou Fontes Rocha.

Autre événement qui fera se presser les amateurs de musique sous le chapiteau des Grands Moulins samedi à 19h : « Fado pop ! », concert nommé d’après le nouvel opus de Carina Salvado, musicienne franco-portugaise. En trio guitare électrique, chant, contrebasse, celle qui incarne à merveille cette génération de fadistes réussissant l’exploit d’enrichir cette musique traditionnelle d’influences contemporaines rock, pop et jazz, fera découvrir au public sa musique moderne chargée d’un blues portugais.

Samedi à 17h00 et dimanche 2 octobre à 14h30, Cloître de la Cathédrale, la Compagnie Errance profitera d’une carte blanche. À l’aide de 12 cordes, Léonardo Ferreira, acrobate, se fera le trait d’union, poétique, entre son pays d’origine, le Portugal, et son pays d’accueil, la France.

Carte humaine géante et atelier Montgolfière

Si le temps le permet, Louis Marrou, géographe, vous invitera à le rejoindre samedi à 11h45 Place du Général de Gaulle, pour constituer une « Carte humaine géante du Portugal » de 30 mètres sur 15. Parmi les activités jeune public qui animeront, samedi et dimanche toute la journée, le Chapiteau dédié, « Ma Montgolfière en papier », atelier animé par Yves Fessler, de l’association Au grès du vent, invitera les participants à construire leur mini montgolfière en papier et à découvrir l’histoire du célèbre Portugais Bartolomeu Lourenço de Gusmeo, inventeur de l’aérostation, « machine volante » ancêtre de la montgolfière. De son côté, Quentin Armand, artiste plasticien, présentera ses dessins dans le cadre d’une exposition déployée à l’intérieur d’une véritable montgolfière !

À l’honneur sur tous les plans, le Portugal le sera également en matière de gastronomie, grâce à la présence aux fourneaux, tout au long de l’événement, de l’association franco-portugaise de Saint-Dié-des-Vosges ! Installée au sein du Parc Jean-Mansuy, elle vous proposera, dans une ambiance festive et conviviale, de savourer travers de porc, morue, poulet mariné, cochon de lait, et indépassables sardines grillées. Une proposition gourmande qui se complètera, Place du Marché, d’une épicerie portugaise. Installée en plein cœur du Chapiteau Gourmand, elle vous fera, elle aussi, découvrir produits et spécialités typiques ! 

Le Portugal s’apprend !

Depuis qu’il existe, le FIG n’a de cesse de vouloir nous faire découvrir, comprendre, apprendre. Cette année encore, il nous enseignera à regarder le monde différemment… et le Portugal, de plus près.

En cette saison menée entre déserts et Portugal, l’équipe organisatrice du Festival s’est, comme à son habitude, entourée de géographes et universitaires experts. S’agissant du Portugal, la programmation scientifique s’organisera autour de 6 tables rondes.

Vendredi à 11h au Cinéma Empire, « Portugal, inventer les valeurs du 21e siècle ! » fera le portrait d’une société portugaise prenant à bout de bras les grands enjeux de demain.

A 14h à l’IUT, « Lisbonne, Porto et le « désert » portugais ? » amènera les experts présents à discuter des déséquilibres du territoire portugais (Nord/Sud, littoral/intérieur) et du défi qu’ils représentent pour la société. A 16h à l’IUT, « Le territoire face aux incendies : regards croisés Portugal/France » relèvera de l’échange d’expériences sur des enjeux brûlants.

Samedi à 10h au Chapiteau des Grands Moulins, « Le Portugal comme interface de migrations » mettra en évidence le rôle de carrefour des migrations du Portugal, en analysant la nature et le sens des nouveaux flux migratoires.

A 15h au Chapiteau des Grands Moulins, « Portugal, le pays où murs et trottoirs parlent » dira à quel point azulejos, fresques politiques, street-art et peintures murales reflètent la créativité du pays.

A 16h45, au Temple, « Être jeunes au Portugal aujourd’hui » questionnera la façon dont les jeunes Portugais, toujours moins nombreux et toujours mieux formés, peinent à trouver leur place dans une société en mutation permanente.

Dimanche à 13h30, « Destination Portugal, atours et atouts touristiques » interrogera l’évolution du tourisme dans un pays considéré comme attractif, sûr et accueillant.

3 questions à Louis Marrou

Géographe, coordonnateur de la programmation scientifique sur le Portugal

Pourquoi avoir fait du Portugal le pays invité ?

Le FIG le voulait depuis longtemps ! Le Portugal compte de nombreux géographes, et entretient avec la France des relations fortes, dont témoigne la Saison Croisée France-Portugal. Durant onze mois, nous avons donc travaillé à mobiliser les géographes français spécialistes du Portugal ainsi que nos collègues portugais, dont une demi-douzaine ont répondu présents.

Ces experts ont-ils des points communs ?

En plus de compter parmi les plus grands spécialistes de leur domaine, ils sont capables de s’adresser au grand public, et pas uniquement à un public averti. Ils s’exprimeront tous en français.

Comment avez-vous bâti la programmation ? 

Autour de 6 thématiques : les jeunes, la langue, le Portugal en tant que destination touristique, le Portugal comme carrefour migratoire, l’invention de nouvelles valeurs… Aux conférences et tables rondes s’ajouteront des films portugais, des visites gratuites d’une heure du Portugal, à travers une carte géante dont nous jouerons les guides, à tour de rôle. Fortement impliquée dans l’organisation, l’association franco-portugaise de Saint-Dié participera également à l’accueil et à la qualité de la fête.

Propos recueillis par Cécile Mouton

www. fig.saint-die-des-vosges.fr • facebook : festival.international.geographie • Twitter : FIGSaintDie
Publireportage - Photos © Alain et Berny Sèbe, Philippe Matsas, Joana Caiano, R-Reddy Unsplash, DR