D’escales musicales en expositions temporaires, le festival Vand’Influences offre une occasion unique de découvrir ses voisins du monde entier dans une volonté affichée de partage et de Vivre Ensemble.
Sous un intitulé évocateur de « Vandoeuvre, cultures d’urgence », le festival Vand’Influences qui ouvrira ses portes du 1er au 11 février prochains est soutenu de par nombreux partenaires publics et associations. C’est sans doute parce qu’il est un événement encore en devenir dans le paysage culturel local, que ce festival affichant pourtant à sa 8e édition, passe cette année sous la forme d’une biennale (notamment pour des raisons budgétaires), au cœur de l’hiver.
L’année dernière, le premier concert fut marqué par les attentats du 13 novembre survenus le soir même du lancement mais tous les artistes avaient souhaité poursuivre l’aventure bien que le public se soit montré plus inquiet.
Pour cette nouvelle édition, c’est la promesse d’un voyage artistique partagé à travers le monde et ses cultures qui devrait être tenue. Ce voyage vous emmènera par la musique et les chants modernes et contemporains du Brésil au Maroc, de L’Espagne à l’Iran, de la Guinée aux Balkans. Des créations en tout genre sont attendues au travers de différents styles et médiums dans une volonté de passion et de partage.
Se déroulant en divers lieux de la ville mais aussi à Villers et à Nancy (notamment à la piscine ronde pour un concert dans l’eau exceptionnel), Vand’Influences mixe les cultures, les musiques, les histoires et se pose en rassembleur de la population ainsi qu’en défricheur de talents. Car si la tête d’affiche guinéenne Mory Kanté fera sans doute venir les foules, d’autres groupes et artistes sont plutôt méconnus. C’est ici justice qu’il leur est rendue par leur présence dans une programmation étonnante de richesses.
Entre village du festival, stands d’artisanat et librairies sans oublier une partie restauration et recettes traditionnelles lors des soirées, tout est prévu pour que ce rendez-vous rime avec ouverture d’esprit et découverte de l’Autre. A travers la participation de nombreuses associations vandopériennes, la manifestation proposera des expositions comme celle autour de masques Gabonais, instruments de musique et arts plastiques (notamment par le Club Arlequin et en lien avec les écoles et les MJC de la ville).
Côté tarif, un pass à 58€ permettra d’assister à l’ensemble des concerts mais les tarifs unitaires sont très accessibles (entre 6 et 20€) pour permettre à chacun de vivre des soirées enchantées.
Questions à Jean-Pierre Becker, adjoint à la culture
Quelle est la particularité de Vand’Influences ?
L’idée de départ était de profiter de cette exception incroyable qu’à Vandoeuvre d’être une ville aux 90 nationalités différentes, pour fabriquer un festival visant à promouvoir tout ce qui existe dans le monde en termes de musiques. Non pas le folklore mais plus sûrement les musiques contemporaines de tous les horizons. Pour cela, Vand’Influences porte bien son nom de festival des musiques et cultures du monde. Il offre la possibilité des découvertes inédites et de partages car au-delà de la tête d’affiche (Mory Kanté), peu de groupes sont connus. Il faudra donc prendre le pari de la découverte ! Pour ma part, j’ai mis tous les concerts à mon agenda.
A quel public s’adresse-t-il ?
A tout le monde bien sûr. Aux Vandopériens mais plus largement au public de notre métropole. C’est encore un petit festival, à la hauteur de nos moyens mais nous avons essayé de leur rendre accessible à tous. Il s’est aussi construit avec les acteurs de la vie culturelle à Vandoeuvre que nous soutenons, c’est quelque part une reconnaissance de leur travail.
Pourquoi est-ce évènement important pour Vandoeuvre ?
A Vandoeuvre, nous avons la scène nationale du CCAM proposant un éventail de spectacles contemporains de qualité, même si certains peuvent les juger parfois difficilement accessibles. Nous disposons aussi d’une belle école de musique et d’un grand orchestre d’harmonie. L’équipe municipale a à cœur de proposer à la population des grands concerts dans l’année, mais il manquait un rendez-vous autour des musiques actuelles du Monde s’adressant à toutes les communautés présentes sur notre ville. Ce festival vient compléter une offre riche. C’est aussi l’occasion de démontrer aux nombreux étudiants présents sur les campus vandopériens, qu’ils peuvent trouver ici, des manifestations diverses sans avoir besoin de descendre à Nancy.
Inch’Allah Baby
Le groupe « Temenik Electric » (4 musiciens pros basés à Marseille) sera sur la scène de la salle des fêtes le 11 février, jour même de l’anniversaire de Mehdi Haddjeri, leader et âme du groupe, en préparation de son 3e album. Leur concert promet d’être une explosion de sonorités orientales et de pop-rock anglais.
Vous chantez de l’Abarian Rock, késako ?
Je défends tous les jours l’idée de faire de la musique populaire et celle que je compose est directement inspirée du rock et du pop anglais mais aussi de la culture arabe et de mes origines algériennes. Temenik Electric est le fruit de ce mélange, c’est du rock, de la variété internationale chantée en arabe dialectal. Ma démarche est particulière car j’écris en français puis je fais traduire mes textes en arabe parlé avant de remettre les mots en musique.
A qui s’adresse votre musique ?
L’arabe comme l’anglais est une langue universelle qui se marie très bien au rock. La langue et les sonorités de notre 2e album « Inch’Allah Baby » sont un moyen d’expression basculant entre le fatalisme mystique des peuples du Maghreb et l’hédonisme classieux et arrogant du rock anglo-saxon. Mais allons plus loin, nous condamnons toute forme de communautarisme et nous nous adressons à tout le monde. Et ce d’autant plus qu’il existe en France une exception culturelle qu’il faut sans cesse défendre. Cette pluralité n’existe nul par ailleurs et c’est une richesse inouïe.
Votre musique et vos paroles sont-elles influencées par les évènements mondiaux ?
L’amour est bien sûr un thème central de mes compositions et je me nourris de ce que je vis et vois depuis ma tour à Marseille, du quotidien, de mes voyages, de la littérature française, des films mais aussi de ce qui ne tourne pas rond dans notre monde. C’est une sorte d’état des lieux mis en musique et tous ces thèmes sont abordés par le prisme essentiel de la fête.
Pourquoi est-ce important pour vous de participer à un festival comme Vand’Influences ?
Nous revenons du plus important festival de découvertes d’Europe qui s’est tenu aux Pays-Bas et nous voyageons beaucoup avec Téménik. Pour autant, notre passage sur la scène de Vandoeuvre sera notre première date en Lorraine. Nous n’étions jamais venus dans votre région auparavant. C’est important pour nous car notre volonté est de partager et diffuser notre musique aux quatre coins de la France et de porter des valeurs de partage toujours dans un esprit festif.
L’influence des masques africains
Berceau de l’humanité, l’Afrique fascine et son histoire est racontée partout dans le monde. Pour Chyc Polhit Mamfoumbi (originaire du Gabon), c’est même une nécessité que d’être ce relais et il s’y emploi dans son activité de « conteur africain » qu’il exerce notamment à Vandoeuvre.
A l’occasion du festival, il sera présent à double titre. Tout d’abord en tant que conteur lors de la journée d’ouverture « Zéphyr Grand Est » en lien avec l’association Respérance (le 1er février à la Pagode – quartier Vand’Est) où sera accueilli Jean-Charles Lemoy, double champion du monde de sculpture sur glace. L’artiste viendra partager avec les jeunes de la cité son expérience de vie et son goût pour l’art et les voyages et il sculptera un bloc de glace sur le thème du « Prince heureux », conte d’Oscar Wilde narré par Chyc Polhit.
Dans un second temps, notre conteur deviendra le montreur d’une collection de sept masques gabonais présentés du 2 au 11 février à la Ferme du Charmois (14h à 18h). De différentes cultures du Gabon, ils sont issus de sa collection particulière et de celle du grand reporter Paul de Zardain.
L’ambition de cette expo, axée autour du thème « Expressions primitives », est de permettre aux néophytes passionnés comme aux collectionneurs avertis d’assouvir leur passion de l’immémorial, en découvrant ces arts anciens porteurs d’un autre regard qui vient d’Afrique. L’exposition aborde également plusieurs sous-thèmes : la fonction des différents masques dans les sociétés africaines, les rites et conceptions du monde dans les cultures dites primitives, l’influence de ces masques sur l’art contemporain (comme le cubisme avec Matisse et Picasso).
De morphologie et de style varié, recouvert des pieds à la tête de tissus en raphia ou de feuille de brousse ou d’un pagne noir, le masque gabonais appartient avant tout à des sociétés initiatiques. On distingue les masques blancs mortuaires et les masques noirs judiciaires.
Programme
Mercredi 1er Février
Journée « Zéphyr Vand’Est »
Amphithéâtre de la Pagode, après-midi
Démonstration de sculpture sur glace par Jean-Charles Lemoy, double champion du monde de sculpture sur glace, autour du texte « Le prince heureux » d’Oscar Wilde raconté par le conteur africain Chyc Polhit
Soirée d’ouverture
Concert de l’ensemble Shanbhezadeh
MJC Nomade 18h
Précédé de la restitution de l’atelier musique et danse persanes, le groupe Saeid Shanbehzadeh fera découvrir la musique Afro-Iranienne. Cette dernière est le résultat du mélange de cultures, de croyances et d’influences. Saeid Shanbehzadeh lutte pour préserver ce patrimoine culturel immatériel qui se perd et se transforme, notamment par la transmission de ses connaissances aux plus jeunes.
Jeudi 2 Février
Vous avez dit primitifs ?
Exposition et spectacle par Guy Thévenon – Vernissage de l’exposition à 18h30, spectacle à 20h30 – Ferme du Charmois
Après 30 années de voyage au contact des tribus du monde, Guy Thévenon (musicothérapeute en pédopsychiatrie), nous emmène sur sa «planète sonore». Musicien averti, entouré de sa collection d’instruments (près d’un millier de pièces), il nous raconte le parcours ancestral de l’homme : de la découverte de la matière sonore originelle à la création des premiers instruments. Il nous offre ainsi un authentique voyage initiatique, riche en émotions et plein de sensibilité.
Vendredi 3 Février
Mory Kanté
Salle des Fêtes – Vandoeuvre 20h30
Chanteur mélangeant divers instruments traditionnels avec des instruments occidentaux, Mory Kanté est devenu l’un des interprètes les plus influents et les plus attachants de la musique africaine contemporaine, notamment avec le morceau « Yéké Yéké », qui adapte une danse festive traditionnelle de son village au rythme soutenu de dance populaire. Avec son dernier album « La guinéenne », il rend un hommage retentissant aux femmes de ce monde, trop souvent opprimées et négligées malgré tous leurs sacrifices, leur dévouement et le rôle central qu’elles jouent au sein de la société. « La guinéenne » marque aussi le retour de Mory Kante à la formule musicale emblématique du grand orchestre.
Samedi 4 Février
Après-midi
Musiques et contes par ‘Ensemble de Musique Al Gharnati Doujda ainsi que contes et chansons par Chyc Polhit, Typhaine Vary et Quentin Neto.
Espace Yves Coppens – Vandoeuvre 14h.
Déambulation musicale par l’Ecole municipale de musique de Vandoeuvre – Percussions.
Départ de Coppens – Arrivée à la Médiathèque 16h30.
Balade contée
aux 4 coins de la médiathèque Jules Verne à 17h30
Soirée arabo-andalouse
Ensemble de Musique Al Gharnati Doujda et atelier d’Erlanger (Maroc).
Ferme du Charmois – Vandoeuvre 20h30
L’Ensemble de musique Al Gharnati de la ville d’Oujda au Maroc, est composé d’une dizaine de personnes, dirigé par le maître Ahmed Thanthaoui. Il participe à la pérennisation et à la transmission de la musique gharnatie dont la colonne vertébrale est la « nouba andalouse » avec 5 mouvements chantés et instrumentés.
L’Atelier d’Erlanger de musiques instrumentales et chorales, créé en 1994 par Faouzi Bentara à Vandœuvre, puise son répertoire dans le patrimoine traditionnel des pays de l’Orient et du pourtour méditerranéen (en arabe, judéo-espagnol, turc, grec, macédonien…).
Dimanche 5 février
Concert de l’Orchestre d’Harmonie de Vandoeuvre
Salle des Fêtes – Vandoeuvre 16h
Mardi 7 Février
Soirée persanne
Ensemble Shanbehzadeh (Iran)
Centre culturel André Malraux 21h
Chants, danses, musiques et rythmes de transes, c’est ce que propose l’Ensemble Shanbehzadeh, le groupe le plus renommé du Sud de l’Iran. Il joue une musique très dynamique aux influences multiples : Persane, Africaine, Arabe et Indienne ; aux pouvoirs rythmiques et mélodiques très puissants.
Mercredi 8 Février
Akutuk le Pacte (Cameroun)
Piscine Ronde – Nancy 19h
Originaire du Cameroun, l’Akutuk est une technique de percussions aquatiques à mains nues, consistant à frapper la surface de l’eau comme un tambour. C’est un savoir-faire ancestral rendant hommage aux éléments de la nature pour leurs bienfaits. Dans ce spectacle l’Akutuk est sublimée par les voix des deux artistes : Loïs Zongo, accompagnée par Odile Barlier.
En première partie, Odile Barlier se produit en solo avec flûte à eau, calebasse et chant. A noter qu’une séance est réservée au jeune public à 16h.
Soirée Flamenco
Rafa Y La Cereza / Vuelta A La Fuente
Salle Les Ecraignes Villers-Lès-Nancy 20h30
Rafa y la Cereza ce sont six passionnés de flamenco le proposant dans sa plus pure expression : les chants, la danse, la guitare et les percussions. Une unité d’espace, une proximité des artistes, une mise en scène sobre et efficace à la fois.
Jeudi 9 Février
Soirée Flamenco – MJC Etoile 20h30
Vuelta a la Fuente
Vuelta a la fuente est un trio nous promenant des sables chauds ibériques aux tablaos endiablés. Quand ils se rencontrent, flamenco, chants séfarades et sud-américains hérissent le poil, réchauffent le cœur ; un dialogue musical porté par le touché simple et redoutablement efficace de la guitare d’Alanito.
Vendredi 10 Février
Soirée Voix particulières – Salle des Fêtes 20h30
Tiganà Santana
Tiganá Santana avait l’intention de devenir diplomate dans son pays, le Brésil, avant de choisir la musique. Les paroles de ses chansons sont profondément philosophiques et mystiques, liées à la religion afro-brésilienne du candomblé. Son troisième et nouvel album Tempo et Magma (Ajabu-L’Autre distribution, 2015) est le résultat d’une convergence musicale et culturelle profondément enracinée au Sénégal.
Aynur & Endless duo
Aynur incarne le renouveau de la musique kurde. Elle est accompagnée du Endless duo : Salman Gambarov (piano) et Cemil Qocgiri (tembur, cure et dîvan). Ses compositions se fondent sur le répertoire traditionnel auquel elle apporte modernité et sa touche personnelle, empreinte des nombreuses influences musicales qui ont façonné son style, et qu’elle sublime de sa voix puissante et envoûtante, enragée et nostalgique.
Samedi 11 Février
Soirée festive – Salle des Fêtes 20h30
Tram des Balkans
Le groupe Tram des Balkans est composé de cinq musiciens. Avec leur style Pop’n Trad ou Vibration Est-Ouest aux accents Pop et énergie Rock’n Roll, il a développé la fougue et la folie partageuse des artistes qui savent ce qui leur fait du bien !
Temenik Electric
Plébiscité par la critique internationale pour son premier album, Temenik Electric revient avec Inch’Allah Baby, 10 titres irradiés d’Arabian Rock, amplifiés par le vent sec et chaud du sirocco, serti d’une pop futuriste aux embruns de western oriental.