De Poirel à Mon Désert

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Gribouillis, Cie La Mâchoire 36 © DR

Sortes de Yin et de Yang de la culture vivante à Nancy, l’Ensemble Poirel et le Théâtre de Mon Désert ont pour points communs leur gestionnaire – la Ville de Nancy – et leur volonté de faire bouger les lignes. Présentation…

L’Ensemble Poirel

Situées au cœur de Nancy, la galerie et la salle Poirel composent à elles deux l’Ensemble Poirel, lieu de culture vivante. Inauguré en 1889 par Victor Poirel, en présence des augustes Emile Gallé, Victor Prouvé, Louis Majorelle et Emile Friant, il trouve immédiatement son public. Désormais géré par la Ville de Nancy, l’Ensemble Poirel brille par sa programmation dense et éclectique faite d’expositions et de spectacles vivants.

La salle Poirel – Ses murs mythiques accueillent, chaque saison, plus d’une centaine de spectacles professionnels, et jusqu’à 800 spectateurs par représentation… Construite comme un auditorium, la salle Poirel est reconnue et appréciée pour la qualité de son acoustique. Quant à sa programmation, qui mêle chanson, jazz, musiques du monde, récitals, musique de chambre et musique symphonique, nous verrons plus loin qu’elle est l’œuvre collective de la Ville et de ses partenaires..

La Galerie Poirel – Garantissant « la place et la lumière », elle accueille, pour son premier salon, des œuvres de jeunes artistes lorrains prometteurs – Prouvé, Friant et Voirin – en même temps que celles de Monet, Manet et Renoir… Depuis lors, la galerie Poirel, aux lignes architecturales remarquables, est régulièrement le lieu de grandes expositions.

Le Théâtre de Mon Désert

Ex-Théâtre de la Cuvette, il est renommé, en 2003, d’après le nom, plus protocolaire, de la rue qui l’abrite… Lieu de spectacles, de rencontres et de vie, le Théâtre de Mon Désert est animé, depuis sa création, de la noble ambition de soutenir la création et la diffusion des compagnies locales, tout en favorisant la rencontre entre les publics et les différentes cultures… D’une jauge de 90 places assises et 200 places debout, il se distingue par son ambiance intimiste et conviviale.

Poirel / Mon Désert, portes (grand) ouvertes !

En cette saison de redémarrage, la salle Poirel et le Théâtre de Mon Désert font fort, très fort ! Voici un aperçu des spectacles prochainement à l’affiche, complété de quelques pépites annoncées…

Au Théâtre de Mon Désert, le dispositif « Ça répète à Nancy », accessible sur inscription ([email protected]), vous ouvrira gratuitement les répétitions publiques de :

Elle chie dans la colle, des Productions de l’Enclume, pièce qui mélange chant, projections de dessins animés, éclairages, sons, absurde et souvenirs de l’enfance… Vendredi 8 octobre à 18h00.

Un beau ténébreux, par la Compagnie 19 juillet, pièce inspirée du roman éponyme de Julien Gracq sur l’influence d’Allan, beau ténébreux qui fascine et attire, et de Gérard, narrateur soudainement sorti de son désœuvrement… Lundi 15 octobre à 18h00.

Salle Poirel & NJP

Et dans le cadre d’un partenariat fidèle de quarante ans, Salle Poirel & NJP présentent :

Michel Portal : pour ses 85 ans, ce clarinettiste et saxophoniste de génie signe, après dix ans d’absence, un nouvel opus magistral, qu’il interprète entouré d’un quintet de haut vol… Mercredi 6 octobre à 20h00.

Le Trio Joubran : Nazaréens issus d’une longue lignée de luthiers, ils partagent leur maîtrise de l’oud, instrument traditionnel joué, pour l’occasion, à six mains… En deuxième partie, Jean-Marie Machado, pianiste jazzman, interprétera, en quartet, la playlist de sa vie… Jeudi 7 octobre à 20h00

Miossec : en s’appropriant des chansons qu’il avait écrites pour d’autres, le chanteur brestois sera au centre d’un show convoquant à la fois nostalgie et tendresse… Suite à quoi La Chica, chanteuse et musicienne franco-vénézuélienne, donnera à entendre, en espagnol, la pop électronique de son premier album, Cambio, ode sensible et engagée au multiculturalisme… Vendredi 8 octobre à 20h00.

Vincent Peirani (accordéoniste) & Emile Parisien (saxophoniste), duo de musiciens fusionnels, immergeront les spectateurs dans Abrazo, bouillonnant projet aux influences tango… Puis Lionel Loueke, étoile de la scène jazz et guitariste de génie, rendra hommage à Herbie Hancock de façon toute personnelle et époustouflante… Samedi 9 octobre à 20h00.

et Dick Annegarn : dans Söl, son dix-huitième album studio, qui s’annonce solitaire et solo, le chanteur donne à entendre sa voix, ses textes et sa guitare de façon plus brute que jamais ! Mardi 19 octobre à 20h00.

Humour et variété

Et puis, fidèle à sa tradition, la salle Poirel prêtera sa scène, tout au long de la saison, à de nombreux humoristes, parmi lesquels Jérémy Ferrari, Patrick Timsit, Paul Mirabel, Max Bird, Pierre-Emmanuel Barré, Laurent Baffie, Camille Chamoux, Thomas VDB, Laurie Perret, Marie s’infiltre, Vincent Dedienne, ou encore Djamil le Shlag… tandis que de grands noms de la chanson – I Muvrini, Louis Chedid, Ben Mazué, Yves Jamait, Roch Voisine, Linda Lemay… – y feront un retour remarqué. A cela s’ajoutent des concerts de musique classique et des morceaux savamment choisis de pièces contemporaines… Si l’embarras du choix est quelque part, c’est bien ici !

« Nous vous attendons ! »

Comment se fabrique une programmation ? A quoi s’attendre en cette saison culturelle 2021/2022 ? Rencontre avec Emmanuelle Giraud, Directrice adjointe de l’ensemble Poirel/Théâtre de Mon Désert.

Groupe Poirel © DR

Comment se construit la programmation ?

La salle Poirel étant une salle municipale, sa programmation est définie par la Ville de Nancy en lien avec ses partenaires, parmi lesquels L’Opéra national de lorraine – qui propose chaque année une saison de concert et 80 jours de résidence – ainsi que des associations conventionnées. Depuis quarante ans, quatre soirées annuelles sont dédiées aux NJP, en plus de concerts pédagogiques. Pour le reste, nous travaillons en lien avec des producteurs privés, qui nous apportent, en plus d’un regard vers l’extérieur, une programmation grand public faite de one-man-shows et de grands noms de la variété musicale. 

D’autres éléments sont pris en compte dans le nombre de levers de rideau annuels : le niveau de disponibilité des équipes – elles interviennent également sur le théâtre de Mon Désert –, celui de fréquentation du public, et le nécessaire équilibre à trouver avec les autres structures culturelles nancéiennes. Régulièrement, nous nous consultons entre nous, de manière à proposer le paysage le plus attractif possible tout en respectant les temps forts de chacune.

Vous est-il déjà arrivé de refuser un spectacle ?

En dix ans d’exercice de mes fonctions, c’est arrivé une seule fois, pour un concert prosélyte de post-rock américain à tendance évangéliste… Si la présence sur scène d’un humoriste ou d’un chroniqueur particulièrement politisé questionne la fonctionnaire territoriale que je suis, j’en réfère aux élus, qui ont la charge de trancher. Mais le champ de l’humour est vaste et les producteurs ont d’eux-mêmes la sagesse de ne pas nous proposer certaines choses…

La période post-Covid s’annonce-t-elle dense ?

Plus qu’elle ne l’a jamais été ! Aux nouveaux spectacles s’ajoutent ceux dont nous avions choisi de permettre le report, afin de soutenir au maximum le tissu économique du spectacle vivant, que nous savions fragilisé pour plusieurs années… Nous avons également travaillé, avec les élus, à baisser le tarif de location de la salle, en ne reportant pas les coûts de contrôle et de sécurité. Et si pour l’heure, pass sanitaire et masque restent obligatoires, nous sommes revenus à une jauge normale et mettons donc en vente 800 tickets par représentation. Ce public, nous sommes prêts à le recevoir. Nous vous attendons !

Un coup de cœur de cette saison ?

Sans conteste, les dispositifs « ça joue à Nancy » et « ça répète à Nancy », par lesquels la Ville de Nancy, via notre service de développement culturel, accompagne les créateurs financièrement et en outils de production et de résidence. « Ça répète à Nancy » est une manière, pour nous, d’aider la filière du spectacle vivant en accompagnant la production d’un spectacle et « ça joue à Nancy », de faire connaître ces artistes du public.

Propos recueillis par Cécile Mouton

 « Ça répète/joue à Nancy »Favoriser la création et la rencontre

Mis en place depuis trois ans à Nancy en vue d’accompagner la création tout en favorisant l’interaction entre les artistes et leur public, le double dispositif bénéficie cette année à sept compagnies professionnelles, qui se voient ouvrir une résidence au Théâtre de Mon Désert.

Gribouillis, Cie La Mâchoire 36 © DR

En contrepartie, ces compagnies doivent montrer à qui veut le voir, à travers des sessions de travail publiques, leur spectacle en cours d’élaboration évoluer et s’affiner… Selon le moment de la création, les spectateurs assisteront donc, à l’issue de chaque résidence, à une lecture, à l’exploration d’un point de mise en scène, ou au spectacle quasi-fini… Ce moment suspendu sera suivi, quasi-systématiquement, d’un échange animé par le chargé de développement des publics. Pour Emmanuelle Giraud, directrice adjointe de l’ensemble Poirel et du Théâtre de Mon Désert, le procédé a le net avantage, en plus de favoriser la création artistique, de générer du lien. « C’est une manière, pour le jeune public ou les spectateurs intéressés par le processus créatif, de voir une pièce se construire, et de contribuer, par leurs retours directs, à un processus créatif à l’œuvre… Et puis en posant ce cadre, nous créons les occasions de la rencontre, et faisons battre à l’unisson cœurs de spectateurs et cœurs d’artistes ».

Prolongement naturel de « Ça répète à Nancy », « Ça joue à Nancy » donnera l’occasion aux troupes accompagnées de se produire, une fois leur spectacle écrit, travaillé, finalisé et répété, au sein de la salle Poirel ou du Théâtre de Mon Désert, mais aussi des établissements scolaires, salles municipales et autres lieux adaptés…

Cécile Mouton

A l’Affiche
En cette saison 2021/2022, quatre spectacles issus de cet accompagnement seront visibles sur scène :
Le Reste est silence, de la Compagnie Tout va bien, qui mélange acteurs professionnels et personnes en situation de handicap dans un spectacle émouvant issu d’improvisations-maison convoquant les plus grands textes de Shakespeare… Salle Poirel, dimanche 7 novembre à 18h00.
Écrites au Moyen-âge à un amant parti, Les lettres d’amour de la religieuse portugaise mettent en scène Gaël Leveugle (compagnie Ultima Necat) et une scénographie glacée au service d’une esthétique pure et très intense. Salle Poirel, vendredi 12 novembre à 20h30.
Gribouillis, œuvre fantastique montée par la compagnie La Mâchoire 36, enchantera les enfants dès 6 ans ! Une entrée à l’intérieur de la tête de deux comédiens et, au final, un chef-d’œuvre d’art plastique… Théâtre de Mon Désert, mercredi 17 novembre à 11h00 et 16h00.
Dans Les Arts ménagés, de la Compagnie Brounïak, Camille Perrin, en habit de clown-speakerine, essaie de vendre une cuisine… Un spectacle subversif à déguster sur place ! Salle Poirel, samedi 20 novembre à 20h30.

Photos © Lucile Nabonnand, Frédéric Toussaint, Louisa Cerclé, DR