Croquez le Jardin du Michel à pleines dents

1306

Le week-end des 3, 4 et 5 septembre, les festivaliers vont faire leur retour à Toul pour profiter du Jardin du Michel. Un festival qui promet d’offrir une vraie bouffée d’air après une période compliquée avec à la clé toujours de belles découvertes musicales.

Deux ans et trois mois sans Le Jardin du Michel (JDM), c’est long ! Alors forcément, à quelques semaines de la reprise du festival, l’excitation des retrouvailles monte en puissance. Autant du côté des festivaliers que de celui des organisateurs, qui ont encore une fois, une belle programmation à l’affiche pour cette 16e édition. « Cette année, nous avons une programmation 100 % française et francophone, avec plus de la moitié des groupes qui sont des locaux », indique Marilyn Tona en charge de la communication du Jardin du Michel. Une petite subtilité liée au flou artistique qui a longtemps régné sur l’organisation du festival. L’équipe du Jardin du Michel a donc préféré assurer le coup et miser sur les artistes nationaux restant dans sa volonté de donner une esthétique musicale différente à chaque soirée. 

Trois soirs, trois ambiances

Si la 16e édition du Jardin de Michel est limitée au vu du contexte, elle se tiendra et c’est déjà une petite victoire pour les organisateurs qui ne boudent pas leur plaisir de retrouver leur public. Ils poursuivent sur la dynamique influée depuis le début du festival avec une thématique pour chaque soirée. Ça commence fort dès le vendredi soir avec les sonorités rock des groupes Bandit Bandit, KO KO MO et Last Train, mais aussi du Reggae avec en tête d’affiche Naâman. En fin de soirée, comme le veut la tradition du JDM, c’est électro à gogo avec Dirtyphonics. « Petit à petit, au cours de la soirée, on monte crescendo… Nous programmons toujours de l’électro en fin de soirée », indiquent Marilyn Tona et Pierre Maffeis, président du JDM. 

Jardin du Michel, édition 2019 @gnik.fr

Le samedi sera dédié au rap et au hip-hop avec la petite fierté de l’équipe de retour sur le devant de la scène. « Nous avions programmé le rappeur KIKESA en artiste découverte en 2018, depuis il a explosé ! Il revient en tête d’affiche sur la grande scène sur cette édition », précise Marilyn. En soirée, le groupe électro French Fuse proposera une musique pour le moins atypique, concoctée à partir de sons du quotidien, de publicité et de Tic-toc. Pour terminer le festival, rien de tel qu’un retour aux sources dans une ambiance plus familiale avec en tête d’affiche l’incontournable Tryo mais aussi La Rue Kétanou, qui avait notamment participé à la toute première édition du festival. 

Le Corner, un nouvel espace

Deux scènes viendront animer cette édition un peu particulière. La première est la plus connue, puisqu’il s’agit de la Scène du Michel qui accueille la majorité des artistes. La seconde renommée le Corner est une nouveauté de cette année. Elle va notamment accueillir les artistes locaux de La Zintrie, mais également diverses animations programmées le dimanche. Les festivaliers pourront y apprécier des soirées animées par les DJs de La Zintrie, mais aussi une battle de Breakdance ainsi qu’une fanfare « La Batucada del Sol » qui promet de ramener soleil, ambiance et bonne humeur sur Le Jardin de Michel.

Jardin du Michel, édition 2019 @gnik.fr

Un dossier de Marine Prodhon

Infos pratiques, mesures sanitaires et billetterie sur www.jardin-du-michel.fr
Tarifs : 32 € par jour (hors frais de location), les Pass 3 Jours sont épuisés.

Programme JDM 2021

VENDREDI 3 SEPTEMBRE 

Naâman 
Last Train ; Dirtyphonics ; Biga*Ranx ; KO KO MO ; Bandit Bandit ;
La Zintrie avec Janovski ; Toxic ; Awild ; Axmos Kx Chronicles

SAMEDI 4 SEPTEMBRE

KIKESA
47Ter ; Demi Portion ; French Fuse ; Bobine de Cuivre ; Seluj & Léon X Shoka ;
La Zintrie avec Titvs ; Zeleke ; Teh Climax ; Madadrive ; Asthm

DIMANCHE 5 SEPTEMBRE

TRYO
La Rue Kétanou ; Lyre le Temps ; Bootleggers United ;
La Place du kif ; Morik ; DJ Zebra ; DJ Prosper

Les partenaires : l’engrais d’un festival réussi

Pour mener à bien sa programmation et son envie de valoriser les talents du territoire, le JDM peut s’appuyer sur le dispositif 54Tour. Celui-ci accompagne les groupes locaux et les met en lien avec les structures culturelles du territoire. « Nous avons à cœur d’accompagner ce dispositif, c’est aussi le but des festivals de croire en leurs groupes locaux et de les programmer pour qu’ils puissent se faire connaitre» souligne Marilyn Tona. Dans ce sens, à chaque édition, Le Jardin du Michel inclut un ou deux groupes de ce dispositif. Cette année, ce sont Morik et Bobine de Cuivre qui se produiront sur la Scène de Michel, les soirées de samedi et dimanche. 

Si le JDM pense à ses musiciens, il n’en oublie pas pour autant ses festivaliers. Un partenariat existe avec la SNCF et permet à ceux qui prennent le temps et viennent parfois de loin de bénéficier d’un retour à 1€ seulement. Pour cela, il suffit d’avoir le même trajet aller et retour et de montrer son billet de festival. Une initiative qui risque d’en réjouir plus d’un. 

Si le JDM pense à ses musiciens, il n’en oublie pas pour autant ses festivaliers. Un partenariat existe avec la SNCF et permet à ceux qui prennent le temps et viennent parfois de loin de bénéficier d’un retour à 1€ seulement. Pour cela, il suffit d’avoir le même trajet aller et retour et de montrer son billet de festival. Une initiative qui risque d’en réjouir plus d’un. 

Entretien – Tryo : « Notre terroir, c’est la scène »

Vous êtes l’une des têtes d’affiche du Jardin du Michel qui fait son retour après une année compliquée. Quel est votre ressenti de pouvoir à nouveau profiter des festivals et du public ?

C’est une grande joie ! Quand le premier confinement est arrivé, nous devions fêter les 25 ans en grande pompe à Bercy et tout a été stoppé net. Le Jardin du Michel nous avait programmés et nous sommes ravis de le retrouver, car c’est un festival qui nous a toujours portés. Dès qu’ils ont eu le feu vert, c’était évident pour Tryo d’être là. Il y a besoin de solidarité entre les artistes et les professionnels du métier, mais aussi du public. Les festivals ont repris, alors venez soutenir la culture !

Comment Tryo traverse cette crise singulière ? En mode guerrier, à l’image de votre dernier album « Chants de bataille » ? 

Nous avons pris le temps d’écrire et composer un nouvel album durant cette période. Nous avons aussi préparé le live et organiser des apéros sur Facebook avec des soignants, des gens de notre public ou encore des artistes que nous invitions pour débattre mais aussi jouer de la musique.

Tryo est connu pour faire passer des messages engagés en douceur sur un rythme reggae. Quels sujets avez-vous abordés dans « Chants de bataille » ?

C’est un album assez sociétal, pas revendicatif. On y parle des questions du moment comme l’écologie, la place de la femme, la condition animale, mais aussi du vivre-ensemble. « Chants de bataille » s’adresse à la jeunesse et reprend leurs combats « me too », écologique, ou encore face au harcèlement scolaire. Nous avons fait évoluer les sonorités sur celui-ci, avec le côté organique (voix, guitares) propre à Tryo associé à des sons plus contemporains (basses, clavier et quelques machines).

Tryo n’a jamais aussi bien porté son nom. Comment avez-vous vécu le choix de Manu de se retirer du groupe ? 

Ça a été une dure nouvelle. Après 25 ans de vie commune, Manu avait besoin de vivre autre chose. Les portes lui sont restées ouvertes et il sera avec nous à Bercy pour fêter les 26 ans. Nous sommes désormais dans une autre dynamique avec des musiciens sur scène. Son départ, nous a poussés à voir les choses différemment. Nous sommes tous joyeux – lui comme nous – et c’est le principal.

Tryo devait fêter ses 25 ans cette année, finalement, vous fêterez les 26, l’année prochaine ? Et quel est le secret de Tryo pour perdurer dans le temps et parler à toutes les générations ? 

Nous sommes toujours dans la continuité du spectacle initialement prévu. On les fêtera le 12 février à Bercy et nous remercions tous les gens qui ont conservé leur billet. Après, on espère repartir en tournée, car notre terroir, c’est la scène ! C’est là que l’on est bien et où on s’exprime le mieux. Je ne sais pas si on a un secret, mais nous sommes toujours habités par la chanson sociétale et nous avons la chance de nous nourrir de nos voyages et des rencontres que l’on peut faire. De plus, il y a du plaisir, de l’amitié, et la manière dont on a construit notre histoire qui nous permet une certaine liberté. Enfin, il y a naturellement le public qui se renouvelle de génération en génération et qui nous pousse à continuer.
Propos recueillis par Marine Prodhon

De la jeune pousse à la pépinière de talents

Jardin du michel – Vincent Zobler | Photographe à Nancy, France

Au Jardin du Michel, il y a chaque année, un petit jeu qui régale les festivaliers. Ici, on ne joue pas au traditionnel « Où est Charlie ? », mais bien à « Où est Michel ? » afin d’avoir sa photo avec la mascotte d’un des festivals les plus incontournables du Grand Est. Michel existe bien, ça vous en bouche un coin ! Et c’est effectivement, dans son jardin de Bulligny en Meurthe-et-Moselle, que la belle aventure a débuté en 2005 avec sa bande de copains. Plus précisément, au fond de celui-ci ce qui a valu au festival de s’appeler ses premières années : « Au fond du Jardin du Michel ». Logique. 

Choyé par une équipe de passionnés aux petits soins, le festival a poussé… Et plus il poussait, plus cette équipe grandissait. Aujourd’hui, la jeune pousse du jardin de Michel est devenue un grand festival qui accueille en temps normal, près de 8 000 participants par jour et des grands noms de la musique, tout en gardant, ses valeurs de promotion d’un territoire et de ses jeunes talents. Des talents, il en a d’ailleurs révélé plusieurs aux yeux du grand public. Le dernier en date, le rappeur KIKESA, qui a lui aussi grandi depuis son passage en 2018 en tant qu’artiste découverte. Pour cette édition, voilà le rappeur nancéien sur la Scène du Michel, qui plus est en tête d’affiche de la soirée du samedi. Un festival qui ne pourrait pas avoir lieu sans la mobilisation de près de 400 bénévoles qui viennent renforcer l’équipe le week-end du festival. 

Et Michel, dans tout cela ? Il est toujours là, bien entouré. Peut-être aurez-vous la chance de le trouver lors de la prochaine édition en train d’œuvrer pour que l’histoire continue.

Jardin du michel ©Louise Larose

3 questions à Pierre Maffeis, Président de la SCIC Turbul’lance, coopérative gestionnaire du Jardin du Michel.

Vous avez repris la présidence de Turbul’lance quelques mois avant l’apparition de la crise sanitaire. Comment avez-vous vécu cette période très particulière et incertaine pour le monde culturel ? 

La reprise de l’association n’a pas été facile, car la Covid est arrivée trois mois après… Ce n’est pas évident de se retrouver dans cette ambiance que l’on connaît depuis plus d’un an. Malgré une équipe soudée (plus d’une vingtaine de personnes sur l’année) et une bonne ambiance, nous avons été en difficulté et avons dû affronter le flou artistique permanent et la distance, tout en sachant que notre objectif est d’animer le territoire à travers la culture et la musique, mais aussi de créer des relations sociales. A distance, ça devient très compliqué !

L’édition 2020 a été annulée, celle de 2021, repoussée à début septembre. Dans ce contexte, comment avez-vous assuré la gestion de la reprogrammation des artistes ?

Depuis un an, on a réfléchi à beaucoup de possibilités en fonction de l’évolution de la situation sanitaire. En mai, on a aperçu une éclaircie avec les réouvertures progressives et nous avons fait le choix de décaler le festival à septembre pensant qu’il serait plus facile de l’organiser. Finalement, entre juin et septembre, les problématiques sont restées les mêmes. Nous avions axé sur une programmation 100 % française partant sur l’hypothèse qu’on ne connaissait pas les modalités des autres pays pour faire venir des artistes internationaux. Nous avons essayé de maintenir un maximum d’artistes qui étaient prévus sur l’édition 2020, mais pour certains, ils étaient déjà pris sur une autre tournée en septembre 2021. La programmation a été construite avec toute l’équipe, prenant en compte les sensibilités de chacun. Elle est éclectique et à l’image de l’équipe qui l’a réalisée.

Comment envisagez-vous ce retour du festival du Jardin du Michel ?

On a déjà pu voir que d’autres festivals avaient repris et que le public avait répondu présent. Le nôtre n’a qu’une envie, c’est de pouvoir profiter d’une programmation sur laquelle nous avons longtemps travaillé. Nous n’avons pas vu nos festivaliers depuis plus de deux ans et nous avons vraiment hâte de pouvoir retrouver tout le monde.

JDM 2019 ©gnik.fr