Organisé tous les 2 ans, Là-haut sur la Colline revient du 29 juin au 2 juillet pour un moment de convivialité et de partage où l’on se rassemble.
« La culture au service du vivre ensemble ». Pour sa 7e édition, le festival Là-haut sur la Colline reste fidèle à ses convictions en proposant un événement profondément humaniste, perché sur la Colline de Sion. « C’est un lieu magnifique qui nous permet de prendre du recul par rapport à notre quotidien et aussi de prendre de la hauteur avec un paysage à couper le souffle » détaille Michel Petitdemange, président de l’association Festi Live, société organisatrice. Deux ans d’attente, c’était long. Mais l’attente en valait la peine ! Cette année, 4 jours de fête du 29 juin au 2 juillet organisés en 3 temps : une réflexion autour du thème « les jeunes entre radicalité et fraternité… Vers quel choix ? », une rencontre avec les personnes impliquées dans le projet et des concerts mêlant têtes d’affiche et scènes régionales. « L’objectif est d’oser aller à la rencontre de ceux que l’on ne côtoie pas habituellement. C’est la marque de fabrique de l’association. Faire tomber ces murs qui fragmentent la société. Car ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous désunit » insiste Michel Petitdemange. Depuis toujours tournée vers la jeunesse, l’association, en plus de ses 20 bénévoles, s’entoure d’une centaine de jeunes issus des quartiers défavorisés et de migrants mineurs isolés pour construire ensemble ce projet et mettre sur pied le festival.
Appel à la fraternité
Coup d’envoi le jeudi 29 à 18h30 avec une pièce de théâtre intitulée « Djihad » écrite par Ismaël Saïdi. Ben, Reda et Ismaël, 3 jeunes bruxellois décident de partir combattre en Syrie au nom de leur religion. De Schaerbeek à Homs en passant par Istanbul, ils découvrent les raisons qui les ont poussés à partir et doivent faire face à une situation beaucoup moins idyllique que prévue. « C’est une pièce qui caricature la radicalité, très drôle et accessible. Elle est remarquable car elle montre bien ce mécanisme d’idéalisation puis de désillusion » explique le président de l’association. Puis vient le moment de la grande conférence sur le thème de cette édition 2017. « Il s’adresse surtout aux jeunes, mais pas que. C’est un thème grave, essentiel, mais que l’on souhaite optimiste. On veut lancer un appel vibrant à la fraternité, qui doit résonner sur toute la Lorraine et bien au-delà, pour un moment fort et puissant. » Pour récréer cette ambiance de dialogue, Jean-Louis Sanchez, le fondateur de l’observatoire national de l’action sociale décentralisée mais aussi Marek Halter, écrivain juif d’origine polonaise naturalisé français en 1980 ou encore Dominique Potier, créateur d’Esprit Civique seront présents. Autre moment fort de cette inauguration : le lancement de la caravane pour la laïcité et les valeurs de la République par l’Association de Culture Berbère (ACB 54) qui démarrera son pèlerinage à Sion.
Programmation intergénérationnelle
Après Abd al Malik, Louis Chedid ou Jacques Higelin, place cette année à une nouvelle programmation musicale tout en éclectisme. « Avec la musique, on recrée de l’émotion positive en invitant des artistes qui construisent des ponts plutôt que des murs ! » s’enthousiasme Michel Petitdemange. Bernard Lavilliers sera présent le samedi soir accompagné de son ami et complice Dominique Mahut. Chanteur engagé, il livrera un concert intimiste et chaleureux. Au programme de cette même soirée, la rappeuse Keny Arkana. « C’est une fille qui a été placée en institution, qui a su s’en sortir grâce à la musique. Elle est un véritable symbole pour les jeunes » explique Olivier Hillmeyer, directeur artistique du festival. Le dimanche, Gaël Faye investira la scène de Sion. Goncourt des Lycéens en 2016 avec son livre « Petit pays », cet auteur-compositeur remarquable vous embarquera dans son univers avec une poésie réaliste et des sonorités envoûtantes. Enfin, la chanteuse israélienne Noa viendra spécialement de Jérusalem. « Elle représente parfaitement l’esprit du festival puisqu’elle est ouverte au dialogue avec les palestiniens, nous sommes ravis de l’accueillir » ajoute Olivier Hillemeyer. Elle a chanté aux côtés des plus grandes stars, de Sting à Stevie Wonder en passant par Quincy Jones. Une programmation intergénérationnelle donc, pour tous les publics, mélangeant différents styles mais toujours dans cette philosophie humaniste qui tient tant à cœur au festival.
Echanger et débattre
Pour mettre en avant cette dimension du « vivre ensemble », Là-haut sur la Colline propose, le samedi et le dimanche, plusieurs forums en accès libre pour échanger et débattre autour d’un même sujet. L’association Michel Dinet animera un forum sur la participation citoyenne. Le développement durable sera aussi évoqué avec le Conseil Départemental et Rachid Oulebsir venu spécialement de Kabylie pour parler de l’esprit paysan. Jean-Marie Schléret, signataire en 1999 du premier appel à la fraternité proposera un forum sur la laïcité et la fraternité en compagnie de Roy Moussali, responsable de l’Arche Jean Vanier à Damas. Mondialisation et spiritualité seront aussi des thèmes abordés.
« Les concerts, c’est la partie festive où l’on s’éclate pendant la soirée ! L’après-midi, on aménage des temps de rencontre et de partage avec des ateliers gratuits d’initiation découverte » développe Michel Petitdemange. Au programme, sur le thème de la nature, la ferme du Pichet montrera la transformation du blé en farine et la fabrication du savon. Des jeux en bois seront mis à disposition par La mince affaire, Jeux et tartines proposera un parcours sensoriels et des jeux de société seront prêtés par la taverne du Gobelin. Les secrets du papier marbré seront dévoilés par Zeynep Uysal Kog et le collectif Cent Cibles vous invitera à imaginer et à composer une plante à partir de motifs végétaux. Et bien d’autres surprises encore sont à découvrir… L’équipe de Festi Live espère accueillir 15 000 festivaliers cette année, animés par ce « désir de fraternité et de bienveillance, plus que jamais nécessaire ».
Plein feux sur la scène régionale !
Les artistes locaux et régionaux auront la chance cette année de se produire sur la même grande scène que les têtes d’affiche du festival. « Nous voulions leur donner cette visibilité car ils ont tout autant de talent et ils le méritent » souligne le président de l’association. Au programme Les Sans Voix, un groupe de rock Varois créé par Piero Sapu (Les Garçons Bouchers). Il décide de mettre son talent de parolier et son charisme scénique au service des oubliés, ceux qui nous n’entendons pas ou que nous n’écoutons pas. Radio Elvis, la révélation rock des Victoires de la musique 2017 seront présents sur la Colline de Sion pour un concert endiablé tout comme Mauvaise Graine, un groupe spinalien aux compositions reggae et hip-hop aux sonorités funk et pop. La Casa Bancale livrera sa vision décalée et fraternelle de la musique et Stratégie de Paix proposera ses textes engagés. « Ce sont des artistes très faciles d’accès. Ils seront présents dans l’espace forum et conférence où l’on va installer une scène off. Ils pourront faire des bœufs et inviter des jeunes sur scène, il y aura de l’ambiance ! » promet Michel Petitdemange.
Les nouveautés 2017
Là-haut sur la Colline se renouvelle chaque année. Pour cette 7e édition, un village associatif sera mis en place avec le stand d’engagement et citoyenneté d’Amnesty, l’ONG Komar Ridreay pour les enfants du Cambodge, le Secours Catholique des Vosges, Mirador pour comprendre les crises et des conflits pour se positionner et agir en personnes averties.
Sous la tente de l’Association de Culture Berbère : la présentation d’une pièce de théâtre, une exposition photo et une conférence sur l’histoire de l’immigration berbère. L’ACB 54 proposera un couscous géant le dimanche 2 juillet, préparé par leurs soins, pour se retrouver autour d’un plat convivial.
Autre nouveauté : le village du livre en partenariat avec le magasin Horizons solidaires. Trois cafés littéraires seront animés par Michel Brunner. Le prix littéraire Là-haut sur la Colline récompensera un écrivain dont l’œuvre sera en rapport avec le thème du festival.
Enfin, pour les plus déterminés et les plus fêtards, Là-haut sur la Colline met en place un camping animé ! Du jeudi au dimanche soir, jeux géants, animations, DJ seront au programme pour passer des nuits de folie !
Entretien avec Michel Petitdemange
Président de Festi Live
Festi Live est née en 2004, dans quel but ?
L’idée est la même que pour le festival. Je me désole de cette société qui n’arrive plus à se parler et qui ne trouve plus de lieux et de temps pour échanger et se comprendre. Chacun d’entre nous peut apporter sa contribution pour bâtir une société ensemble. Il n’y a pas qu’une élite qui sait. Le salut, c’est ensemble.
L’association s’adresse surtout aux jeunes car ils sont le signe de l’avenir, ils peuvent renouveler les choses. Les grands changements que nous sommes en train de vivre nécessitent que l’on repense notre manière de vivre en société. Alors, nous nous tournons vers les jeunes qui n’ont pas forcément la chance d’avoir toute l’information et la formation à cause de leur milieu social, familial, qui ne leur permet pas de s’intégrer facilement.
Vous êtes entouré d’une équipe solide…
Le pilier de l’équipe, c’est la restauration… (rires) ! La bonne cuisine amène de bonnes odeurs et ça donne une ambiance extraordinaire. Il y a des sourires et surtout une envie de contenter tout le monde.
Sinon, nous sommes une vingtaine d’actifs, chacun avec un rôle précis. Nous avons tous un engagement socio-culturel très singulier, à notre manière. Le plus important pour nous, c’est de garder un esprit de famille. D’ailleurs, ça se ressent car beaucoup de familles viennent à Là-haut sur la Colline !
Vous organisez des événements en amont du festival ?
Nous avons déjà fait « le festival des bambins » entre deux éditions. C’est dans le même esprit que Là-haut sur la Colline mais pour les jeunes enfants. Mais je préfère que ces deux années de préparatifs nous permettent de lier des contacts, pas seulement de manière intéressée. On rencontre les gens, on dialogue, on partage… C’est aussi ça l’intérêt de l’association. C’est une plateforme où, lorsque l’on y entre, on ne devient pas seulement acteur mais aussi co-organisateur dans son domaine.
Le festival est l’accomplissement du travail mené par l’association ?
Là-haut sur la Colline est un outil, mais pas une fin en soi. Notre volonté est d’avoir un lieu de convergence. Nous ne sommes pas des producteurs de spectacles. La réussite du festival tient sur la rencontre des personnes entre elles. « Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous désunit » : c’est cela que j’aimerais voir apparaitre dans les dialogues entre croyants et athées, chrétiens ou musulmans à la condition que chacun d’entre nous ne s’enferme pas dans des murs idéologiques.
Le thème de cette année est assez « difficile », pourquoi ce choix ?
C’est un petit risque que l’on prend. C’est grave, c’est essentiel mais parce que c’est grave et essentiel qu’il faut en parler ! Vous savez, je suis fondamentalement optimiste. Au lieu de chercher un bouc émissaire, sortons par le haut car je suis convaincu qu’on a les ressorts nécessaires pour le faire. Nous sommes dans une culture de l’ouverture d’esprit.
En réfléchissant sur ce thème, on se rend compte qu’il y a de mauvaises fraternités et de bonnes radicalités. Mais il ne s’agit pas de créer un melting-pot où tout va bien dans le meilleur des mondes. Il faut se mettre au clair par rapport à ce vocabulaire. On approfondit donc cette réflexion, avec des sages, des forums et des temps de parole pendant le festival. A chacun d’y contribuer, car on a tous un message à faire passer. Récréer une ambiance de dialogue avec une envie de repartir avant, je trouve que c’est une démarche très positive.
Comment s’est décidée la programmation musicale ?
Nous avons choisi Bernard Lavilliers pour son côté militant. C’est un chanteur engagé qui a su traduire en musique un combat qui nous semble positif : il rappelle qu’il y a des gens que l’on oublie, qu’il ne faut pas oublier. Et, il y a Keny Arkana, une rappeuse engagée aussi, mais qui vient de la rue, qui a vécu dans des foyers… Ce sont deux générations et deux milieux sociaux qui se rencontrent. C’est un pari, mais dans cet état d’esprit de diversité qui est le nôtre, ça correspond !
Pour finir, quel est l’un de vos meilleurs souvenirs ?
Abd al Malik. L’année-là, il a su susciter des vocations chez les jeunes. Certains se sont même lancés dans des carrières artistiques ou ont créé des associations. Il avait mis le feu ! Je me suis rendu compte que tous les artistes ne sont pas en capacité d’avoir une réflexion orale avec un public car leur manière à eux de s’exprimer passe par la musique. Abd al Malik, lui, est très à l’aise à l’oral et avec les jeunes. C’est pour cela que ça a si bien fonctionné !
Infos et tarifs : la-haut-sur-la-colline.fr
Photos © Christophe Denis, Barouf Menzzoto, Koria, Jean-François Galerne, Ronen Akerman, Thomas Dorn, DR