Cette porte est l’un des symboles de Nancy. Il ne se passe pas un jour sans qu’elle soit photographiée. Ses deux tours massives ont vu s’écrire l’histoire de la ville.
La porte de la Craffe est la plus ancienne et la plus monumentale des portes nancéiennes.
Une première porte est percée dans la seconde moitié du XIVe siècle, sous le règne du duc Jean Ier. Nancy est alors une cité modeste enfermée dans ses remparts. Sa croissance se fait par étapes : on englobe une partie des faubourgs et on reconstruit une nouvelle enceinte fortifiée. L’actuelle porte de la Craffe est ainsi construite lors de l’intégration des grand et petit Bourgets. Le souvenir de ces anciens faubourgs est d’ailleurs rappelé par les rues du Grand et du Petit-Bourgeois.
Jean II de Lorraine
C’est sous Jean II, en 1463, que sont construites les deux tours hautes et massives. C’est vraisemblablement à cette époque qu’elle reçoit également le nom de Craffe (ou de Lescraffe). Certains historiens comme Charles Courbe suggèrent comme nom primitif Porte Sacrée.
Henri II de Lorraine
Un changement important survient en 1615. Henri II fait augmenter les fortifications de la Citadelle. Celles-ci s’épaississent. La façade extérieure de la porte (nommée porte Notre-Dame, en référence à la scène de l’Annonciation qui la décorait) est déplacée. Pour relier les deux parties de la porte dédoublée, une longue voûte est construite en chicane, afin de ralentir la progression d’assaillants qui auraient réussi à passer les premières fortifications. C’est la physionomie de la porte telle que nous pouvons la voir aujourd’hui.
Louis XIII de France
La Lorraine connait bien des malheurs au XVIIe siècle, notamment deux occupations françaises. Louis XIII décide de moderniser la porte et ajoute dans les années 1630 un portail néo-classique sur la façade intérieure. Une partie des fossés est comblée.
Avec la destruction des remparts de Nancy, la porte perd son rôle défensif. Elle reste néanmoins, avec la porte de la citadelle, le passage obligé pour la sortie nord de la ville.
Les tours abritent des salles qui servirent parfois à la torture et des cachots jusqu’au XIXe siècle. On orne également la toiture centrale d’une horloge. Celle-ci, dans l’axe de la Grande-Rue, est très utile aux Nancéiens.
La restauration de 1861
Cette époque conjugue une prise de conscience du patrimoine, un engouement pour le néogothique et une « lotharo-manie » certaine. La décrépitude de la porte émeut les Nancéiens. Le Génie Militaire, propriétaire des lieux, lance un ambitieux programme de restauration. Le portail néo-classique et l’horloge sont détruits. On restitue une façade intérieure de style gothique avec ogives, niche (on y replace la statue de la Vierge)… On sculpte les portraits des ducs Raoul, René II, Charles II et Jean Ier (inspiré pour certains de portraits de la porterie du Palais ducal). On ajoute un blason aux alérions dans la trémie de la voûte, et sur la façade intérieure un chardon et une grande croix de Lorraine. Afin de ne tromper personne, on prend soin de graver la date de la restauration en deux endroits. On y ajoute aussi la date de 1336, flatteuse par son ancienneté, mais qui n’a aucune réalité historique. Malgré quelques « fantaisies », l’approbation est unanime. En 1871, on crée les passages piétons latéraux, pour plus de sécurité et de commodité.
La porte de la Craffe est, avec la tour-clocher de la Commanderie, l’un des plus vieux édifices de Nancy. Elle témoigne – de manière silencieuse – de la grandeur de l’histoire du duché de Lorraine.
La porte est actuellement en réfection partielle. N’hésitez à aller l’admirer une fois les travaux achevés.