Le château de Haroué

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C’est sans conteste l’un des plus beaux châteaux de Lorraine : entouré d’eau, le château étale sa magnificence princière dans le Saintois. Depuis plusieurs années, la princesse Minnie de Beauvau-Craon se bat pour défendre ce patrimoine exceptionnel, témoin de la richesse des arts lorrains.

Au détour d’une petite route de campagne, on arrive aisément au village de Haroué. D’abord caché par les arbres, le château se fait discret. Seuls les hauts toits d’ardoise émergent. Et puis c’est la rencontre, franche, brutale sur la place centrale. Derrière de fines grilles de fer s’élèvent les imposantes façades du château. L’eau scintille tout autour dans les douves.
Joyau de la Lorraine, le château a ouvert ses portes (et ses secrets) à VivreNancy.

Plusieurs châteaux successifs

Un premier château est construit aux XIIe-XIVe s. par les seigneurs de Haroué. Les Bassompierre, qui reçoivent ces terres par mariage au XVIe s. font bâtir un nouvel édifice dans le style Renaissance. Cet édifice fait alors l’admiration de tous pour son architecture et son décor (seuls les communs subsistent de nos jours). Haroué devient, à la faveur du duc Henri II, un marquisat. Des heures sombrent suivent ensuite. La guerre de Trente Ans ruine le château.
Au début du XVIIIe s., le duc Léopold offre Haroué à son ami et favori Marc de Beauvau-Craon. Celui-ci confit la construction d’un nouveau château-palais à Germain Boffrand. Les travaux durent neuf ans, de 1720 à 1729.

Un peu d’architecture

Si le château est ruiné, les tours et les douves médiévales subsistent. Boffrand décide ingénieusement de les intégrer au nouveau palais. Cette manière de faire est tout à fait exceptionnelle pour l’époque. Le nouveau château, en U, encadre une cour d’honneur.
De grands artistes lorrains ont œuvré au décor : Guibal pour les sculptures, Lamour pour la rampe et les grilles, Pillement pour le décor peint.
Détail curieux, le château compte 4 ponts, 12 tours-tourelles, 52 cheminées et 365 fenêtres (un vrai calendrier !)
Plusieurs pièces ont reçu de riches décors, comme le Salon chinois, logé au rez-de-chaussée d’une des tours d’angle.

La famille de Beauvau-Craon

Cette maison, très ancienne, est originaire d’Anjou.
Les Beauvau (le nom de Craon fut ajouté à la fin du XVe s) ont servi les rois de France et les ducs de Lorraine (la famille s’établit dans le duché au XVIe s). Louis XIV leur octroya même le titre très envié de cousin du Roi, ainsi que le marquisat de Beauvau (1664).
L’un des plus illustres Beauvau fut Marc (1679-1754), ami et favori du duc Léopold qui lui offrit les titres lorrains de marquis de Craon et d’Haroué. Il le fit aussi grand connétable de Lorraine (l’épée, symbole de cette charge, est toujours conservée au château) et lui obtient le titre de prince du Saint-Empire et 1er prince de Craon par le biais de l’empereur germanique en 1722.
Marc de Beauvau fut aussi chargé d’organiser le mariage de François III de Lorraine avec Marie-Thérèse d’Autriche. Il géra ensuite la Toscane au nom de François, avec le titre de vice-roi. Une carrière extraordinaire.
Le château appartient aujourd’hui à la princesse Marie Isabelle Cristina Adèle Gracie (dite « Minnie ») de Beauvau-Craon qui est la fille du 7ème et dernier prince de Beauvau.

 

Par son architecture, ses décors, son histoire, ses hôtes illustres (Queen Mum y a séjourné), Haroué mérite bien plus qu’une visite, il mérite qu’on s’y attarde. C’est un des plus beaux châteaux lorrains, habité par la même famille depuis bientôt trois siècles.

Deux belles expositions (Béatrice Caracciolo ; Robes de mariées de Grands Couturiers) et l’opéra Aïda sont à découvrir cet été au château.Ouverture du 2 avril au 13 novembre
Château de et à Haroué (54740) • www.chateaudeharoue.fr • 03 83 52 40 14