Une saison au rythme de la transgression

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Maquette La Cenerentola, Opera national de Lorraine © Vincent Lemaire

Dans les histoires, les formats, la musique, les processus de création, la saison 2024-2025 de l’Opéra national de Lorraine est axée autour de la transgression sous toutes ses formes. Détails.

La saison va s’articuler autour de moments forts à l’image de La Cenerentola – ou Cendrillon de Rossini, du 13 au 22 décembre. Une virée au pays des contes qui se révèle aussi jouissive que jubilatoire et va fédérer pour les fêtes. 

Rendez-vous exceptionnel aussi en février, en coproduction avec la Philharmonie de Paris, avec la comédie musicale, Gypsy de Jule Styne. Si Nancy ne va pas à Broadway, c’est Broadway qui viendra à Nancy ! Bien connu des amateurs d’opéra, le metteur en scène Laurent Pelly se saisit de ce classique et s’entoure pour l’occasion d’un casting de premier ordre, incluant Natalie Dessay. 

Toujours de la création

L’Elixir d’amour de Donizetti du 25 avril au 3 mai s’annonce aussi prometteur tout autant que les deux créations mondiales réalisées avec des partenaires et autres astuces pour conserver le niveau d’exigence. « On s’efforce de maintenir une offre de qualité et en quantité suffisante pour répondre aux demandes du public, toujours plus nombreux. La campagne d’abonnements lancée il y a peu atteint d’ores et déjà de très bons résultats », confirme Matthieu Dussouillez.

A ne pas manquer aussi en juin, le nouvel épisode de NOX, le laboratoire de création lyrique bien ancré depuis plusieurs années. Au programme cette saison, Les Incrédules, un recueil de témoignages d’habitants de Nancy, de France et d’Italie autour du miracle. Qu’est-ce que ce mot veut dire aujourd’hui ? Alors que la plupart des miracles ont été expliqués par la science, le miracle continue d’avoir un écho dans notre intimité. Pour illustrer cette création qui se promet d’être accessible avec une musique aussi légère que poétique, l’équipe de création a inventé un instrument : le miraclophone. Un mélange entre une harpe et un pendule de Newton, avec une sonorité singulière. Prometteur.

Concerts magistraux

Enfin, les concerts symphoniques sont toujours à l’affiche. Impossible de passer à côté de la très attendue représentation de la Symphonie n°5 de Mahler en novembre ou encore « Ames slaves » en mars avec la création d’une compositrice ukrainienne qui a écrit le quotidien des femmes pendant la guerre. Plus que jamais, un opéra ancré dans la ville et dans le monde d’aujourd’hui.

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3 questions à Matthieu Dussouillez, directeur de l’Opéra national
de Lorraine

© Vincent Arbelet

Pourquoi avoir choisi ce thème de la transgression ?

Tout simplement parce qu’il est dans l’ADN de l’opéra et de l’institution. Transgresser la forme, le fond aussi avec de nombreux opéras qui le sont. A l’instar du programme Héroïne en lancement de saison, avec trois œuvres qui proposent des formes différentes de transgression : par le blasphème, par l’émancipation, par la libération des femmes vis-à-vis des hommes. On peut y ajouter sur le plan formel comme dramaturgique, la Danse des morts de Honegger aussi, soit autant de transgressions progressives et positives.

Installer l’Opéra partout et pour tous reste un objectif ?

C’est mon ambition depuis que je suis arrivé à la direction de cette maison : mettre l’opéra là où on ne l’attend pas. En rupture complète avec tous les clichés qui lui colle à la peau. L’opéra est une forme culturelle accessible à tous, une fabrique d’imaginaire et d’émotions fortes. Nous devons aller au contact de tout le monde, c’est pourquoi nous avons imaginé le projet « Opéra citoyen ». En ce moment par exemple, il se déploie avec des chanteuses de notre Chœur dans le service de néonatalogie du CHRU de Nancy pour apporter des notes musicales aux bébés pendant les séances de peau à peau avec leurs mamans. Nous sommes aussi en préparation d’un opéra pour enfants chanté par les collégiens de Bayon. L’institution joue son rôle de participation active dans la vie de la cité.

La saison en cours avait dû être remaniée pour faire face au contexte économique inflationniste. Quelle est la situation cette année ?

D’un point de vue économique, cela ne va pas forcément beaucoup mieux mais nous avons pris le temps pour rebondir, trouver des solutions par rapport à l’an passé, composer et construire une saison autrement. Avec moins de productions « made in Nancy » mais des associations avec d’autres partenaires qui permettent de maintenir une offre qualitative auprès du public. C’est essentiel.

Publireportage - Photos ©  Vincent Lemaire,  Vincent Arbelet, DR