La femme-messie, Bernard REUMAUX

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© Aude BOISSAYE / Studio Cuicui

Si La Femme-Messie pose de nombreuses  questions comme l’amour entre deux femmes, les dévastations environnementales d’un capitalisme industriel prédateur, l’injustice, l’amitié, la mort, c’est aussi un page-turner qui a le souci de raconter une histoire. Ou plutôt des histoires. En effet, chacun des personnages suit un arc narratif qui lui est propre, et qui, isolé du reste, pourrait fort bien constituer la trame d’une nouvelle indépendante et même d’un roman à part entière à la manière des personnages de Balzac ou  de Faulkner. 

Il y a de l’énergie et beaucoup de passion dans l’écriture « Reumausienne » et il y a aussi de l’oulipo notamment quand l’auteur  s’amuse à adopter différents styles, se coulant tour à tour dans le genre du thriller, du roman politique ou psychologique, et allant même musarder du côté de la littérature  historique. 

Il y a Agathe, doctorante qui a fait «  un tour de France solitaire de cinq mois visant à convaincre les ouvriers de s’unir pour mettre fin à leur exploitation » sur les pas de Flora TRISTAN et puis il y a  Manu, « ancien comptable qui bosse pour un éditeur  de polars », « nègre pour romans noirs » et  Maya, apicultrice, reine des abeilles,  et Ramsay… et à travers tous ces personnages attachants, l’auteur explore le gouffre abyssal entre les aventures rêvées de jeunes idéalistes épris de justice et la réalité souvent âpre et douloureuse d’une société moderne toujours plus avide de profits financiers au détriment de la planète.   

Le tour de force de l’auteur, c’est qu’une fois le cadre posé, le récit suit une logique cohérente et, pour adopter le ton des quatrièmes de couverture, « implacable  ». L’adjectif semble de rigueur, car dans ce texte la réflexion de fond sur notre société se déploie sur un rythme qu’on a plutôt l’habitude de trouver dans un seul type de texte comme le roman, l’essai, la poésie ou le théâtre.

La Femme-Messie,  Bernard REUMAUX, éditions encre de nuit, paru en mai 2024.
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