Ne croyez pas qu’il suffit d’installer des plantes nectarifères dans le jardin pour aider les abeilles domestiques à survivre dans ce bas monde de brutes. Il faut également leur fournir de quoi récolter deux autres éléments indispensables à leur survie : du pollen et de la propolis. Jardinier, as-tu du cœur ?
On peut être fleur bleue et pragmatique. Voilà pourquoi en plus des roses de la Saint-Valentin, du brin de muguet du 1er mai et des bouquets de la fête des Mères, tout jardinier qui se respecte devrait aussi offrir des fleurs nectarifères aux abeilles qui visitent son jardin. Mais, à ces alliées, besogneuses et sociables, il faut aussi du pollen et de la propolis. Or, ces ingrédients indispensables à leur petite cuisine interne ne se trouvent ni sous le sabot d’un cheval ni dans toutes les fleurs.
La star du pollen
Bien qu’il existe plus de mille espèces d’abeilles sauvages en France, l’abeille domestique (Apis mellifera) occupe largement le devant de la scène médiatique. En la voyant bourdonner de fleurs en fleurs, plus personne n’ignore désormais qu’elle assure, à l’instar des autres insectes butineurs, la fécondation indispensable des fleurs et leur transformation en fruits puis en graines. Elles sont donc à la base de la survie de très nombreuses espèces de plantes.
Échange de bon procédé
Les abeilles ont besoin du nectar sécrété par les fleurs afin de fabriquer le miel qui leur sert de réserve de nourriture durant l’hiver. C’est en se posant sur les fleurs afin de prélever cette précieuse ressource avec la langue qu’elles se couvrent de pollen et assurent, en volant de fleurs en fleurs, la pollinisation de celles-ci. C’est d’ailleurs afin de les attirer que ces dernières rivalisent de couleurs et de parfums. Cependant, certaines fleurs sont plus adaptées à la morphologie des abeilles domestiques, avec des étamines qui facilitent la récolte, des stigmates qui permettent le dépôt du pollen sur l’insecte, et des pétales à symétrie radiale ou bilatérale. Les fleurs nectarifères les plus attractives pour elles sont, entre autres, celles du cotonéaster, de la lavande, des trèfles incarnats et blancs, de toutes les sauges, du pissenlit, du framboisier, de la vigne vierge, de la phacélie, du mélilot, du thym, du rhododendron et de nombreux arbres fruitiers.
Du pollen pour les petits
Mais les abeilles sont aussi à la recherche de pollen, source de protéines, dont elles font une pâte nutritive en le mélangeant au miel et à de l’eau, à destination des larves. En outre, la présence de poussières de pollen dans la ruche stimule la ponte de la reine. Le pollen est récolté par les butineuses grâce aux poils qui recouvrent leur corps, puis le stockent en partie dans des corbeilles situées sur leurs pattes arrière. Les végétaux les plus riches en pollen sont des fleurs, comme le tournesol, le coquelicot, l’aubépine, la renouée, mais aussi des arbres comme le bouleau, le marronnier, le noisetier, le saule marsault ou le merisier.
De la propolis pour le bâti
Mélangée à la cire et la salive que les abeilles sécrètent, la propolis est une substance indispensable à la ruche. Elle est utilisée par les ouvrières comme un mortier afin de lisser les alvéoles, consolider les rayons et étanchéifier les parois durant l’hiver. La propolis a également des propriétés fongicides et bactéricides qui assurent l’aseptisation de la ruche et limitent le développement des maladies. Elles ne trouvent cette substance que sur les bourgeons de certains arbres à feuilles caduques (marronnier, bouleau, peuplier, sorbier…), les résineux et le lierre.
Du miellat pour la bonne bouche
Le miellat sucré excrété par les insectes piqueurs-suceurs (pucerons, cicadelles…), et récolté sur les feuilles de certains arbres, entre également dans la composition du miel.
Benoit Charbonneau
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