Les Vieux Métiers d’Azannes réussissent l’exploit de faire revivre le passé sans nostalgie aucune. Unique en son genre, le site est à découvrir à compter du 7 mai et jusqu’au 23 juillet.
En France, terre d’histoire, la reconstitution a plutôt bonne presse, et les emprunts au passé sont largement encouragés. Encore faut-il ne pas confondre saut dans le temps et retour dans le passé. Sur le sujet, les Vieux Métiers d’Azannes font figure de maître étalon. Sur ce site de 17 hectares, situé à 110 km de Nancy, 60 de Metz et 23 de Verdun, 80 métiers anciens ou disparus continuent à faire et à créer. Forgerons, dentelières, lavandières, meuniers, sculpteurs, tuiliers, boulangers… 400 personnes bénévoles transmettent les gestes du passé et traditions oubliées et s’activent, sous le nez et tout autour des visiteurs. Ils participent ainsi, individuellement et collectivement, à la préservation de techniques ancestrales qui doivent être exercées pour ne pas s’oublier.
À la tête de cette petite armée pacifiste, Fabrice Lembert, l’énergique Président de l’association Les Vieux Métiers. Lui, qui sait, mieux que quiconque, l’importance de vivre avec son temps, met toute son énergie à développer le site. La stratégie semble payer, puisqu’alors que le bénévolat est en souffrance dans bien des secteurs, l’association attire des bénévoles toujours plus nombreux… et plus jeunes ! Un état de fait qui s’explique, sans doute, par le besoin d’évasion toujours plus grand des jeunes générations et leur envie, dans un monde incertain, de reconnecter avec du tangible : leur histoire, notre histoire.
Une expérience immersive
À Azannes, l’anachronisme est érigé en art. Le visiteur est projeté en plein 19e siècle et, iPhone passé en mode avion, contemple des témoins du passé agir et interagir. Le tableau vivant est fascinant. Ici, un cheval tire une calèche. Là, une marchande de peaux de lapin célèbre sa dernière vente. À Azannes, 80 métiers reprennent vie, grâce au jeu d’acteur de 400 bénévoles parfaitement formés. Un concept qui pourrait tenir du musée vivant ou de la galerie d’art si les visiteurs étaient de simples spectateurs… Mais c’est loin d’être le cas ! Ils sont fermement encouragés à jouer les seconds rôles d’une expérience 100% immersive. Quitte à pousser les portes du temps, autant vivre l’expérience à fond ! C’est ce à quoi les animations et occasions de rencontres proposées au fil du parcours nous invitent.
Préserver le patrimoine
Pour encore plus de vraisemblance, tout, jusqu’au moindre détail du tableau, a été pensé, et tout sonne vrai, authentique. C’est que presque tout l’est ! Les maisons qui composent le village sont toutes d’origine. L’Association utilise en effet les recettes des entrées à réimplanter sur le site des maisons traditionnelles lorraines et autres installations, reproduites à l’identique ou rapatriées pour être reconstruites. Juste avant la période Covid 19, une scie à grume venant tout droit de l’Isère rejoignait, sur le site, ses homologues : une scie haut-fer et une scie alternative hors d’âge. Avant elle, une chapelle, une forge, une tuilerie, une maison du vannier, une maison du pêcheur, un moulin à eau, un lavoir, un moulin à vent (et tellement d’autres !) sont, progressivement, venus enrichir le site.
À l’origine des Vieux Métiers
Cette entreprise d’apparence utopique trouve ses racines dans la pierre : le mémorial de Grand Failly, édifice construit en 1985 à la mémoire des 3 000 soldats américains et interalliés tombés dans la Bataille des Ardennes. Pour financer sa construction, le comité de l’association imagine une manifestation culturelle en forme de « rétrospective sur l’artisanat d’autrefois ». Dès la deuxième édition, la petite grange de Grand-Failly, qui accueille l’événement, ne suffit plus face au succès de la manifestation ; après un passage par la ferme du bois des moines de Villers les Mangiennes, cette dernière s’installe au sein de la Ferme des Roises à Azannes, cadre d’exception où elle se sédentarise.
© JC jiji /Association Les Vieux Métiers © JC jiji /Association Les Vieux Métiers
Un site écoresponsable
Loin de se reposer sur ses lauriers, le site a enclenché une démarche volontariste en matière d’écoresponsabilité. Tout juste audité par les équipes de LUCIE 26000 pour le label Lucie Progress, il devrait, d’ici quelques semaines, officialiser sa labellisation, ce qui en ferait le premier site meusien du genre. Pour continuer à faire plus et mieux, l’association, qui fonctionne en circuits courts et extracourts depuis 2019, a en effet consacré l’intersaison à renforcer encore sa politique d’achat responsable, si bien que 86% de ses dépenses sont réalisées dans un rayon de 50 km. Un choix vertueux qui a également pour conséquence de solidifier son réseau de partenaires locaux. « Nous avons à cœur de faire travailler nos artisans locaux, dont beaucoup nous accompagnent depuis de nombreuses années », explique David Ledwon Directeur du site. L’association a également travaillé à limiter au maximum les emballages carton et plastique, et remplacé les gobelets à usage unique par des Ecocups. Avec son partenaire Suez, elle s’engage en faveur d’un retraitement de ses déchets plus efficient. Avec la Codecom Damvillers-Spincourt, elle implique les visiteurs dans le tri au sein du site. « Nous sommes fiers de la démarche accomplie cet hiver, et de l’importance de ce travail mené en impliquant nos salariés et bénévoles », souligne le directeur.
Bientôt, un week-end en plein 19e siècle
Côté installations et infrastructures, d’autres évolutions d’ampleur sont en ligne de mire. En tête de celles-ci, un projet d’hébergement immersif, lequel permettra aux visiteurs de passer un week-end entier dans la vie rurale du 19e siècle. Imaginez le tableau : vous serez accueillis le vendredi soir, et enfilerez vêtements et sabots d’époque, avant un pot d’accueil, la remise de la marmite de potée lorraine et la participation à une soirée contée… Samedi matin, vous petit-déjeunerez des œufs prélevés au poulailler de la maison. Vous participerez ensuite à un atelier pain (avec cuisson au feu de bois), puis serez convié à une partie de pêche, ou de jeu en bois. L’après-midi, vous profiterez des lieux de manière libre ou guidée. Samedi soir après la soupe, vous assisterez, au sein de la grange, à la projection d’un film muet. Pas de grasse matinée pour les braves ! Dimanche matin, réunis à l’appel de la cloche de la Chapelle pour une animation autour des célébrations principales dans les différentes religions, vous participerez à un atelier légumes oubliés, suivi d’une visite guidée et de la levée de gardons. L’après-midi, place aux initiations et aux jeux de kermesse de l’époque ! 17h00 sonnera la fin de ce week-end d’évasion. Le programme étant en construction, rendez-vous sur la page Facebook des Vieux Métiers d’Azannes pour livrer votre vision du week-end rêvé ! Cette ambitieuse proposition devrait voir le jour d’ici 2025.
© JC jiji /Association Les Vieux Métiers © JC jiji /Association Les Vieux Métiers © JC jiji /Association Les Vieux Métiers
Les autres projets en cours…
Si le projet de construction de l’appentis des tracteurs et moteurs anciens, cofinancé par le département de la Meuse, a dû être retardé pour cause de manque de matériaux et notamment de tuiles (malgré la présence assidue des emblématiques Tuilliers, à l’œuvre jour et nuit !), le site fait l’objet de différentes nouveautés, qui seront concrétisées à court ou moyen terme. Dès 2023, il se dotera d’une nouvelle friterie, et verra débuter les travaux autour du bâtiment qui accueillera, à terme (soit d’ici 3 à 4 ans), un barbier/coiffeur, un café, ainsi que d’autres ateliers.
Acteur pédagogique par excellence, l’association a par ailleurs développé de manière conséquente son volet animation et accueil des groupes scolaires, avec une capacité d’accueil multipliée par quatre. « Nous contribuons ainsi à revitaliser le monde rural. Dans ce coin du département qui compte seulement 17 habitants au kilomètre carré, des journées d’accueil d’enfants organisées durant la basse saison permettent de rompre un isolement rural encore plus intense en hiver », explique David Ledwon.
L’association a également multiplié les ateliers de formation de bénévoles et salariés. Métiers privilégiés ? La vannerie, sparterie et la poterie (en vue des ateliers qui seront montés, l’hiver prochain, dans le cadre de nouvelles formules d’accueil), « Grâce à l’engouement affiché de certains bénévoles, autour de la réappropriation et de la préservation des savoirs, des métiers qui avaient disparu du site reviennent ».
À tous ces bénévoles et salariés engagés pour la préservation de notre artisanat, nous disons merci !
Informations pratiques
Le Village ouvrira les 7, 14, 18, 21 et 28 mai.
Et en été les 9, 16 et 23 juillet de 10h à 18h.
Domaine des Roises, 55150 Azannes-et-Soumazannes.
Entrée adulte : 18€ ; groupe (30 personnes mini.), C.E., personne à mobilité réduite : 15€ • Gratuit pour les moins de 16 ans.
Billetterie en ligne sur vieuxmetiers.com ou directement sur place
Restauration : Menu à 15€ (enfant -12 ans : 12€) • Restauration midi et soir self-service ; petite restauration toute la journée (saucisses, frites, gaufres…)
Informations, réservations au 03 29 85 60 62 ou par mail à [email protected]
Publireportage - Photos © JC jiji, Association Les Vieux Métiers, DR