Pour sa 8e édition, le festival Là-haut sur la Colline se tourne vers l’avenir, du 27 au 30 juin, en questionnant notre identité européenne entre conférences, concerts et ateliers !
Notre ambition est la même depuis 2004, date à laquelle nous avons fondé la première association : favoriser le vivre-ensemble pour aller de l’avant. Et surtout oser aller à la rencontre des gens que l’on ne côtoie pas habituellement. Aujourd’hui, l’association Festi-Live évolue en Festi-Eurolive car la question de l’identité européenne est très importante à nos yeux. » Michel Petitdemange est président de l’association organisatrice du festival Là-haut sur la Colline (à Sion) depuis ses débuts. Quelques jours après les résultats des élections européennes, il se montre optimiste : « Je vois trois points très encourageants : le taux de participation en hausse qui prouve que la population donne de l’importance à cette question européenne, le risque souverainiste populiste reste relativement contenu et surtout, l’aspect environnemental avec la montée en puissance des écologistes. » Car à l’issue de l’édition 2017, les équipes de l’association Festi-Live se sont tournées vers un projet de plus grande envergure, incluant la question européenne. Exit donc Festi-Live… Bienvenue à Festi-Eurolive ! « Notre identité européenne est encore floue, les Français ne se sentent pas européens. Nous avons pour ambition de montrer l’importance de l’Union Européenne, ce qu’elle nous a apporté et ce qu’elle nous apportera en dialoguant, ensemble. »
Europe & intégration
Dans cette nouvelle mouvance européenne, la conférence principale du festival, le jeudi 27 juin, aura pour thème : « Rendre l’Europe plus citoyenne et fraternelle ? » avec, comme intervenants, Sébastien Maillard et Jérôme Vignon de l’Institut Jacques Delors, Didier Leschi, directeur général de l’Office Français à l’immigration et à l’intégration et Dominique Potier, député du Toulois. « Tout le monde est invité à participer à ces conférences ! Les jeunes bien sûr mais aussi les institutions, les associations, les parents, les professeurs… » insiste Michel Petitdemange.
Si la question européenne est le moteur de l’association et du festival, d’autres thèmes seront également abordés notamment le vendredi 28 juin avec une conférence intitulée : « L’accueil des réfugiés et le logement : les nouveaux enjeux de la cohésion sociale en Europe ». Jean-Marie Schléret, vice-président de Festi-Eurolive est aussi le président du conseil de surveillance de l’Association Accueil et Réinsertion Sociale (ARS) et le président de l’Union Régionale HLM Grand Est. Il sera entouré, entre autres, d’Alain Régnier, préfet et délégué interministériel à l’intégration des réfugiés, de Pierre-Yves Boiffin et Stépahnie Neibecker de la direction départementale 54 de la cohésion sociale et de Franck Ceccato, directeur de l’association lorraine HLM. « Il est important pour nous d’inviter les publics éloignés à participer à ce festival, que ce soit géographiquement ou culturellement. Dans cette optique, la fédération médico-sociale des Vosges organisera un spectacle de chorégraphie en fauteuil, le 29 juin sur la grande scène, donné par des personnes en situation de handicap » continue Michel Petitdemange.
Question du développement durable
L’écologie sera aussi au centre de la journée du samedi 29 juin grâce à une conférence sur le développement durable dans le cadre de la question : « Quelle Europe voulons-nous ? » Economie, justice sociale et environnement sont les piliers de la question écologique. Marc Dufumier, agro-économiste, spécialiste des enjeux liés à l’agroécologie, membre du comité scientifique de la Fondation Nicolas-Hulot, président de Commerce équitable France, Sébastien Maillard, journaliste, Directeur de l’Institut Jacques Delors, spécialiste des affaires européennes et Dominique Potier, fin connaisseur des enjeux environnementaux et de justice social dans l’action publique, Député du Toulois seront présents . Enfin le quatrième thème abordé sera celui de la spiritualité et de l’identité européenne, le dimanche 30 juin. « L’identité du festival Là-Haut sur la Colline est encore difficile à définir, c’est vrai. Mais nous abordons les thèmes sociétaux qui sont, pour nous, les enjeux majeurs de notre époque. Avec comme objectif de favoriser la fraternité et de montrer qu’en se repliant sur soi, on ne peut pas avancer. »
En parallèle à ces conférences, le festival organise des ateliers, gratuits et ouverts à tous, dans un esprit de convivialité. Ainsi les visiteurs pourront retrouver la ferme pédagogique du Pichet, l’association Cristeel qui expliquera le fonctionnement de l’Europe à travers des jeux et des expositions, la Vigie de l’eau qui, à l’aide d’un casque de réalité virtuelle, emmènera les festivaliers à la rencontre des organismes vivants des mers tropicales chaudes. Pour les artistes en herbe, les Pinceaux Curieux proposera un atelier autour de la réalisation de tableaux avec des objets de récupération et des dessins avec des ocres naturelles. Il y aura également des ateliers autour du papier marbré avec des démonstrations, notamment de body marbling. Za Zam installera un espace ludique d’une trentaine de jeux en bois géants, jeux d’adresse et casse-tête qui devront ravir les enfants !
Programmation musicale tournée vers l’Afrique
Mais Là-haut sur la Colline, c’est aussi plusieurs concerts avec, pour cette édition 2019, de belles têtes d’affiche. Après Abd al Malik, Louis Chedid, Jacques Higelin ou Bernard Lavilliers, place cette année à Grand Corps Malade, le samedi 29 juin : dans son nouvel album « Plan B », le slameur-poète exprime le meilleur de notre identité française. Celui qui était abonné aux scènes ouvertes des petits bars parisiens à ses débuts a reçu deux victoires de la musique en 2007. À ses côtés, une programmation musicale tournée vers l’Afrique devrait séduire le public : Tiken Jah Fakoly donnera le « La » du festival le 27 juin : originaire de Côte d’Ivoire, tombé dans la musique dès son jeune âge, Tiken Jah Fakoly a conquis son pays natal avant de se lancer dans une carrière internationale. L’Ivoirien est un authentique artiste engagé, sur scène comme sur le terrain, alliant dans l’écrin luxueux de son reggae international la lutte et l’espérance, le combat et la fête. Auréolée d’un espoir immense pour les générations futures, la caravane Fakoly défriche en musique ! Le vendredi 28 juin, le groupe folk le plus alternatif de la scène française, Mes Souliers Sont Rouges, reviendra avec du son neuf et le sang chaud !
Le dimanche 30 juin, place à Médine ! À 32 ans, ce rappeur cultive autant la polémique que le paradoxe. Mais aujourd’hui, son objectif est clair : il prône l’émancipation par l’instruction. « Médine est quelqu’un de profondément religieux » explique Michel Petitdemange qui voit un réel intérêt d’inviter un artiste comme celui-ci à Là-haut sur la Colline. « Mais dans une société comme la nôtre, assumer notre foi dérange. Je pense qu’il a pu être maladroit à certains moments mais ses textes sont engagés, ils font réfléchir. » D’ailleurs, l’une de ses chansons sur le massacre des manifestants algériens le 17 octobre 1961 à Paris, a été intégrée par l’éditeur Nathan dans ses manuels scolaires. Enfin, pour clore ce festival en beauté, Kery James proposera une performance acoustique. Figure majeure du rap français depuis près de 25 ans, il sort un nouvel album intitulé « JRapEncore », puissant, engagé, varié et très musical. Un album qui pose des questions, pousse à la réflexion, sans grossièreté inutile mais pourtant loin d’être consensuel…
95 propositions pour une Europe plus fraternelle et citoyenne
Comme d’habitude, la scène locale aura également sa place au festival et sera bien représentée par Saaba, Bravo Charlie, Moussaka Trio, Mauvaise Graine… « Il y aura également Beat Bouet Trio mélangeant le rap et le raggamuffin et Koos, un jeune prodige de la scène électro française à ne pas louper ! »
En plus d’être un évènement culturel et musical, les organisateurs de Là-haut sur la Colline mettent un point d’honneur à proposer un moment festif pour favoriser les rencontres et les échanges. Ainsi, une « fête bavaroise » sera organisée le dimanche à partir de midi. Les samedi et dimanche matins, une course d’orientation sur le thème de l’Europe avec deux parcours : l’un réservé aux familles et l’autre dédié aux plus sportifs. Également au programme : une exposition photo, un village des associations et des cuisines européennes, un concours « mots codés chronométrés » et un concours de sudoku. Autre événement important : le forum des jeunes qui sera organisé le samedi, un espace organisé par et pour les jeunes qui reprendra les thèmes de l’Europe et de l’écologie entre autres.
Deux ans auront été nécessaires à l’élaboration de cette 8e édition du festival Là-haut sur la Colline qui s’annonce d’ores et déjà étincelante ! « Aujourd’hui, Festi-Eurolive est composée d’un noyau d’une vingtaine de personnes et près de 200 bénévoles viennent nous épauler dans l’organisation du festival » souligne Michel Petitdemange. À l’issue du festival, les organisateurs ont la volonté d’extraire 95 propositions pour rendre l’Europe plus fraternelle et plus citoyenne « que l’on soumettra à l’Union Européenne ». Et toujours avec cette idée en tête : « Ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous sépare ! »
Du 27 au 30 juin sur la colline de Sion
Programme complet : la-haut-sur-la-colline.fr
Réservations : digitick.com ou points de vente habituels (Fnac, cultura, hypermachés, Offices de Tourisme d’Epinal, Mirecourt, Colline de Sion etc…)
Entretien avec Michel Petitdemange
Président de l’association Festi-Eurolive, organisatrice du festival Là-haut sur la Colline
Vous avez vécu une édition 2017 réussie ?
Oui ! Nous étions contents du résultat, nous avons enregistré 9 500 entrées sur les trois jours du festival. Mais vous savez, nous ne cherchons pas le nombre pour le nombre. Nous voulons rester sur un festival humaniste, à taille humaine, en proposant une programmation de qualité, pour favoriser la rencontre des personnes.
Suite à cette édition 2017, vous avez refondé l’association. Dans quel but ?
L’idée était de donner un nouveau souffle à Festi’Live, en élargissant à la dimension européenne et en développant des actions en faveur de la mixité sociale et culturelle. Aujourd’hui, nous disposons d’une antenne à Nancy, à Épinal grâce à René FRAPPART, notre vice-président et une antenne à Paris. Notre objectif reste le même néanmoins : proposer des événements autour des thématiques qui nous sont chères comme le vivre-ensemble, l’intégration, l’identité européenne et l’enjeu environnemental. Cela se traduit par le festival Là-haut sur la Colline, bien sûr, mais aussi par une pléiade d’autres animations que nous organisons tout au long de l’année.
Parlons de cette 8e édition qui se déroulera du 27 au 30 juin. Comment avez-vous construit la programmation musicale ?
A partir de l’identité européenne et du thème 2019 : « Comment rendre l’Europe plus citoyenne et plus fraternelle ? ». Notre programmation musicale est tout d’abord tournée vers l’Afrique avec Kery James, Tiken Jah Fakoly et SAABA, un groupe du Burkina. Nous voulons interpeler leur vision de l’Europe en tant qu’Africains. Nous avons un fil rouge avec des artistes tous très engagés, particulièrement en faveur des jeunes, défavorisés ou non, comme Médine et Kery James. Grand Corps Malade, lui, s’est approprié un style de musique venu d’ailleurs en l’adaptant à ses racines européennes. C’est un joli mélange, une preuve d’ouverture d’esprit : exactement ce que l’on veut montrer au festival.
Quelles sont les nouveautés 2019 ?
Nous essayons de créer du liant entre les personnes, à travers des événements festifs, culturels et sportifs. À côté des conférences et des ateliers que nous organisons chaque année, les visiteurs pourront découvrir des groupes locaux grâce à une deuxième scène qui leur sera complètement dédiée. Une première également, une « fête bavaroise » organisée le dimanche, une exposition photos de Laurent Muratet, une course d’orientation sur le thème « découvrir l’Europe » à faire en famille, un village des associations et des cuisines européennes, un concours « mots codés chronométrés »… et beaucoup d’autres surprises !
Vous donnez une place importante aux jeunes, dans l’organisation du festival mais aussi en les invitant à venir échanger…
Nous sommes dans une région où les indicateurs démographiques ne sont pas bons. La population vieillit, les jeunes s’exilent pour trouver du travail… Pourtant, les jeunes sont l’espérance d’une société plus juste et plus fraternelle ! Le but du festival est de l’ouvrir à des personnes qui ne seraient peut-être pas venues d’elles-mêmes, en invitant les jeunes éloignés géographiquement ou culturellement. Malheureusement, les jeunes restent influençables, se radicalisent parfois très vite et nous combattons, dans ce festival, la résignation, l’individualisme, le renfermement sur soi.
Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?
Évidemment, nous espérons accueillir un public nombreux de tous âges ! Nous aimerions également que les différents artistes prennent un peu de leur temps pour participer aux conférences ou échanger avec les jeunes sur ces questions fondamentales d’intégration, d’écologie, d’identité… Enfin, notre souhait le plus grand est de réussir à susciter la rencontre de la culture de l’autre : montrer que le vivre-ensemble est possible. Et surtout nécessaire.
Rencontre avec Grand Corps Malade
Artiste-slameur, poète, auteur-compositeur-interprète, tête d’affiche du festival Là-haut sur la Colline 2019
Vous défendrez sur la scène du festival Là-haut sur la Colline, le 29 juin prochain, votre album « Plan B ». Comment l’avez-vous construit ?
Je l’ai travaillé pendant un an. Il se compose d’une quinzaine de titres, avec des ambiances et des humeurs différentes. J’aborde des thèmes variés, de société, de ma vie personnelle, avec des paroles parfois drôles, parfois graves… Et j’ai pris en fil rouge cette thématique du Plan B car je crois qu’on a tous droit à une deuxième chance et ça montre aussi que l’humain sait s’adapter.
Vous abordez des thèmes différents dont celui de l’immigration et des réfugiés dans votre chanson Au Feu Rouge. C’est important pour vous d’aborder ces questions là ?
Si je l’ai fait, c’est que ça me semblait important. L’immigration est le drame de notre époque avec ces gens qui sont des réfugiés économiques, écologiques ou de guerre. Ils n’ont pas le choix que de partir et sont, parfois, mal accueillis. Vous savez, en région parisienne, on en voit beaucoup des personnes comme Yadna, cette réfugiée syrienne de la chanson. J’ai voulu humaniser ce thème, sans statistiques, sans chiffres…
Justement, le festival abordera la question de l’intégration des réfugiés lors d’une conférence. Que diriez-vous à ces personnes en perte de repères ?
J’aimerais pouvoir les rassurer ! Leur dire qu’ils ne sont pas seuls, que beaucoup d’associations, beaucoup de personnes se mobilisent pour leur venir en aide.
Vous prônez également le vivre « ensemble » et « l’esprit d’équipe ». Des valeurs qui se perdent selon vous ?
C’est difficile à dire… C’est vrai que j’aime l’esprit d’équipe. « Tout seul je vais vite. Ensemble on va loin », c’est ce en quoi je crois.
Lors du festival, il y aura un spectacle de chorégraphie de personnes en fauteuils roulants. Vous êtes vous-même handicapé. Trouvez-vous que les personnes à mobilité réduite sont bien intégrées en France ?
Les choses commencent à bouger… On ne peut pas nier notre grand retard en termes d’accessibilité. Surtout dans les lieux culturels, les théâtres, les cinémas… Alors il y a des choses qui sont mises en place, comme dans ce festival, mais il y a encore du chemin à parcourir.
Là-Haut sur la Colline est un festival qui prône une identité européenne. Pensez-vous qu’elle existe en France ?
Oui, je pense qu’il y a une identité européenne assez forte. C’est sûr que c’est compliqué de trouver un terrain d’entente entre tous les pays. Mais le plus important est de retenir l’esprit de paix qu’entretient l’Europe depuis des décennies. Sur la question des réfugiés, par exemple, il sera bon que l’Europe se mette d’accord sur des conditions d’accueil mais elle avance sur des questions environnementales et c’est un bon point.
Pour finir, êtes-vous aujourd’hui épanoui avec votre plan B ?
Oui, je suis complètement épanoui dans ce plan B qui m’a mené à une carrière artistique entre la musique et le cinéma. Nous sommes justement en pré-tournée de mon prochain long métrage qui s’inutile « La vie scolaire » et c’est génial de vivre ces moments.
PUBLI-REPORTAGE - Photos ©zuzana lettrichova, koria, Laura Gilli, DR