Le cours Léopold (à ne pas confondre avec la place Carnot qui le ferme au sud) est la plus vaste esplanade de Nancy. Sa position centrale en fait souvent un passage obligé pour les automobilistes soucieux de se rendre à la gare ou en Ville-Vieille. Mais, serait-ce seulement un lieu carrefour ?
Un lieu récent
Le cours Léopold est, somme toute, une création « récente » puisque les premiers aménagements datent seulement de 1778. Il fut construit sur les anciens bastions, remparts et fossés de la ville au prix de remblais très importants. Tout cet ensemble défensif était très large, ce qui explique les dimensions généreuses du cours : 120 m de large par 470 m de long.
On avait projeté au départ de le lotir entièrement, avec une grande rue centrale et huit îlots urbains (des « pâtés de maisons » autrement dit). Cet espace loti aurait été encadré par deux places : la place Carnot au sud, qui aurait été fermée sur son quatrième côté, et une petite place au nord, devant la porte Désilles (érigée de 1782 à 1785). La lenteur dans les travaux de remblaiement et la Révolution mirent fin à ce programme ambitieux. Le cours resta vide. Ce projet aurait changé la physionomie de la ville de manière importante.
Finalement, le cours fut planté de marronniers. Il offre un espace de repos, de promenade, de parking, de trait d’union apprécié par les Nancéiens.
Un cours très royal
Dans ses appellations successives, le cours a souvent rendu hommage à d’illustres familles ou personnages. Après s’être appelé cours de la Liberté sous la Révolution, il prit le nom de Bourbon, puis d’Orléans, de Béranger, de Drouot et enfin, vers 1852, de Léopold, rendant ainsi hommage au grand duc qui construisit le château de Lunéville, et qui fut le père du dernier (par le sang) duc de Lorraine : François III (devenu par la suite empereur d’Autriche). Le nom de Drouot ne disparut pas pour autant de la place. Une statue érigée en 1855 célèbre le fameux général comte d’Empire, qui fut un grand bienfaiteur de Nancy. Le corps de la statue est dû à David d’Angers ; la tête, à Giorne Viard (qui est aussi l’auteur de la statue du Duc Antoine à la Porterie du Palais Ducal). L’accueil de la statue à l’époque fut très mitigé, et les Nancéiens critiquèrent le bronze, trop massif. La statue est pourtant de belles proportions, et son socle est magnifique par ses détails. Elle honore fièrement la mémoire du « Sage de la Grande Armée », même si elle sert la plupart de temps d’aire de repos aux lycéens voisins.
D’autres rois, ceux de la fête (manèges et autres attractions foraines), se sont installés sur le cours depuis 1859.
Un « cours » d’architecture
Le cours nous en donne un véritable cours, pour peu qu’on prenne le temps de regarder les bâtiments qui le bordent. On y trouve un résumé de plusieurs époques. Louis XVI avec la porte Désilles, qui rappellent la naissance du Dauphin, mais aussi l’alliance de la France avec les Etats-Unis et la bataille de Nancy (bas-reliefs tout en haut), XIXes avec la belle maison au 41 ou les hôtels particuliers près de la Faculté de Droit (numéros impaires), néogothique avec la chapelle de l’ensemble scolaire Saint-Sigisbert (patron de Nancy), Art nouveau avec les belles maisons côté paire, près de la rue de la Craffe (l’une d’entre elles à même sa boîte aux lettres qui donne directement dans le salon… le confort !), Art Déco avec le GEC, qui accueille toujours des étudiants et une célèbre nuit, Contemporain avec les bâtiments de l’Université Nancy 2 du côté de la Vieille-Ville (bibliothèque américaine, Pôle Universitaire Européen).
Faire le tour du cours, c’est faire un survol des courants d’architecture du XVIII au XXIes.