Le Comité 54 de la Ligue contre le cancer, en partenariat avec le Nancy Athlétisme Métropole et la Métropole du Grand Nancy, organise la 2e édition de Mars Bleu pour le dépistage organisé du cancer colorectal.
Au même titre qu’Octobre Rose pour le dépistage du cancer du sein, Mars Bleu a pour idée de réunir des personnes concernées pour promouvoir l’importance du dépistage organisé du cancer colorectal. Comme l’an dernier, une marche/course de 4 kilomètres, au cœur du semi-marathon de la Métropole du Grand Nancy, sera organisée le dimanche 17 mars. Départ à 10h10, à la Grande Halle Renaissance, boulevard d’Austrasie. « Nous avions plus de 200 participants l’année dernière. Nous espérons attirer encore plus de monde pour cette 2e édition pour faire de Mars Bleu un événement aussi important qu’Octobre Rose » souligne Jean-Pierre Pilon, directeur du Comité 54 de la Ligue contre le cancer. L’inscription de 5 euros comprend le dossard, le tee-shirt et le bonnet bleu. Le Comité 54 effectuera des pré-ventes le 9 mars au centre commercial Saint-Sébastien de 9h à 18h et le 15 mars au CHRU de Nancy.
« La prévention vaut mieux qu’une guérison »
Le cancer colorectal touche le côlon et le rectum. Malgré les idées reçues, il touche aussi bien les femmes que les hommes. En tout, il y a près de 50 000 cas nouveaux en France par an. Il s’agit du 3e cancer le plus fréquent et le 2e le plus meurtrier. D’où l’importance du dépistage. Il est gratuit pour les personnes entre 50 et 74 ans dans le cadre du dépistage organisé : « À l’heure actuelle, il faut aller chez son médecin traitant pour se procurer le kit de dépistage. C’est un peu contraignant. Je pense que la solution serait d’y avoir accès dans les pharmacie par exemple » détaille Jean-Pierre Pilon. Car seulement 30% de la population se fait dépister en France. Un chiffre bas par rapport aux statistiques du dépistage du cancer du sein. En cause, « le rapport à une intimité scatologique » explique le directeur du Comité 54 de la Ligue. « Mais il y a des comportements à risques dont il faut être conscient : la consommation excessive d’alcool, de cigarettes, de drogues. Mais aussi une alimentation trop grasse, la sédentarité et également le désintérêt au dépistage. » Il y a aussi des familles à risques, à hauteur de 9% en France, qui ont des antécédents de cancer colorectal. « Pour ces patients, le dépistage commence bien avant 50 ans » appuie Jean-Pierre Pilon. « À la Ligue, nous militons pour la prévention qui vaut mieux qu’une guérison. »
9 cancers sur 10 peuvent être soignés
« La Ligue contre le cancer est une association privée. Elle est le premier financeur privé et indépendant de la recherche contre le cancer en France » souligne Jean-Pierre Pilon. Chaque année, elle soutient plus de 900 projets de recherche. Avec environ 5% de guérison en 1918, la Ligue peut s’enorgueillir d’avoir contribué aux progrès de la recherche permettant aujourd’hui près de 60 % de guérison des cancers. Alors que la Ligue a fêté ses 100 ans en 2018, cet anniversaire marque un nouveau tournant : « Du curatif, nous passons aujourd’hui dans une ère de prévention. C’est notre priorité. Lorsque l’on sait que 9 cancers colorectaux sur 10 peuvent être soignés s’ils sont pris à temps, notre objectif est de sensibiliser la population au dépistage. »
De son côté, le Comité 54 œuvre tout au long de l’année pour le bien-être des patients et de leurs proches. Au sein de son « escale bien-être », des « soins de support » sont proposés gratuitement pour « retrouver une estime de soi » détaille Jean-Pierre Pilon. De l’activité physique adaptée avec un coach spécialisé pour réduire les effets secondaires et améliorer la qualité de vie par exemple. Mais aussi des ateliers de cuisine-santé pour retrouver un équilibre alimentaire, des soins de socio-esthétique pour apprendre à prendre soin de son corps, notamment en période de chimiothérapie. Enfin, des séances de sophrologie pour profiter d’un moment de relaxation.
Toutes les recettes de Mars Bleu seront intégralement reversées au Comité 54 de la Ligue. Ces fonds permettent de financer du matériel de pointe pour le dépistage du cancer. « Nous investissons également dans la recherche pour développer l’hôpital virtuel » ajoute Jean-Pierre Pilon. Un dossier de Pauline Overney
De l’importance du dépistage
L’ADECA 54 invite par courrier, tous les deux ans, tout individu entre 50 et 74 ans à consulter son médecin traitant afin de lui remettre le test de dépistage.
« L’ADECA 54 est à charge de la sensibilisation et de l’information des professionnels et de la population, de l’envoi des courriers d’invitation au dépistage, ainsi que de la relation avec les personnes dépistées et du suivi des dossiers positifs » souligne le Dr Maurice Tanguy de l’ADECA 54.
Le dépistage organisé du cancer colorectal est un programme national de santé publique généralisé depuis 2008 visant à proposer un test à une population a priori en bonne santé afin de détecter précocement une anomalie ou une maladie débutante. Ce programme s’adresse aux hommes et aux femmes entre 50 et 74, jusqu’à la veille des 75 ans, sachant que 94% des cancers colorectaux surviennent après 50 ans. « Dans ce cadre, le patient n’a pas de frais à avancer. Le kit est remis gratuitement et directement par le médecin traitant et l’analyse du test est prise en charge à 100 % par l’Assurance Maladie. »
Le dépistage consiste en la réalisation d’un test immunologique de recherche de sang dans les selles non visible à l’œil nu, qui est rapide, indolore et à faire chez soi. Si le test est positif, cela ne signifie pas que la présence d’un cancer est confirmée, mais que du sang a été découvert dans les selles. Une coloscopie est alors requise : « Lors de cet examen, si un ou plusieurs polypes sont décelés, le gastro-entérologue évaluera les caractéristiques de l’anomalie et pourra les enlever au même moment, sauf indication contraire » poursuit le Dr Tanguy. « Si un polype a déjà évolué en cancer, une chimiothérapie n’est pas proposée de façon systématique. Plus on le détecte tôt, plus les chances de guérison sont importantes. »
4 questions à Claude Signorelli
Président d’URILCO Lorraine, Association des stomisés de Lorraine
Quel est le but de l’association URILCO Lorraine ?
Notre vocation est d’apporter de l’aide et une écoute à tous ceux qui, en Lorraine, ont été ou vont se faire opérer d’une stomie. Concrètement, nous aidons les futurs patients, les personnes opérées et leur famille avant et après l’opération. Nous organisons des visites à domicile ou en milieu hospitalier, nous les épaulons dans leurs démarches administratives, nous les aidons en cas de problème d’appareillage. Nous sommes un réel soutien pour les patients. Les 70 bénévoles et moi-même parlons en connaissance des cause donc nous pouvons vraiment les rassurer.
Qu’est-ce qu’une stomie ?
C’est une dérivation qui consiste à aboucher l’intestin ou un morceau d’intestin sur la peau du ventre afin d’assurer l’élimination des urines ou des selles.
Où se trouve l’association ?
Nous entretenons un lien amical avec le Comité 54 de La Ligue contre le cancer qui met à disposition gracieusement ses locaux, rue du Vivarais à Vandoeuvre-lès-Nancy pour nos réunions.
À titre personnel, et en tant que stomisé, comment expliquez-vous que seuls 30% des français se font dépister ?
Nous ne pouvons que regretter ce chiffre qui est bien en deçà des résultats pour le cancer du sein par exemple. Je pense que les gens trouvent que c’est « sale ». Mais aujourd’hui, il y a des progrès au niveau du dépistage : il ne faut plus qu’un prélèvement au lieu de trois auparavant. Le cancer colorectal est insidieux, il ne fait pas forcément mal. D’où l’extrême importance de son dépistage.Propos recueillis par Pauline Overney
Témoignages : Vivre avec une stomie
Bernard Mangin, secrétaire trésorier d’URILCO Lorraine
« J’ai appris ma maladie en 2000, à la suite d’une hémorragie anale qui est survenue lorsque j’étais au travail. J’avais un cancer du rectum, à 52 ans. Après la visite chez le chirurgien, les séances de chimiothérapie, l’opération, la pose de la stomie et trois semaines d’hospitalisation, j’ai vite repris mon travail. Mon but était de retrouver une vie presque normale.
À URILCO, j’ai rencontré le secrétaire de l’époque, un homme de 80 ans, opéré 20 ans auparavant. Il bêchait un gigantesque jardin et il m’a poussé, il m’a remué. L’association a eu un rôle essentiel dans ma guérison.
À l’époque, je ne m’étais pas fait dépister. Mais si je l’avais fait, j’aurais sans doute échappé à cette maladie car mon chirurgien m’a dit qu’elle était là depuis un moment. À URILCO Lorraine, nous militons en faveur du dépistage, tout comme la Ligue d’ailleurs. »
Marc Caillet, Vice-Président d’URILCO Lorraine
« Lors d’un examen, on m’a découvert des polypes à la vessie. Après un traitement, mon urologue m’annonce que je suis guéri. Mais en 2007, je récidive à mes 60 ans. Là, c’était un cancer de la vessie. J’ai donc été opéré avec une ablation de la vessie et la pose d’une stomie. Après plusieurs complications, en 2018, les médecins m’ont parlé de guérison.
Aujourd’hui, je suis handicapé à 80% mais j’ai une vie quasiment normale. Je bricole, je vais à la mer, je pars au Maroc le mois prochain ! Je suis indépendant. Même les membres de la famille me disent qu’ils oublient que je suis stomisé : c’est génial !
Après mon opération, j’ai sollicité URILCO Lorraine car on a l’impression d’être seul sur terre, d’être malchanceux. Il y a un sentiment d’injustice. Mais dans les 80 personnes qui constituent notre association, finalement, vous n’êtes qu’un malade parmi d’autres. »
Publi-reportage • Photos © DR