Déjà la 40e édition !

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D’abord un salon de dédicaces, le Livre sur la Place est devenu le salon de référence de la rentrée nationale littéraire. Cette 40e programmation promet d’être exceptionnelle.

Dans la ville où est né Edmond Goncourt, il était presque naturel que les Académiciens Goncourt soient les parrains du Livre sur la Place. Et ce, depuis sa création en 1979. En signe de cette fidélité et de cet attachement, le Goncourt de la Biographie est remis à Nancy depuis 1980. Dès 1988, les archives de la célèbre société littéraire sont déposées aux Archives Municipales. Et pour la première fois, comme pour fêter dignement cet anniversaire, les Académiciens ont autorisé à présenter quelques archives lors de cette 40e édition : les délibérations des Goncourt à Proust, les délibérations paraphées de Colette, l’entrée d’Aragon à l’Académie… En tout, 15 à 20 pièces seront découvertes au public.

Du 7 au 9 septembre, le Livre sur la Place écrit donc un nouveau chapitre de son histoire. Celui de ses 40 ans, en regardant un peu vers le passé, mais surtout vers l’avenir. Les Dix Académiciens Goncourt (Bernard Pivot, Eric-Emmanuel Schmitt, Didier Decoin, Françoise Chandernagor, Patrick Rambaud, Tahar Ben Jalloun,  Virginie Despentes, Philippe Claudel, Paule Constant et Pierre Assouline) présideront cette nouvelle édition. En plus de la lecture-rencontre exceptionnelle prévue à l’Opéra de Nancy, le samedi 8, chaque Académiciens aura une carte blanche pendant le Salon. Philippe Claudel invitera à parcourir l’œuvre de William Ropp, un photographe nancéen qui expose dans le monde entier, entrecoupés de ses poèmes. Tahar Ben Jalloun, exposera, lui, ses peintures au Musée des Beaux-Arts. Les mots de Paule Constant rencontreront le dessin de Barroux, dans un conte déchirant qui n’exclut ni l’humour, ni la poésie : à admirer au Palais du Gouvernement. « Virginie Despentes a choisi d’aller à l’Autre Canal pour une lecture en deux parties : d’abord de Karasina, une auteure nancéenne qui est son amie d’enfance et en deuxième partie, un extrait d’Emily Loizeau de Philippe Jaenada » poursuit Françoise Rossinot, commissaire générale du Livre sur la Place.

Salon ouvert sur l’international

« Cette programmation spéciale 40 ans, nous l’avons façonnée à quatre mains, avec Marie-Madeleine Rigopoulos. Elle a été chroniqueuse littéraire pendant 8 ans à France Inter, est passée par Europe 1. Je lui fais confiance et c’est elle qui prendra la suite du Livre. C’est aussi grâce à elle que le Salon s’ouvre sur l’international. » Et pour cause, Salman Rushdie, auteur des célèbres « Versets sataniques » et figure emblématique de la résistance intellectuelle contre l’intégrisme religieux viendra pour la première fois à Nancy présenter son nouveau roman « La Maison Golden » lors d’un entretien exceptionnel avec le public. Dans un autre style, l’un des maîtres du polar anglo-saxon, R.J. Ellory, sera également présent au Salon pour présenter « Les fantômes de Manhattan ». Toujours dans l’univers du polar, le Tribunal administratif ouvrira ses portes et accueillera, entre autres, « Karine Giebel, qui est en train de devenir la reine du polar à la française », Jacques Ravenne ou encore Hervé Commère.

Et puisque le Livre sur la Place ne s’intéresse pas qu’à un seul genre littéraire, place cette année à la BD, avec comme invité d’honneur Joann Sfar. Il présentera le 8e tome du « Chat du Rabin » mais aussi un roman, paru chez Albin Michel, sous le titre « Modèle vivant ». Ce sera aussi l’occasion de fêter les 40 ans des éditions Casterman avec Benoît Peeters, scénariste des « Cités obscures » et Benoît Mouchart, le directeur éditorial. Enfin, le dimanche 9, la poésie sera à l’honneur avec deux grandes dames des lettres : la Libanaise Vénus Khoury-Ghata et la Luxembourgeoise Anise Koltz, Goncourt de la poésie 2018.

Entretiens, débats, conversations, remises de prix…

En tout, plus de 600 auteurs nationaux et internationaux seront présents à Nancy, dont 150 en programmation lors de différents événements. Impossible de tous les citer mais pour donner quelques exemples : Isild Le Besco avec Elodie Bouchez et Lolita Chammah iront à la rencontre de jeunes collégiens à Laxou dans le cadre de l’opération Batigère, Daniel Picoully lance, avec l’OMH (Office Métropolitain de l’Habitat), les « Battle de Stan » où quatre collèges vont s’affronter autour de l’éloquence et des textes, Tobie Nathan, Amélie Nothomb, Claire Chazal, Samuel Benchetrit ou encore Philippe Delestre participeront à des entretiens. Mais il y aura aussi des conversations, des débats, des causeries scientifiques, des tables rondes… sur des sujets d’actualité ou sur la rentrée littéraire.

Mais le Livre sur la Place, c’est aussi plusieurs prix décernés pendant le Salon. Outre le Goncourt de la Biographie Edmonde Charles-Roux, le prix Stanislas (meilleur premier roman), le prix du Livre Environnement de la Fondation Veolia, le prix des libraires de Nancy – Le Point, le prix des Médias Feuille d’Or de Nancy, le prix Livre et Droits de l’Homme est sans doute celui des plus attendus. « En 2002, Simone Veil était présidente de ce prix » se souvient Françoise Rossinot. « C’était une amie très proche. On avait l’Histoire devant nous. Et cette même-année, elle a inauguré la première Place des Justes à Nancy. J’ai beaucoup de chances de l’avoir rencontrée. » Ce 17e prix sera présidé par Axel Kahn.

Entre 150 000 et 170 000 visiteurs

Enfin, pour clôturer en apothéose cette 40e édition, Isabelle Adjani et Lambert Wilson se retrouveront à l’Opéra pour lire des extraits de la correspondance de Maria Casarès et Albert Camus. « Nous ferons une retransmission de la soirée dans les salons de l’Hôtel de ville car nous savons que l’Opéra va être pris d’assaut. C’est aussi notre volonté : rendre accessible ce Salon au plus grand nombre. C’est pour cela qu’il est indispensable qu’il reste totalement gratuit, à la fois à l’accès au chapiteau mais aussi à tous les évènements que l’on programme autour. » Entre 150 000 et 170 000 amoureux de belles lettres sont attendus lors de ce weekend incontournable. Histoire de pouvoir échanger quelques mots avec son auteur favori, de repartir avec un petit mot dédicacé ou de participer à l’une des manifestations proposées. Et se rappeler que l’humanité a besoin de la littérature. Pour s’évader mais aussi pour apprendre, s’éduquer et s’élever. Et d’ailleurs, lorsque l’on demande à Françoise Rossinot si elle ne devait retenir qu’un livre, elle répond naturellement : « Un dictionnaire, c’est la base de tout. »

Du 7 au 9 septembre • Chapiteau Place Carrière à Nancy de 10h à 19h – Entrée libre • Renseignements : 03 83 85 30 48 ou lelivresurlaplace.fr

Entretien avec Françoise Rossinot

Commissaire générale du Livre sur la Place

 

Quel est votre sentiment à l’approche de cette 40e édition ?

J’espère que notre programmation va plaire ! Nous y avons mis tout notre cœur et nous proposons une programmation la plus éclectique possible pour toucher un maximum de publics. Il y a toujours une petite interrogation, surtout que cette 40e édition n’est pas une édition comme les autres ! J’étais journaliste en 1979 au moment où le Livre est né et je me souviens des premiers Académiciens Goncourt arrivant à Nancy. Le succès de la manifestation, c’est grâce à eux. Ils président tous les Dix cette 40e édition. C’est une façon de leur rendre hommage et de les remercier de leur fidélité. Surtout qu’ils nous font le cadeau exceptionnel de venir délibérer en mairie de Nancy, pour la première fois et d’annoncer officiellement, le vendredi à midi, leur première liste des 15 Goncourables 2018 !

Comment le Livre sur la Place est devenu le 1er salon national de la rentrée littéraire ?

En 1982, le Livre se déroulait le 3e weekend de septembre. La thématique, qui a tenu quelques années, était le livre d’histoire. Puis, c’est devenu généraliste. Quand j’ai pris la responsabilité de la manifestation, j’ai souhaité que nous l’avancions d’un weekend pour que nous puissions arriver en même temps que la liste des Goncourables. Il fallait passer d’un salon de dédicaces à un salon de programmation. Le public avait envie d’écouter, d’échanger, d’apprendre des choses avec les écrivains. Aujourd’hui, le Livre est incontournable, tous les présidents de grandes maisons d’édition sont là.

Des nouveautés pour cette édition 2018 ?

Il y a trois expositions en ville qui permettent de feuilleter les grandes pages du Livre. Place Simone-Veil, les visiteurs pourront découvrir les grands présidents du salon. Autour de la bibliothèque, rue Stanislas, ce sont des images des Goncourt à Nancy qui seront exposées. Enfin, les temps forts de ce rendez-vous unique seront visibles autour de l’Hôtel de Ville. En avant-première le jeudi soir, nous organisons une soirée autour de Jean D’Ormesson, qui a été un auteur fidèle et un ami cher. Alice Taglioni viendra lire les textes choisis par la fille de Jean et entrecoupera cette lecture de morceaux de piano. Le samedi soir, les Dix Goncourt se retrouvent à l’opéra pour une soirée lecture-rencontre exceptionnelle, accompagnés de la comédienne Isabelle Carré. Ils liront à tour de rôles des textes d’Académiciens qui les ont précédés.

Votre meilleur souvenir du Livre sur la Place ?

Incontestablement : Eli Wiesel. Car c’est avec lui que j’ai commencé mes grandes rencontres, il était prix Nobel de la paix. C’était un rêve de l’avoir. Il était une grande conscience et un témoin de notre temps. J’entends encore sa voix dans les grands salons, triste et mélodieuse, qui parlait des trains qui partaient à Birkenau que personne n’a arrêtés. Ça me fait encore froid dans le dos.

Et vous partez pour un nouveau défi à l’Académie Goncourt…

Oui, j’ai été nommée déléguée générale de l’Académie. Je prends mes fonctions le 1er octobre prochain. Je vais devoir me partager entre eux et ici, à Nancy, pour faire la transition en douceur jusqu’en avril. Honnêtement, je ne m’y attendais pas ! Quand Bernard Pivot m’a appelée, je pensais qu’il voulait changer un horaire ! Il m’a dit : « Asseyez-vous, vous ne vous attendez pas à ça. » Je suis fille de libraire, j’accueille depuis 39 ans les Académiciens, j’ai un profond respect et une grande amitié pour eux. Je n’en reviens toujours pas. Dire qu’en novembre, je vais gérer la presse internationale du Prix, c’est un honneur. Une belle aventure qui commence… Propos recueillis par Pauline Overney

Publi-reportage • Photos © Ville de Nancy, Alexandre Marchi, DR