La troisième édition de la Biennale de la Danse, organisée par le réseau Exp.Édition, prend une dimension Grand Est cette année et s’exporte même jusqu’au Luxembourg.
« Les grands danseurs ne sont pas grands à cause de leur technique, ils sont grands à cause de leur passion » déclarait la célèbre danseuse et chorégraphe américaine Martha Graham. La passion, c’est justement ce qui unit les membres du réseau Exp.Édition, organisateur de la Biennale de la Danse (coordonné par Arteca, en lien étroit avec le CCAM – Scène nationale de Vandoeuvre et soutenu par la Région Grand Est). La passion, c’est ce qui pousse la vingtaine de scènes publiques partenaires à accueillir ces différents projets artistiques. La passion, c’est aussi ce qui anime les danseurs des compagnies régionales, nationales et internationales qui se produisent sur scène avec fougue et énergie.
Depuis 2013, la Biennale de la Danse met en lumière la danse contemporaine en Lorraine et prend, cette année, une toute autre dimension avec une nouvelle édition en Grand Est et au Luxembourg. Jusqu’au 5 décembre, l’événement accueillera des projets artistiques destinés à tous les publics, aux ambitions différentes, dans un large choix de spectacles de qualité. De Strasbourg à Reims, en passant par toute la région et le Luxembourg, la programmation éclectique, touchante, parfois surprenante fera vivre la danse contemporaine sur le territoire. En tout, plus de 100 rendez-vous sont programmés dont une quinzaine de créations coproduites ou accueillies au sein de ce réseau engagé pour la danse contemporaine.
Les 50 ans du Ballet de Lorraine
Des artistes hors région sont à l’honneur lors de cette Biennale 2017 dans une programmation teintée de créativité qui fait aussi la part belle aux compagnies régionales. Avec le Centre National Chorégraphique – Ballet de Lorraine, par exemple, qui fête un double anniversaire cette année : les 50 ans de sa création et le quarantième anniversaire de son installation à Nancy. Lors de la Biennale, la compagnie nancéenne présentera au mois de novembre son premier programme « 1968-2018 » qui inaugure royalement le début des festivités autour d’une grande soirée performative en tous genres ! Au programme, deux époques face à face avec le mythique RainForest créé en 1968 par Andy Warhol et Merce Cunningham et la toute nouvelle création du chorégraphe new-yorkais d’adoption Miguel Gutierrez, considéré comme une des voix artistiques parmi les plus provocantes mais essentielles de notre époque. Le Ballet de Lorraine se produira Au Manège – scène nationale de Reims dans un programme réunissant des créations de Cunningham, Forsythe mais surtout In The Upper Room de Twyla Tharp, merveilleusement dansé par la compagnie. Sur une musique de Philip Glass, ce chef d’œuvre associe le vocabulaire classique aux inflexions modernes et artistiques dans une performance envoûtante.
Un événement comme la Biennale permet également de mettre en avant des chorégraphes de renom, à l’image de Gisèle Vienne et de sa nouvelle création intitulée Crowd. Sur scène, 15 danseurs de la compagnie régionale DACM, implantée à Strasbourg, explorent à travers une fête l’aspect jubilatoire et exécutoire de la violence. Une chorégraphie sur un DJ-Set de Peter Rehberg, créée en novembre en partenariat avec Pole-Sud CNDC de Strasbourg, où la compagnie est en résidence depuis le mois dernier. « J’ai commencé à travailler sur cette pièce avec Le Sacre du Printemps, qui pose des questions toujours aussi contemporaines : ces rapports au désir, à la violence et à l’expression de ces sentiments exacerbés et à la manière dont une société peut créer des espaces pour que ces sentiments s’expriment sans mettre en péril l’équilibre de la communauté » explique Gisèle Vienne. Dans Crowd, les gestes sont heurtés, saccadés, interrompus. Le temps en vient à s’altérer et à se distordre dans un jeu de lumières hypnotisant.
Des chorégraphes de renom
La chorégraphe Camille Mutel est aussi très attendue pendant cette Biennale. Sa nouvelle création Animaux de Béance s’inspire de la danse de l’Argia, une forme rituelle médiévale originaire de Sardaigne. Pour la première fois, la chorégraphe se propose de rester au bord du plateau, afin de guider les trois artistes de la compagnie régionale Li(luo) qu’elle a invités sur scène, à engager leurs voix et leurs corps. Entre costume et nudité, osant visiter l’animalité, la création de Camille Mutel active les pensées actuelles, qui refusent de voir le corps à la façon d’une enveloppe identitaire et d’une essence homogène.
De son côté, la chorégraphe Nathalie Pernette s’associe au magicien Thierry Collet pour créer Les Ombres Blanches. Un monde « entre deux mondes », où dans une danse hypnotique à quatre mains les corps se rencontrent sans se soucier ni du verre en mouvement ni de cette incandescence qui traverse la pièce. En un mot : magique. La représentation au Carreau – Scène Nationale de Forbach s’inscrit dans le cadre du festival jeune public franco-allemand Loostik, l’occasion de rappeler que la Biennale de la Danse s’adresse au plus grand nombre. Les enfants apprécieront également la création Frusques de la compagnie régionale Act2 Compagnie où quatre personnages se réveillent dans un monde inconnu où les seuls éléments communs et connus sont des vêtements. La compagnie Robinson présentera Lapins Frères qui évoque les liens, la complicité mais aussi la rivalité que l’on peut avoir entre frères et sœurs au sein d’une famille. Danse traditionnelle africaine, hip-hop, danse contemporaine mais aussi paroles, chansons et musiques cohabitent sans frontières dans cette création pour créer un univers joyeux et positif.
L’excellente compagnie régionale du Ballet de l’Opéra National du Rhin proposera, elle, une création autour de grands chorégraphes européens : Quintett de William Forsythe, 27’52 de Jiří Kylián et Jeunehomme de Scholz. L’entrée au répertoire des deux premières chorégraphies, la reprise de la troisième et leur interprétation en ouverture de la saison du Ballet de l’Opéra National du Rhin ont valeur de manifeste : une grande ambition sans attendre !
À vivre intensément !
Dans une programmation aussi dense que celle de la Biennale de la Danse, il sera inconcevable de passer à côté de Nocturama (à la salle Poirel de Nancy en coproduction avec l’Autre Canal de Nancy), une création du danseur chorégraphe Romain Henry et du musicien Anthony Laguerre. La compagnie régionale Virgule Flottante poursuit ses recherches sur le dialogue entre mouvement et son dans cette pièce chorégraphique pour trois corps : une danseuse, un danseur et un musicien. Ils se confrontent, se manipulent, évoluant sans cesse entre accélération et décélération.
La poésie de la compagnie régionale Via Verde transporte le spectateur dans une nouvelle création intitulée L’enfant Perdu. Un spectacle onirique, sans texte, empreint de douceur, aux frontières de la chorégraphie. L’enfant Perdu est l’évocation d’un territoire : celui de l’enfance. Fascinant et inédit dans ses propos et ses réactions, l’enfant renouvelle et interroge constamment notre capacité d’humain. Tout comme la marionnette questionne l’humain de façon distancée et sensible.
Enfin, Fury, par la compagnie régionale Mirage, mis en scène par Sarah Baltzinger est une pièce chorégraphique vertigineuse pour six danseurs et un musicien live. Cette nouvelle création travaille sur la notion d’intensité à travers la vitesse, et appréhende cette dernière comme satire du temps et des espaces dans lesquels nous vivons. Une course effrénée dans une recherche incessante de l’intime et de soi-même. Sans nul doute, la Biennale de la Danse 2017 Grand Est est à vivre intensément !
Suivez la Biennale sur facebook.com/biennaledanseest • Renseignements : 03 83 87 80 68 • Réservations et renseignements complémentaires en contactant directement le lieu concerné.
Photos © Compagnie Robinson, Pyramid, Estelle Hanania, Géraldine Aresteanu,
Oria Steebnkiste et Alice Ehrhar, DK-LM, Philippe Laurençon, DR