Chaque été, la Maison de la Bresse présente une exposition avec des artistes d’exception. Cette année, le peintre mosellan Jean-Paul Neglot Tolgen est mis à l’honneur, à partir du 8 juillet.
Il est l’un de ces artistes rares, qui maîtrisent aussi bien l’aquarelle que l’acrylique, le figuratif que l’abstrait, le noir et blanc que la couleur. L’exposition « Peinture, entre abstraction et figuration », consacrée à Jean-Paul Neglot Tolgen, est à visiter à partir du 8 juillet et ce, pendant tout l’été, dans la station des Hautes-Vosges.
Né à Metz en 1955, Jean-Paul Neglot Tolgen développe très vite une passion pour la peinture : « Mon père était peintre et décorateur. Il est décédé quand j’avais 5 ans, je ne l’ai pas beaucoup connu mais j’ai toujours eu en moi cette sensibilité pour la peinture. » Il passe ses plus jeunes années à jouer de la guitare puis il s’oriente vers des études d’arts graphiques qui, naturellement, le ramènent à la peinture. « En 1982, l’activité se met en place. Je reçois mon premier prix d’aquarelle en 1986, suivi des premières expositions en galeries » explique l’artiste. Une première période impressionniste est vécue avec succès. De plus en plus de galeries d’art lui ouvrent leurs portes.
Lumière prédominante
Sauf que Jean-Paul Neglot Tolgen a envie d’autre chose. En 1990, il se dirige vers l’abstraction en créant des travaux graphiques à l’huile, l’acrylique, l’encre et l’aquarelle. Les paysages se transforment en masses et mouvements de couleurs évocatrices. Le minéral, le végétal, l’eau et la lumière sont au cœur de ses évocations abstraites. Ses inspirations, ils les puisent dans les maîtres de l’abstraction : Kandinski, Zaō Wou Ki, Chu Teh Chun, Nicolas de Stael… mais chemine sa propre forme d’expression personnelle au fil du temps.
Car dans l’ensemble de son œuvre, ce qui frappe, c’est la recherche d’une peinture où la lumière prédomine, ce qui lui autorise toutes les audaces pour construire des créations aussi bien riches en couleurs que sobres et raffinées. Et techniquement très maîtrisées, aussi bien dans l’acrylique que dans l’aquarelle. « L’aquarelle c’est le parent pauvre de la peinture comparé à l’huile ou à l’acrylique. Mais elle peut donner des choses très puissantes, avec beaucoup de couleurs. Je suis un peu le Don Quichotte de l’aquarelle en fait ! » souligne l’artiste dans un rire. « C’est une technique fantastique qui vous pousse à aller au-delà de vous-même. Quand votre feuille est remplie d’eau, on ne sait jamais où va fuser la couleur ! Il faut la maîtriser pour aboutir au résultat que l’on veut. Ça demande une recherche constante. »
« Besoin vital de créer »
A La Bresse, Jean-Paul Neglot Tolgen présentera une cinquantaine de peintures dont une dizaine d’aquarelles. Trois d’entre elles font partie de la série de la collection « Dreamland », créée pour les Emaux de Longwy. « J’expose aussi des œuvres issues d’une technique que j’ai mis personnellement au point. Ce sont des acryliques peints sur des cartons assez épais, vernis et montés sur toile » détaille-t-il. « Je veux que mon abstraction soit lisible de tous. » Chacun est libre d’y voir ce qu’il veut bien y voir et de ressentir ses propres émotions. Tolgen joue sur deux tableaux, entre deux univers – figuration et abstraction – et pousse le spectateur à emprunter un chemin personnel d’interprétation. Cette démarche se retrouve dans cette nouvelle approche des œuvres impressionnistes de ses débuts où l’artiste, rendant hommage à ses maîtres, revisite des thèmes qui lui sont chers comme Les Nymphéas de Claude Monet qu’il admire tant…. Avec une touche plus abstraite.
Jean-Paul Neglot Tolgen n’a jamais renié sa toute première passion pour la guitare. Excellent musicien (il a joué entre autres avec Jacques Higelin), il proposera, le 15 août, un concert de guitare électrique au milieu de son exposition. « J’avais enregistré une bande son d’improvisation de guitare qui accompagne le spectateur pendant sa visite. Lors de ce concert, je rajouterai ma troisième guitare en live, sur cette bande sonore. » Une manière de toucher la vue et l’ouïe en même temps, pour que l’art sous toutes ses formes vous fasse vivre une authentique expérience émotionnelle.
L’exposition « Peinture, entre abstraction et figuration » vous plonge dans l’univers de cet artiste mosellan, passionné et passionnant jusqu’au 3 septembre prochain. Et lorsqu’on lui demande ce que la peinture lui apporte de sa vie, il répond, avec émotion : « J’ai trouvé un refuge dans la peinture. Je développe ma sensibilité créatrice et ça me satisfait. Ça m’apporte beaucoup de joie et de plaisir. Nous sommes des artistes et nous avons un besoin vital de créer. »
Du 8 juillet au 3 septembre • A la Maison de La Bresse • Tous les jours de 10h à 13h et de 15h à 19h. Entrée libre.
Entretien avec l’artiste mosellan Jean-Paul Neglot Tolgen
Au début de votre carrière, vous vous dirigez vers l’impressionnisme. Pourquoi ?
Dans l’impressionnisme, il y a une recherche de la lumière qui m’intéressait beaucoup. Je me souviens que la galerie d’art de Cholet m’avait commandé des miniatures sur des thèmes régionaux. Au début, je n’étais pas emballé. Mais je l’ai fait et ça a été un succès ! J’ai sillonné la France avec ces miniatures.
Puis, dans les années 1990, vous passez à l’abstraction…
J’en suis venu à l’abstraction avec une recherche beaucoup plus personnelle. J’ai été inspiré par l’un des précurseurs de ce mouvement, William Turner, notamment pour la lumière. Mais aussi par tous les maîtres du début du 20e siècle comme Kandinski, Zaō Wou Ki, Chu Teh Chun, Nicolas de Stael…. Le travail de la nature, des paysages, des déclinaisons de masses, de noir et blanc… ça m’intéresse beaucoup.
Avec le temps, j’ai cheminé ma propre forme d’expression personnelle car j’intègre de la figuration dans mes œuvres abstraites.
Justement, comment concevez-vous un tableau ?
L’abstraction demande une démarche intéressante en amont. Ça peut partir de la contemplation de quelque chose de réel pour faire jaillir une création autrement.
Et puis, il y a les mystères de la créativité ! Je me surprends moi-même des fois. En cours de route, l’œuvre se transforme. Du coup, je me remets en question car ce n’est pas ce que j’ai voulu à la base, mais j’ai fait autre chose. Il faut se laisser respirer et ne pas mentaliser tout ce que l’on crée. C’est aussi dans l’erreur que l’on avance, en prenant des risques. Et il faut aussi l’humilité nécessaire de se dire que notre œuvre n’est pas tout à fait notre choix. Il se passe quelque chose en plus dans la création que l’on doit accepter. C’est aussi pour ça que je suis allé vers l’abstraction, car ça me donne plus de libertés.
Qu’aimeriez-vous que les gens ressentent quand ils contemplent votre œuvre ?
Je veux que mon abstraction soit lisible de tous. Ainsi, le spectateur a la liberté de voir ce qu’il veut. Chacun vient avec ce qu’il est, avec ses interprétations. Généralement, dans les retours positifs, les gens me disent que mes peintures les apaisent et leurs procurent du bonheur. C’est le plus important pour moi car c’est de l’énergie que j’essaie de transmettre.
Un souvenir vous a marqué ?
Un jour, j’ai vendu un tableau à une dame qui avait perdu un enfant. Elle m’a dit : « Je l’achète car il me fait du bien. » Que voulez-vous répondre à ça ? J’étais sans voix. Mais c’est la plus belle chose qu’on ait pu me dire.
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Une vie douce et heureuse, et que je puisse encore vivre de mon art ! Continuer d’avancer et d’explorer…
L’art au féminin
En parallèle de l’exposition consacrée à Jean-Paul Neglot Tolgen, la Maison de La Bresse accueille, pendant tout l’été, deux autres artistes : Aurélie Betton et Martine Junier.
Du 8 juillet au 6 août : Aurélie Betton
Née à Orléans en 1982, Aurélie Betton va vite se rendre compte que l’art est bien plus qu’une passion chez elle, c’est une vocation. Elle s’inscrit à l’école de dessin de Saint Dié où elle a bénéficié de l’expérience de Philippe Conti et Jean-Paul Mongeot. Elle choisit d’assurer son avenir en se dirigeant vers des études de graphisme. Un cursus qui lui permet d’affirmer sa technique et d’en nourrir de nouvelles créations.
Cette plasticienne de 34 ans consacre tout son temps libre à son art et s’épanouit dans la création en transportant le visiteur dans son univers fantastique. Ses œuvres, dans les tons violets, voient évoluer une femme hybride mi-femme mi-oiseau dans un monde abstrait. A travers ses peintures exposées à la Maison de La Bresse, Aurélie réveille en nous des sentiments, des émotions mais aussi une réflexion personnelle qui laisse libre cours à notre imagination.
Du 7 au 25 août : Martine Junier
Originaire du Jura, Martine Junier s’installe dans les Vosges dans les années 90 après avoir suivi les cours du soir de l’école des Beaux-Arts de Dole. En 2000 (et jusqu’en 2009), elle intègre l’atelier d’un artistes plasticien qui lui transmet le goût de l’aquarelle ainsi que la découverte d’autres techniques (acrylique, collage…). Martine Junier pratique l’aquarelle sur des collages de papiers peints anciens et contemporains. Cette technique personnelle deviendra sa spécialité. En 2014, elle intègre l’atelier de La Mandroseraie (Mandray) pour approfondir sa recherche en arts plastiques et découvrir le travail de la terre.
A La Bresse, l’artiste expose des tableaux forts, sur le thème de la condition féminine où la souffrance et l’étrangeté sont soulignées par l’utilisation de ses techniques variées : l’acrylique, le papier peint et le collage. Majoritairement féminins, ses portraits expressifs représentent une galerie de visages qui ont traversé la vie de l’artistes ou qui sortent tout droit de son imaginaire dégageant des émotions allant de la candeur à la souffrance.
RDV à ne pas manquer
Jean-Paul Neglot Tolgen
Du 8 juillet au 3 septembre : l’artiste mosellan Jean-Paul Neglot Tolgen présente « Peinture, entre abstraction et figuration », des œuvres abstraites aux couleurs fortes et des masses évocatrices, pour une peinture toute en équilibre entre stabilité et mouvement.
Expositions parallèles
Du 8 juillet au 6 août :
peintures d’Aurélie Betton.
Du 7 au 25 août :
peintures de Martine Junier.
Evénements (gratuits)
Dimanche 23 juillet, 18h :
concert « Couleurs en musique », piano-violon-chant lyrique. Julie Richard et Delphine Ribemont-Lambert reviennent cet été à la maison de La Bresse avec un violoniste pour un nouveau concert classique !
Mardi 15 août, de 14h30 à 17h30 :
atelier d’initiation à l’aquarelle avec Jean-Paul Neglot Tolgen. Ouvert aux débutants et artistes amateurs. Venez découvrir la technique de l’aquarelle, ou améliorer votre trait, avec l’un des meilleurs aquarellistes du Grand Est. Sur réservation.
Mardi 15 août, 18h30 :
concert « synesthésique » de Jean-Paul Neglot Tolgen. L’artiste, dévoile une autre facette de son talent et propose un concert de guitare électrique au milieu de son exposition.
Et aussi, animations, ateliers pour les enfants, stages d’initiations…
Maison de La Bresse – 7A rue de la Clairie • Programme : 03 29 62 65 95 • maisondelabresse.fr • labresse.fr
Publi-reportage • Peintures © Jean-Paul Neglot Tolgen © Aurelie Betton, Martine Junier, DR