Le Festival International des Métiers d’Art (FIMA) à Baccarat est un événement unique en lorraine réunissant artisanat d’art et musique populaire sur le thème cette année de « l’équilibre ».
Certaines rencontres bouleversent nos vies. Lorsque Josette Renaux, regrettée maire de Baccarat croise le chemin d’Yvan Cassar (célèbre arrangeur de Mylène Farmer, Johnny Hallyday, Céline Dion…), une amitié se crée mais surtout, une idée jaillit : « Ma chère maman pensait que la ville de Baccarat était dans l’ombre de la cristallerie, tout comme Yvan Cassar, dans l’ombre des stars. De là est né le festival » explique Richard Renaux, président de Baccarat Développement. L’association organisatrice en partenariat avec la ville de Baccarat et de son maire Christian Gex proposent cette 4e édition du Festival International des Métiers d’Art sur le thème de « l’équilibre ». Village des artisans d’art, concours international et concerts populaires – Jérôme Anthony et Angunn en têtes d’affiche -s’articulent à la perfection du 23 au 25 juin lors de ce grand rendez-vous populaire privilégiant les rencontres du public avec ces créateurs professionnels. « Il existe 280 métiers d’art aujourd’hui. C’est notre patrimoine, spécialement en Lorraine. Avec le FIMA, nous voulons apporter aux Bachamois l’excellence à travers un événement original » insiste Richard Renaux.
40 métiers représentés
Cette année, le village des artisans d’art s’installe dans le cadre idyllique du Parc Michaut, situé derrière la Mairie, le long de la Meurthe. « Les visiteurs pourront aller à la rencontre de 60 artisans, triés sur le volet. Au début, nous en cherchions, aujourd’hui nous devons en refuser pour garder un certain niveau d’excellence » détaille Thierry Marié, responsable et scénographe du village. Verrier, céramiste, ferronnier, vitrailliste, tapissiers… En tout, 40 métiers d’art seront représentés à Baccarat. L’occasion de découvrir des savoir-faire ancestraux, des techniques impressionnantes et des créations souvent uniques. Pendant 3 jours, jeunes créateurs, professionnels confirmés et Meilleurs Ouvriers de France vous inviteront dans leurs univers entre tradition et modernité, technicité et créativité.
A leurs côtés, des centres de formation de la région seront également présents pour promouvoir leurs métiers (école de Vannerie de Fayl-Billot, lycée Camille Claude de Remiremont section métiers de la pierre…) à travers plusieurs démonstrations tout au long du week-end. Car il n’y a pas de transmission sans apprentissage, indispensable pour la pérennité de ces savoir-faire qui s’apprennent de génération en génération. Dans cet esprit, le FIMA met en place pour la première fois des ateliers pour les écoles. Petits et grands pourront manipuler les matières, fabriquer leur propre création. L’occasion, peut-être, de faire naître des vocations…
Présence exceptionnelle d’Anggun
« Pouvoir trouver des artistes populaires qui apportent leur notoriété à Baccarat et montrer des métiers d’art qui méritent d’être connus : c’est toute la richesse de Baccarat » souligne Thierry Marié. Après avoir parcouru le village des artisans d’art, la soirée se poursuit en chansons, toujours au Parc Michaut, née de la volonté des organisateurs de réunir les lieux : « Le pont qui existait déjà entre métiers d’art et musique prend avec cette nouvelle disposition une dimension beaucoup plus concrète, qui nous tenait à tous particulièrement à cœur » s’enthousiasme Christian Gex. Le programmateur musical du FIMA, Thierry Cornolti a mis les petits plats dans les grands pour cette édition 2017. Les festivités musicales débuteront le vendredi 23 juin avec les 100 enfants de la Chorale des écoles Chœur de Cristal de Baccarat qui porteront les couleurs locales. « Ouvrir le festival avec des enfants de Baccarat, c’est toujours un moment très émouvant au FIMA » note Thierry Cornolti. Puis, ce sera au tour du nancéen Jérôme Anthony, animateur vedette de M6. Passionné depuis toujours par la musique, il présentera en avant-première à Baccarat une création autour des plus grandes chansons romantiques des années 60. « Nous allons les remettre au goût du jour avec un grand orchestre de jazz, le Mister Oz Big Band, originaire de la région » explique Jérôme Anthony. Une version jazzy donc, des grands tubes comme « Les neiges du Kilimanjaro », « Aline », « Capri c’est fini… ». « J’ai choisi les chansons d’amour car il est très difficile de reprendre des chansons yéyé pour les amener dans un autre univers. Et puis j’avais envie de quelque chose de classe et pétillant. C’est donc une avant-première à Baccarat, c’est un peu stressant mais je suis très excité par le projet ! »
La pop et la chanson française seront à l’honneur pendant la soirée du samedi avec la présence exceptionnelle de la chanteuse Anggun. Révélée en France en 1997 avec le titre « La Neige au Sahara », Anggun est une superstar en Indonésie. En pleine tournée 2017 avec son nouvel album « Toujours ailleurs », elle fera une halte à Baccarat et revisitera ses plus grands succès et les chansons de son dernier opus. La première partie sera assurée par Luna Gritt. Ce duo composé de Claire V à la voix grave et au timbre singulier et SEdd, guitariste mélodiste, mettra l’ambiance sur la scène du FIMA avec leur musique soul sixties et britpop entraînante. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule : tous les concerts du FIMA sont gratuits !
Le FIMA en chiffres
4 éditions
200 000 euros de budget
60 artisans professionnels
12 finalistes pour le concours
40 métiers d’art représentés
100 bénévoles
15 000 visiteurs
« Dimension contemporaine »
Ce qui fait la renommée du FIMA, c’est aussi son concours international. Les 12 finalistes retenus cette année devront plancher sur le thème de « l’équilibre ». Entre le geste et la forme, la démarche et la matière, la créativité et la technique, la tradition et la modernité. Les créations des artisans verriers, vanniers, tapissiers, sculpteur, ébéniste… seront exposées du 23 au 25 juin au salon d’honneur de l’hôtel de ville. Le jury, composé entre autres de Richard Renaux, Christophe De Lavenne (chef de projet de la Mission Régionale des Métiers d’Art), Michel Herter (Délégué Régional Meilleur ouvrier de France) et Marion Fillancq (verrière-bijoutière, lauréate du concours 2014) se verra remettre 3 prix : le grand prix Josette Renaux à deux lauréats, un prix spécial jury et un 3e prix d’un jury composé de futurs et jeunes professionnels des métiers d’art. Le public pourra également voter pour le choix de son cœur afin de remettre le prix du public à l’un des artistes. « Il y a une véritable dimension contemporaine dans le concours du FIMA » précise Marion Fillancq. « Il est l’occasion de montrer des métiers que l’on ne connait pas beaucoup comme la vannerie. Cela permet de mettre en avant des savoir-faire de façon originale. Et c’est aussi une façon pour les artistes de tester le regard de nos contemporains, c’est très enrichissant ! »
Le FIMA s’associe avec les commerçants bachamois afin de proposer un spectacle d’exception. En amont du festival, l’opération « Vitrines des Arts » invite les artistes de la région Lorraine, amateur ou professionnels, à investir les vitrines des boutiques de Baccarat pour promouvoir la « mise en art » de la ville. En plus, une centaine de bénévoles sont à pied d’œuvre pour contribuer à la réussite d’un festival placé sous le signe de l’excellence et de la convivialité qui montre que Baccarat est une ville ambitieuse et rayonnante, toujours au service de l’artisanat d’art.
Du 23 au 25 juin à Baccarat • Entrée libre • Programme et infos : fima-baccarat.fr
Jérôme Anthony
tête d’affiche 2017 avec une nouvelle création
« Je suis ravi de participer au FIMA cette année. Je suis très attaché à ma région et c’est un plaisir de venir présenter mon spectacle en avant-première à Baccarat. C’est une 4e édition dont je me souviendrai ! Comme vous le savez, j’ai toujours aimé chanter. Et avec ma chaîne, M6, on teste depuis quelques temps la création d’un album-concept qui est en cours d’enregistrement. Je revisite les tubes romantiques des années 60 comme « Capri », « Aline », « Les neiges du Kilimanjaro », « N’avoue jamais »… en les embarquant dans l’esthétique d’un grand orchestre big band. Pour cette création, je me suis entouré de Mister Or big band qui est originaire de Lorraine. Je suis très excité de présenter ce spectacle car on propose des chansons populaires que tout le monde connait ! On va casser la frontière entre Baccarat et Las Vegas ! C’est très émouvant, un peu stressant aussi mais je vous donne d’ores et déjà rendez-vous le 23 juin ! »
Marion Fillancq
verrière-bijoutière, lauréate 2014 et membre du jury
« J’ai eu la chance de remporter le concours FIMA en 2014 avec la création d’un lustre sur le thème de « l’hommage ». Je me suis beaucoup dépassée pour créer cette pièce puisqu’initialement, je suis créatrice de bijoux. Ça m’a ouvert un autre horizon, je suis sortie de ma zone de confort et j’ai pu repousser mes limites.
Le FIMA, ça créé une visibilité immédiate et aussi à moyen terme. On rencontre des gens, on apprend des autres et c’est aussi une manière d’avoir une reconnaissance sur notre travail. J’ai été très surprise par l’amour du public quand j’ai participé. Souvent, les gens venaient m’encourager et me dire qu’ils avaient voté pour moi. Les échanges sont très enrichissants aussi entre les artistes. Je n’ai pas senti de compétition entre nous.
Cette année, je fais partie du jury et c’est une nouvelle expérience qui s’offre à moi. Et j’encourage tous mes confrères et amis à participer à ce concours FIMA. J’ai d’ailleurs déjà vu des noms connus quand nous avons sélectionné les finalistes, ça m’a fait plaisir. »
Passeurs de lumière
Claire Henry est vitrailliste dans les Vosges. Elle est présente au FIMA depuis la 1ère édition pour valoriser et faire connaître son métier.
Il y a des savoir-faire qui se transmettent de génération en génération. Depuis maintenant 15 ans, Claire Henry dirige l’atelier Le Vitrail, créé par sa maman en 1974 à la Voivre dans les Vosges. « Avec mon mari, nous avons repris cet atelier car il était important pour moi de m’inscrire dans la continuité de ma mère » explique Claire Henry. Sa passion est née de son héritage familial et se concrétise lors de ses différentes formations en atelier. « J’ai eu la chance de rencontrer deux vitraillistes de renom qui m’ont appris les techniques traditionnelles dont la célèbre maison Andrieux à Paris. Plus récemment, j’ai été formée à la technique de la fusion du verre au Cerfav. »
Aujourd’hui, l’atelier le Vitrail dispose d’un catalogue de créations traditionnelles ou contemporaines répondant à tout type de demande. « Nous n’avons aucune règle. Nous pouvons créer autour de différentes thématiques comme le golf ou les personnages religieux par exemple » poursuit Claire Henry. Car dans cet atelier vosgien, il y a une devise : « Chaque création est un nouvel univers qui s’invente. »
« Le FIMA, une fierté »
Le savoir-faire du vitrail renferme plusieurs techniques : composition de verres soufflés ou industriels coulés, étirés, colorés dans la masse avec ou sans grisaille, émaillés ou fusés et sertis au plomb… « L’important est d’allier techniques traditionnelles et contemporaines » insiste Claire Henry qui sera présente au village des artisans d’art lors de la 4e édition du FIMA. « Un événement comme celui-ci, c’est une fierté pour moi. C’est magnifique de pouvoir s’exposer à Baccarat. Il y a une véritable mise en avant des métiers d’art pour leur redonner de la visibilité, c’est exceptionnel ! » A la rencontre d’un public toujours aussi curieux, Claire et Olivier proposeront une « monstration » de leurs créations pour que « les visiteurs se projettent dans notre univers, puissent poser des questions et toucher le verre. Le FIMA, c’est un appel visuel au contact du grand public pour nous faire connaître. »
Fière d’un patrimoine régional remarquable en matière de vitrail avec l’art Déco et l’art Nouveau notamment, Claire Henry ne renie pas ses racines : « c’est vrai que le vitrail est vite associé à l’église, mais ça fait partie de notre passé. » D’ailleurs, l’atelier Le Vitrail intervient souvent sur des travaux de restauration d’édifices religieux comme à l’Abbaye de Moyenmoutier, ou sur la verrière du Théatre du Granit à Belfort. Et lorsque l’on évoque l’avenir, Claire Henry hésite : « Je ne sais pas comment le métier va évoluer. Mais il va falloir composer avec les nouvelles technologies, c’est certain ! »
Apprendre pour transmettre
Les savoir-faire ancestraux constituent l’excellence des métiers d’art. Des gestes précis et des techniques séculaires qui s’apprennent encore dans certaines écoles.
L’école de vannerie de Fayl-Billot est unique en France. Elle est rattachée au Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Situé en Haute-Marne, ce Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricoles (CFPPA) forme depuis plus d’un siècle les vanniers professionnels de France et d’ailleurs. « Nous accueillons 300 stagiaires par an, toutes formations confondues » explique Josiane Moilleron, la directrice du centre de formation. « Ils viennent de toute la France mais aussi du monde entier puisque 8% de nos stagiaires sont étrangers. » Le CFPPA de Fayl-Billot propose plusieurs formations dans le domaine de la vannerie et de l’ostréiculture : un Brevet Professionnel « responsable d’exploitation agricole » osiériculture vannerie et un CAP vannerie sont les deux formations dites « diplômantes ». « Nous sélectionnions les stagiaires par rapport à la solidité de leur projet professionnel, à leur dextérité, à leurs aptitudes vannières, et à leur motivation. » Le CFPPA propose également des formations dites « qualifiantes » en vannerie et en paillage de sièges pour acquérir des compétences. « Ce cursus comprend des stages d’initiation ou de perfectionnement en lien avec le projet du stagiaire. »
« Dépasser les clichés »
Le CFPPA de Fayl-Billot sera présent au FIMA dans le village des artisans d’art les 24 et 25 juin. Autrefois, la vannerie lorraine était centralisée dans la région de Baccarat, une activité relativement importante au XXe siècle. Un osier fin appelé « grisette de lorraine » fait la réputation de notre région et permet de confectionner des « glaneuses », des plateaux à tartes, des « timbales » (paniers ovales avec couvercle), des « laceries » et toutes sortes de petits paniers et de petites corbeilles. « La région Grand Est via le FIMA nous offre une belle opportunité de présenter notre établissement pour faire la promotion du métier et dépasser les clichés. » Car il existe encore 200 ostréiculteurs (fabrication de l’osier et transformation) et vanniers (transformateur de l’osier) en France. « Il y a une clientèle qui apprécie beaucoup le travail de l’osier car c’est une matière produite sans beaucoup d’énergie. Juste transformée par le vannier et sa créativité. » Cependant, Josiane Moilleron regrette la méconnaissance du métier. « Je pense que pour faire connaître la vannerie, il faut se tourner vers le marché du luxe. Hermès a d’ailleurs déjà créé des sacs en osier ! »
Publi-reportage • Photos © F.Horny, Guillaume Ramon, Anthony klein, Aurélien Faidy, Fima, École de vannerie Fayl-Billot, Alfredo Salazar, Claire Henry, DR