Avec la sortie de « Beaurivage » le chanteur nancéien Eddy la Gooyatsh tape un grand coup dans les cordes de sa guitare, et signe un très bel album dont beaucoup de médias se sont fait l’écho. Une confirmation pour ceux qui le suivent depuis ses débuts, une belle surprise à découvrir sans plus attendre pour les autres.
On l’avait laissé sur fond bleu, celle de la pochette de son dernier album « Chaud » en 2009. On le retrouve sur fond noir. Et il ne s’agit pas là uniquement de la couleur dominante de la couverture de « Beaurivage » joliment illustrée par Pol Banon. C’est un peu comme si toute la musique d’Eddy la Gooyatsh s’était assombrie, avait pris une teinte nuageuse entre mélancolie et colère. Le chanteur aime pourtant toujours ses ritournelles exotiques qu’il accompagne élégamment de son Ukulele. Il ne se sépare pas plus de son sourire discret… Bref, Eddy n’est pas devenu méchant. Pour preuve il vient de signer en marge de sa carrière solo, un conte musical pour enfants « M le méchant » aux éditions Lamao. Chez Eddy la Gooyatsh, le méchant c’est le temps qui passe sur les sentiments.
Nouvelle couleur
Plus électrique et énervé que les précédents albums, Beaurivage enchaîne des thématiques sérieuses et des tranches de vie plus en douceur. L’album affiche une belle unité de tons : les guitares frottent, couinent et la batterie n’a pas besoin d’en rajouter pour ajouter de la force. Dans cette ambiance ou les notes rebondissent comme dans une pièce aux cloisons métalliques, il faudrait être sourd pour ne pas distinguer la poésie qui ne quitte jamais les textes des chansons d’Eddy la Gooyatsh. Des titres comme « Ta colère à nouveau » ou « Madeleine », sont de ces chansons qui vous donnent envie d’attraper un morceau de papier pour en capturer quelques mots. Pour les notes, pas besoin de cage, une seule écoute suffit pour imprimer la mélodie.
Si cet album présente un visage différent et il faut en chercher les raisons dans sa genèse : bien qu’Eddy soit aussi réalisateur et guitariste pour de nombreux artistes (Lussi in the sky, Jean Elliot Senior, Weepers Circus, Laurent Lamarca…) il a souhaité sur cet album confier les manettes à Victor Roux (Laurent Lamarca, Icare, Grimme, Pomme…). Ce travail en co-réalisation a permis à Eddy de revenir à une approche plus « live » sur cet enregistrement, qui fait de l’album Beaurivage un objet résolument pop.
Eddy, Victor Roux et le batteur Alexandre « Goulec » Bertrand ont enregistré de façon très spontanée et dans des conditions de live. Le son est plus brut, les arrangements plus épurés, les guitares plus électriques et la voix plus habitée. Dix nouvelles chansons fragiles mais incarnées, mélancoliques mais lucides, pop mais avec du texte.
En perpétuelle tournée pour les différents projets qu’il mène de front, Eddy la Gooyatsh va enfin retrouver son public nancéien pour la présentation de son album lors d’un concert convivial à la Machine à Vapeur. Il y a seulement cinq ans, Eddy la Gooyasth déclarait en souriant faire partie de « l’arrière garde de la chanson à Nancy. » Comme pour mieux souligner l’éventail des possibles dans cette ville où il a grandit et où il vit toujours. Et dans cet éventail, Eddy le Gooyatsh revient en force. Avec Beaurivage, le souffle est puissant et énergique même si le délicat parfum des mots flotte toujours autant dans ses airs.
Beaurivage, Eddy la Gooyatsh (Label Art Disto / Editions BMG / L’Autre Distribution). En concert jeudi 23 juin à la Machine à Vapeur, Nancy. Apéro à 19h, concert à 20h. Et à Verdun le 25 juin.
Photo © Jean Elliot Senior, DR