Jusqu’au 8 avril 2016, en parallèle de son cycle thématique autour du feu, le Pôle Bijou de Baccarat met en lumière le travail de Meilleurs Ouvriers de France et donne carte blanche à un artiste atypique, Antoine Brodin.
Du 14 janvier au 19 juin, le Pôle de Bijou a initié son 4e opus dédié aux cinq éléments en se concentrant cette fois sur le feu. Dans ce cadre, la structure lance deux autres expositions parallèles.
Sur un piédestal
Ils sont la crème des artisans d’art, élèvent leurs métiers aux plus hauts niveaux mais œuvrent souvent dans l’ombre. Le Pôle Bijou répare régulièrement cet oubli à travers des expositions en leur honneur. « C’est la troisième depuis que le Pôle Bijou existe. Dans les deux premières, nous avions mis l’accent sur les MOF formés à la cristallerie de Baccarat puis, peu à peu, nous avons élargi à d’autres tout en restant dans le travail du verre », explique Monique Manoha, responsable du site. Décerné tous les quatre ans par des professionnels d’une même spécialité, le titre de Meilleur Ouvrier de France est le couronnement de l’œuvre d’une vie, préparée et pensée avec minutie et virtuosité. Jusqu’au 8 avril, treize MOF laissent entrevoir aux visiteurs la pièce qu’ils ont présentée à ce concours. Tailleurs, graveurs, verriers artistiques, ou spécialistes du bronze d’ornement, ils magnifient tous la matière, la transcendent ou la révèlent. Pour le Pôle Bijou, impliqué dans la valorisation du patrimoine de son territoire, la prochaine étape consistera à tourner les projecteurs en 2017 vers des œuvres d’une valeur symbolique forte : les pièces de départ en retraite de MOF. Mais ça, c’est une autre histoire.
Dentelles de verre
Entre tradition et modernité, la structure bachâmoise ne choisit pas. À côté de son hommage aux MOF, elle laisse libre cours à un créateur contemporain dans le cadre d’une carte blanche. Artiste protéiforme et atypique, Antoine Brodin a posé une quarantaine de ses pièces toutes plus intrigantes les unes que les autres dans la galerie du Pôle. Passé par le CERFAV à Nancy, ce dernier est un verrier baroudeur. Il a parcouru le monde, du Japon à Venise, pour acquérir des techniques différentes de travail du verre. Inspiré par la nature, il livre des œuvres d’une rare finesse. La série « Birdy » présente par exemple un crâne d’oiseau ajouré comme une dentelle grâce à une technique de sablage par pochoir. « L’idée m’est venue quand j’étais au Japon. En me baladant dans les villes, j’ai remarqué tous ces oiseaux qui s’agglutinaient sur les fils électriques. Dans un premier temps, je me suis tourné vers le dessin », raconte-t-il. La sculpture en verre a ensuite fait son apparition. Le résultat renvoie étrangement aux masques de carnaval vénitiens ou à ceux des médecins de la peste. « Cela rappelle aussi celui du souffleur de verre », ajoute-t-il, notant l’hommage rendu à sa propre discipline. Outre les volatiles, Antoine Brodin a aussi métamorphosé le verre en anémones, sous la forme de bougeoirs, en plumes délicates et cristallines, et en d’autres pièces où la nature à toujours son mot à dire.
Hommage aux MOF et Carte Blanche à Antoine Brodin jusqu’au 8 avril au Pôle Bijou de Baccarat, 13 rue du Port. Renseignements : 03 83 76 06 99 • polebijou.com
Photos © François Golfier, DR