Malgré des siècles d’existence, la Place Stanislas a traversé les âges sans prendre une seule ride. Le 26 novembre dernier, ce bijou nancéien, inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, a soufflé sa 260e bougie.
Fruit des songes d’un seul homme, le duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, la Place Stanislas fait aujourd’hui rêver les millions de promeneurs foulant ses pavés. Pourtant, elle n’a pas toujours été telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Le cadeau de Louis XV
Tout commence avec le mariage de Marie Leszczynska et le roi de France, Louis XV. Le roi de Pologne destitué devient alors un personnage important de la cour de France à Versailles. Cependant, Stanislas déteint quelque peu parmi les autres courtisans. Son gendre décide donc de lui trouver une occupation et lui met la Lorraine entre les mains. « C’est un véritable homme des Lumières. Il est soucieux de fonder une société idéale, dans laquelle le peuple pourra s’épanouir. Dans les années 1750, il se met en tête de construire une place Royale, à la mode dans d’autres villes européennes », raconte Florence Dossmann, de l’Office de Tourisme de Nancy.
Des bâtons dans les pilotis
En 1750, la ville vieille, médiévale et renaissante, et la nouvelle, développée sous Charles III au XVIe siècle, forment une sorte de « 8 ». « À la croisée des boucles, se trouvait une surface marécageuse, qui deviendra la place Stanislas », ajoute-t-elle. Mais la construction de cette dernière est loin d’être acquise : le duc de Lorraine se trouve empêtré dans la tutelle mise en place par Louis XV, surveillé par un intendant et des militaires français. Ceux-ci lui feront modifier plusieurs fois les plans de l’architecte Emmanuel Héré pour conserver un soupçon de système défensif ou pour tirer au canon. Ainsi, la nouvelle Place Royale, posée sur pilotis, sera ouverte, étirée aux niveaux des angles et possédera des grilles aérées pour dégager la vue. Les travaux débutent en 1752 et s’achèvent avec l’inauguration le 26 novembre 1755.
De la place Royale à la Place Stanislas
Au cour de son histoire, elle se dépouille de certains de ses atours, à l’instar de la statue de Louis XV enlevée à la Révolution. Elle portera aussi différents noms, de la place du Peuple en 1792 à la Place Napoléon sous l’Empire. En 1831, elle prend son identité finale et accueille en son centre un monument en hommage à Stanislas le « Bienfaisant ». En 2005, après avoir été un parking puis un lieu de circulation automobile, la mairie de Nancy lui donne un coup de jeune. Les 250 000 pavés datant de 1958 sont enlevés, certains vendus pour partie au profit d’associations caritatives. Aussi rescapées, les fontaines de Barthélemy Guibal et les grilles de Jean Lamour ont retrouvé leur lustre d’antan. Et juste devant la statue de Stanislas, un pavé marqué d’une étoile signe l’emplacement d’une capsule temporelle enterrée en 2005… Espérons qu’elle aussi ait la même longévité que notre chère Place Stanislas.