Chef de chœur et enseignante aux conservatoires de Saint-Mihiel et Maizières-Lès-Metz, Anne Victorion s’engage sans mesure dans l’aventure des « 2 000 choristes ». Présidente de l’association « Résonnances Lorraine », qui organise la manifestation, elle mène aussi à la baguette les répétitions du chœur de Saint-Mihiel et met son costume de choriste les soirs des 23, 24 et 25 octobre venus. À l’image du directeur artistique Jacky Locks et des milliers de voix l’accompagnant, Anne Victorion a la passion au chœur.
Vous avez une triple casquette : présidente de l’association Résonnances, chef de chœur et choriste. Quel est votre secret ?
C’est sûr que ce projet grignote tout mon temps personnel. Mais c’est aussi le cas des choristes pendant l’année de préparation avant les concerts. Avec la présidence de l’association et la formation des chanteurs sur Saint-Mihiel, cela ajoute juste un peu plus d’heures sur mon emploi du temps. Malgré tout j’ai la capacité de changer de casquette. Quand je suis présidente, je m’y consacre à cent pour cent. Ensuite quand je dois gérer une chorale pour les répétitions, je « switche » en mode chef de chœur et ainsi de suite. Je passe de l’un à l’autre assez naturellement. Avoir ces trois expériences est aussi très enrichissant car j’ai pu adopter différents points de vue. Bien sûr, quand je dois prendre des décisions à la tête de Résonnances, cela m’aide beaucoup de m’être glissée dans la peau d’un choriste.
Comment cette collaboration entre Jacky Locks et vous a été possible ?
Avant tout, c’est une vieille histoire d’amitié entre Jacky et moi. Nous nous sommes rencontrés en 1994 lors d’une semaine chantante. Je démarrais alors comme chef de chœur. Ensuite nous nous sommes retrouvés sur plusieurs projets communs. J’ai par exemple chanté à de nombreuses reprises sous sa direction. Et puis, quand il a voulu mettre en pratique son idée de réunir les chorales de Lorraine pendant un concert, il m’en a parlé et j’ai de suite adhéré.
Rassembler 2000 choristes ensemble sur scène est un sacré challenge. Comment l’alchimie musicale se forme-t-elle ?
Il faut avoir un petit grain de folie pour imaginer un tel projet, avec cette ampleur, même si un tel succès n’était pas prévu. Au début, Jacky a présenté l’idée à la région Lorraine et a obtenu son plein soutien. Puis à l’ouverture des inscriptions en 2009, pour la première édition, plus de 2 000 choristes se sont manifestés. Nous ne nous y attendions pas du tout mais ces 2 000 inscriptions ont donné son nom et son identité à la manifestation. Après, pour ce qui concerne l’harmonie entre ces milliers de voix, elle s’atteint au fil des répétitions. Chacun travaille de son côté les partitions. Puis nous nous retrouvons par groupes de 500 à 600 et peu à peu un lien s’établit. Il est vrai qu’à 2 000 voix, chacun doit trouver sa place. Le chant choral est un équilibre fragile. Tout le monde doit se sentir à la fois unique et appartenant à un tout.
Quelle sensation cela procure d’être dans un chœur aussi important ?
Être sur scène, accompagnés d’orchestres symphoniques et rythmiques et devant 15 000 personnes, est une expérience très forte en émotions. Le chant touche à l’intime. Mais quand on chante à l’unisson avec des milliers de voix, une force immense naît, entre puissance et énergie. Et puis, « 2 000 choristes est aussi une histoire d’amitié. Depuis 2009, j’ai tissé des liens avec des gens, qui autrefois m’étaient totalement étrangers. Nous nous sommes retrouvés à partager une même passion : cela génère de beaux souvenirs. Lors des répétitions, nous nous amusons, nous avons des fous rires et nous nous soutenons aussi pendant les coups de blues ou les difficultés. Lors des précédentes éditions, certains ont dû faire face à la maladie ; d’autres ont eu des enfants. Et à chaque série de concerts, nous sommes comme une grande famille qui se retrouve, avec son lot de moments tristes ou joyeux. Et puis, pendant l’année de repos, une attente se créé.
Une fois tous les deux ans, cela fait donc long à attendre. « 2 000 choristes » serait envisageable annuellement ?
Techniquement, rien n’est impossible. En revanche cela demande un travail énorme et des efforts de la part des choristes, tout autant que de leur entourage qui subit les absences, les répétitions… Pendant un an, ils vivent pour le chant, à l’exclusion de bien d’autres choses. Pour cette raison, l’année de pause est indispensable. Elle permet un temps nécessaire de repos et de retour au réel. Et en même temps, elle engendre un manque. Quand tout s’arrête, il y a un vide. Pendant des mois, c’est notre rendez-vous et du jour au lendemain, il n’y a plus rien. Voilà pourquoi nous attendons tous avec impatience les trois concerts d’octobre. Ils constituent un aboutissement. »
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