Édito
En selle !
Sauvage, gracieux, joueur ou têtu comme la mule qu’il n’est pas, le cheval est un vieux compagnon de l’homme. Domestiqué vers 3 500 avant J. C. par des habitants du nord de l’actuel Kazakhstan, il a depuis traversé l’histoire humaine, participant à son humble niveau à sa construction. Des champs de bataille à ceux de labour, il s’est vu dompté et harnaché afin de tirer la charrue du paysan autant que porter l’auguste séant d’illustres combattants. Pour autant, fallait-il être un génie pour (presque) le soumettre à sa volonté ?
« Plus l’homme est bête et mieux son cheval le comprend » disait Anton Tchekhov. Plus que l’intelligence, il faut sûrement une bonne dose de confiance mutuelle et une passion infinie pour l’animal que l’on veut dresser. Sans oublier que les équidés ont aussi leur caractère et qu’ils ne se laissent pas facilement mener par le bout du harnais. Cela rend mille fois plus beau et magique le spectacle de deux corps en harmonie, celui du cavalier et de son partenaire à quatre pattes.
Du 16 au 21 juin, Lunéville, la « cité cavalière », donne à des milliers de visiteurs l’occasion d’assister et participer à cette étrange et fascinante communion. Cirque ou théâtre équestres, balades en calèche, initiation à la voltige sur poneys pour les enfants… la relation homme-cheval sera déclinée sous toutes ses formes. Tout cela dans le cadre magnifique du château des Lumières, écrin d’architecture et de verdure où les chevaux seront les rois.
L’intelligence et la beauté du geste, voici aussi ce que désire montrer le Printemps des chapiteaux. Cette série de spectacles autour des arts du cirque secouera la Lorraine pendant plusieurs mois. Là il ne s’agit plus seulement de soumettre un animal à sa volonté, mais son propre corps : jonglages, acrobaties, contorsions, danses, tours de force ou d’habileté. Les dizaines de compagnies présentes pour la manifestation feront preuve d’audace, de prouesses et nous emmèneront dans leurs univers bariolés, poétiques, tendres ou difficiles. Pour réfléchir, rire ou pleurer, juste ressentir, le cirque est le meilleur des spectacles, celui qui rassemble toutes les disciplines.
Et si le bonheur était comme un cheval. L’homme court toujours après lui, parfois devant, parfois derrière, rarement sur son dos. En cela, François Cavanna avait bien raison : « Quand l’homme eut inventé la selle, il s’aperçut que le plus gros restait à faire : rattraper le cheval ». Comme quoi intelligence et bonheur ne font pas toujours bon ménage. Il reste le plaisir de se laisser porter par ses émotions les plus belles : la joie, le plaisir… et de les partager. Alors peut-être, le cheval vous attendra un peu… avant de se remettre au galop.