Du 29 mai au 1er novembre, le musée de l’Image d’Épinal recompose un tableau familial intrigant en interrogeant les liens entre l’homme et l’animal dans « L’esprit des bêtes ». Pour se faire, il plonge dans ses archives et construit une exposition dédiée aux dessins animaliers de Benjamin Rabier, le créateur de la Vache qui Rit. Pleines d’humour et de malice, ces illustrations sont complétées par un regard contemporain, celui du photographe Charles Fréger. Un parcours qui vous fait sautiller les neurones et rugir de rire !
« Il importe peu de descendre du singe ; l’essentiel est de ne pas y remonter », affirmait Richard Wagner. À contre-courant du compositeur allemand, Benjamin Rabier a compris que ce voyage retour vers nos origines était plein de fantaisies et de possibilités. Il s’est amusé à mélanger les genres, tels ce lapin et ce renard échangeant leurs queues. Il est présent aussi dans notre mémoire collective : sous son crayon sont nés la Vache qui Rit, l’image du Sel La Baleine ou encore le canard Gédéon.
Les animaux ont de l’esprit
Dès 1897, ce dessinateur et illustrateur de presse prête ses talents à l’Imagerie Pellerin. De cette collaboration naissent des planches dessinées où les animaux sont dotés de qualités ou défauts humains. En cela, il utilise la même technique que dans les fables de La Fontaine, qu’il illustrera d’ailleurs à partir de 1900. Dans son univers, le singe joue les acrobates avec un héron et les grenouilles, à cheval sur des canards, se transforment en chevaliers en train de jouter. Drôles, instructives, les esquisses de Rabier sont aussi les premières formes de bandes dessinées. Il a d’ailleurs inspiré Tintin à Hergé avec son personnage « Tintin Lutin ».
Le sacre de l’homme-animal
Moins humoristiques, les photographies de Charles Fréger nous plongent dans le rapport sacré entre l’homme et l’animal. De nombreuses cultures à travers le monde puisent dans le monde animal leur inspiration pour construire un rite. Pendant dix-huit mois, le photographe est allé à leur rencontre et a pris des images d’hommes posant dans leurs costumes rituels. Le portrait qui se construit alors est celui de figures hybrides, dans lesquelles l’homme et l’animal se fondent, se nourrissent l’un de l’autre. Quelle est la part animale ? Quelle est la part humaine ? Il semble que tout soit mélangé. Au visiteur de démêler cet imbroglio.
« L’esprit des bêtes », du 29 mai au 1er novembre au musée de l’Image d’Épinal. Plus de renseignements sur le site museedelimage.fr