Économique et écologique, le vélo fait de plus en plus d’adeptes. Vieux routard à bicyclette, jeune aventurier sur deux roues ou débutant timide, chacun entretient un rapport différent avec son biclou. Mais en ville, sa pratique nécessite quelques ajustements. La Maison du vélo propose justement de se remettre en selle sans prendre de risques.
La voiture a perdu de sa séduction. À l’heure où il faut tout en même temps faire plus d’exercice, polluer moins et réduire les dépenses, le vélo lui a chipé sa place de favori. Chaque année, au moins soixante-dix adultes et quatre-vingts enfants suivent les formations proposées par la Maison du vélo. Car il ne suffit pas de savoir pédaler, il faut aussi apprendre à rouler avec les autres utilisateurs de la route. « Le vélo a une place à part entière dans la ville mais on travaille beaucoup sur le partage de l’espace », note Rolando Da Costa, animateur de la Maison du Vélo à Nancy. Cet apprentissage est d’autant plus subtil qu’aucun « élève » n’arrive avec le même niveau. Certains se retrouvent sur deux roues pour la première fois, d’autres se remettent en selle après des années ou encore ont juste besoin d’un séance pour mieux appréhender le rapport aux autres modes de transport.
Partage d’espace
Au total, selon Rolando Da Costa, 190 km d’aménagements cyclables ont été réalisés sur le Grand Nancy dernièrement. Cela n’empêche pas la cohabitation parfois difficile avec automobilistes, piétons ou cars. La Maison du vélo prodigue de nombreux conseils lors de ces ateliers : « il faut essayer de rouler à droite mais pas trop, de toujours garder le contact visuel avec les automobiles, éviter de se mettre à côté d’un camion ou d’un bus et de maintenir ses éclairages, sonnette et freins en bon état » selon l’animateur.
Parmi les habitués de ce temple des bécanes sans moteur, Javier Palacios est un cas particulier. Le bicycle est une passion : il le pratique tous les jours et vient réparer à domicile ceux qui sont mal-en-point. Le créateur de l’atelier « La clef du vélo », est un coutumier de ce mode de transport. « J’ai commencé à l’adolescence. Je n’avais pas le permis et les transports en commun ne me plaisaient pas. C’est plus écologique et plus économique car l’entretien ne coûte rien. Par contre je suis un peu déçu : je viens d’Espagne et je pensais qu’ici il y avait plus de respect entre les automobilistes et les cyclistes », explique-t-il. Avec son bolide, Jonathan Partouche quant à lui parcoure 1600 km par an. Lui a succombé à la mode des fixies, ces vélos urbains à pignon fixe, et a remisé son scooter trop coûteux en essence.
Sur les chapeaux de roues
Grâce au vélo, ce dernier a étonnamment réduit son temps de trajet pour se rendre au travail. « On m’a conseillé de faire comme au ski : de regarder devant et de ne pas se retourner. Du coup, je ne suis pas dérangé par les voitures », avance-t-il.
Pour Alexandra Mertz, le vélo est une expérience qui se partage. Déficiente visuelle, elle avait pendant longtemps abandonné le plaisir d’une balade à bicyclette et a retrouvé le sentiment de liberté procuré par ce mode de transport grâce au tandem. « Quand j’étais petite, je prenais le vélo pour aller au bout de la rue et c’était déjà le bout du monde. Aujourd’hui j’ai l’impression de retrouver cette sensation sans ma canne ou mon chien guide habituels. En plus, l’effort se fait à deux. On peut parler et le pilote me décrit ce qu’il voit », raconte-t-elle.
Entre le VTT amélioré de Javier, le single speed de Jonathan ou le tandem d’Alexandra, chaque vélo s’empare à sa manière de la ville. Pour les cyclistes pas encore assurés sur leurs deux roues, un petit tour à la Maison du Vélo devrait les rassurer.