Stéphane Kneubuhler est le Colporteur de Rêves, un conteur magicien. Il emmène son public dans un univers merveilleux, poétique et ouvert sur le monde. Rencontre.
Quel rapport entretenez-vous avec les contes ?
Avant l’an 2000, je ne connaissais pas le monde du conte. Je l’ai découvert en assistant à un festival à Vandoeuvre où il y avait un conteur extraordinaire. Cela m’a intéressé et j’ai eu envie d’aller plus loin. On ne choisit pas le conte ; il vient à nous… Pour moi, cet univers est passionnant. Quelle que soit leur région d’origine, ces récits traditionnels parlent de quelque chose de commun à l’humanité. J’en lis des milliers venant du monde entier. Quand un conte me plaît, j’essaye de le ramener dans mon propre univers comme si j’étais le témoin de ce qui se passe. C’est donc un travail de réappropriation et de réécriture. En lisant ou récitant une histoire, il faut pouvoir l’imaginer soi-même. Je vais utiliser des images que je connais pour rendre le récit plus fort et vivant aux yeux du public.
Les légendes s’attachent à raconter un lieu, alors que les contes sont moins marqués géographiquement et historiquement. Pour autant existe-t-il des histoires spécifiques à la Lorraine, qu’on ne retrouve nul par ailleurs ?
En fait, la frontière entre contes et légendes est très fine. Certains personnages de légendes attachés à un lieu se retrouvent ailleurs sous d’autres formes. L’Ondine de la Nied par exemple ressemble fort à Mélusine. Dans le folklore provençal, la Tarasque, dragon à six pieds, est aussi terrifiante que son homologue messin, le Graoully. Ce qui va changer, ce sont les noms ou les décors. Mais au fond, nous partageons les mêmes racines. Ces récits transcendent toutes les frontières.
Y a-t-il un nouvel engouement pour les contes en Lorraine ?
Ils avaient disparus en France en même temps que la pratique du patois. Seuls la Bretagne et une partie du Sud ont résisté et gardé leur patrimoine folklorique vivant. En Lorraine, le phénomène a été plus radical. Mais depuis les années 1960, 1970, il y a un renouveau du conte. Il y a par exemple de plus en plus de conteurs, professionnels ou amateurs. Mais si on compare avec d’autres contrées, nous n’avons pas vraiment gardé une culture du conte. L’année dernière, j’ai participé au festival international des Contes en Îles sur les îles de la Madeleine au Québec. Là-bas, tout le monde est conteur : c’est une sorte de particularité locale. En Lorraine, les gens aiment entendre des histoires. On sent qu’ils ont besoin de se retrouver tous ensemble pour rêver et oublier les tracas quotidiens. Mais dans tous les cas, j’ai l’impression qu’il y a un retour à l’oralité.
Avez-vous un conte auquel vous tenez et que vous aimeriez raconter ?
Ça dépend de la période, de la saison. Comme nous sommes proches de Noël, je pense à un conte en particulier : « Le Noël des animaux ». J’aime beaucoup cette petite histoire très poétique. Je l’ai trouvée dans un recueil de contes irlandais : une petite grand-mère vit dans une cabane au creux d’une forêt. Noël vient et elle est toute seule pour le célébrer. Elle décide alors de préparer des gâteaux et à peine met-elle les mains dans la farine, que quelqu’un frappe à la porte. Et tout au long de la soirée, des visiteurs vont venir la trouver. Pour connaître la suite, il va falloir patienter et venir m’écouter vous la raconter…
Pour mieux connaître Stéphane Kneubuhler et savoir où l’écouter : http://colporteurdereves.com/.