Ils ont tous un prénom : Anatole, Céline, Émeline, Léonard ou Serge. Comme les enfants perdus dans Peter Pan, les ours de collection d’Anne-Marie Verron attendent patiemment d’être adoptés. Et comme ils tombent des étoiles, ils en font rêver plus d’un.
Quand Anne-Marie Verron a imaginé son premier ours, elle y a mis un peu du Petit Prince : une silhouette dégingandée et un regard très doux. Elle met d’ailleurs beaucoup de temps à les faire naître sous les coups de ciseaux et les tracés de crayon, plus d’une vingtaine d’heures de labeur. Chacun a sa personnalité et ses caractéristiques physiques : des oreilles ou un nez plus ou moins grands, des yeux espiègles ou bienveillants… Mais tous conservent cet esprit tendre que l’artiste voulait leur donner dès le départ. « J’aime les ours tristes. Quand j’ai cherché le nom de ma marque, je me suis demandée pourquoi ils pourraient l’être. J’ai pensé à la Grande Ourse puis j’ai imaginé qu’ils étaient tombés des étoiles… D’où ce côté nostalgique », raconte Anne-Marie Verron. Depuis 2006, elle fait adopter ses boules de poils dans le monde entier avec pour nom de famille « L’ours tombé des étoiles ».
Attention aux arctophiles
Attention, ces derniers ne sont pas à mettre entre toutes les menottes. Fabriqués à la main de manière artisanale, ils sont des objets d’art et non pas des jouets. Ils attirent des collectionneurs d’un genre peu connu en France : les arctophiles, passionnés d’ours en peluche. Surtout présents en Allemagne ou en Angleterre, ils cherchent à se réchauffer aux douceurs de l’enfance. « J’ai découvert ce monde en 2005 et cela m’a rendue curieuse. J’aimais bricoler : ma fille m’a poussée à tenter le coup. Contrairement aux poupées, les ours sont unisexes ; ils peuvent plaire aux femmes comme aux hommes », explique l’arctophile convertie, adhérente aux Métiers d’Art de Lorraine et Ateliers d’Art de France. Au fil des naissances d’ours, Anne-Marie Verron a enrichi sa technique tout en s’affranchissant des codes de fabrication des Teddy Bears traditionnels. Les nez de ses créations sont par exemple en pâte fimo. Elle les façonne avec un souci de réalisme, comme de véritables truffes de chiens ou autres bestioles à quatre pattes. Les yeux en verre sont redessinés, ombrés, nuancés pour donner le regard le plus doux possible. Le visage est totalement sculpté aux ciseaux.
Une vie d’ours
Mais avant cette étape finale, la minutie de l’artiste se retrouve déjà dans le choix de ses matières. Elle va chercher spécialement en Allemagne ou Angleterre de l’alpaga ou du mohair pour donner de la densité aux poils de ses ours et aussi assurer une qualité supérieure. « Même s’ils ont tous quelque chose de différent, ils ont un air de famille. Pour avoir ce rendu, le patron ne fait pas tout : la patte de l’artiste compte beaucoup. Un coup de ciseaux malheureux et tout doit être recommencé », assure-t-elle. En septembre dernier, elle a offert un de ses patrons au magazine Ours & Poupées. De nombreuses personnes ont tenté de le reproduire et ont envoyé, pour certaines d’entre elles, des photographies du résultat. Aucune création ne ressemblait à un « Ours tombé du ciel ». Anne-Marie modèle ses petits personnages à l’instinct et avec ses émotions. Et ce sont bien celles-ci qui donnent vie à ces créatures d’un autre monde.
Anne-Marie Verron expose ses ours de collection à l’Hôtel de Ville de Baccarat jusqu’au 23 janvier. Rencontrez aussi d’autres Ours tombés du ciel sur : adopte-un-ours.com