La Bretagne n’est pas la seule région de France à être une terre de légendes. Le vallon Saint-Martin dans les Vosges promet aussi de belles surprises. Sur le sentier du vallon, fées, druides et grottes mystérieuses résistent encore et toujours aux cartésiens.
La forêt de Brocéliande est un endroit mythique : les visiteurs s’amusent à accrocher à chaque pierre, arbre ou étang des récits issus du cycle arthurien. Autour d’Escles dans les Vosges, le vallon Saint-Martin a aussi échauffé les esprits. Aucun tombeau de Merlin n’a encore été trouvé ; en revanche un cuveau dit « des fées » est l’objet de nombreuses spéculations. La plus connue est encore celle d’Alfred Larose dans les années 1950. Selon lui, la cuve de plus de 3 mètres de diamètre aurait été utilisée par des druides pour des cérémonies sacrificielles. Fort heureusement, les techniques de datation et le travail archéologique a permis de rétablir une vérité beaucoup moins terrifiante : le cuveau serait en fait né des mains de carriers au XVIIème siècle. Ces derniers l’ont sculpté à même la roche puis abandonné à cause d’une fissure qui empêchait son étanchéité. Quant aux fées, Olivier Bertin de l’association Escles-Archéologie en explique la présence : « Il y avait beaucoup de hêtres dans cette zone. Or le nom latin de cet arbre est « fagus ». Avec le temps, le mot s’est déformé en « fays » puis « fée ». Par la suite, la cuve a été baptisée « cuveau des fées » par Alfred Larose car il est situé à proximité du sentier de la Blanche Femme ». Une légende en entraînant une autre, le vallon tout entier s’est vu conféré une aura mystique.
Les pieds dans le vert
En réalité, le site tout entier regorge de richesses provenant d’époques diverses. Il présente des traces d’occupation depuis la Préhistoire. Certains éléments sont visibles, d’autres plus cachés. À travers une partie du bois d’Escles, les marcheurs peuvent les découvrir en suivant un chemin de randonnée. Non loin du cuveau, le Madon prend sa source dans un écrin de vert et arrose plus loin la Moselle, à Pont-Saint-Vincent. Toujours sur le chemin mais dans l’autre sens, deux points d’extraction de grès consolident l’hypothèse d’une exploitation de pierres dans le vallon. L’un des deux est une carrière de meules à aiguiser, autrefois appelée « amphithéâtre » pour sa forme semi-circulaire. Au détour des bois, une motte castrale du IXème ou Xème siècle, un monticule défensif médiéval, attend les promeneurs. Selon Olivier Bertin, ce « Châtelet » aurait été érigé en partie avec des pierres issues de monuments gallo-romains démantelés. Escles date lui-même de l’Antiquité. « Les Romains utilisaient les voies fluviales pour transporter leurs marchandises. Le village était un point de passage. Par ailleurs, ils avaient construit une route de 50 km de long entre Corre et Portieux, et Escles se trouve au milieu. Des vestiges de cette voie romaine ont été retrouvés notamment dans la forêt de Vioménil », continue Olivier Bertin. Pas de fées dans ce vallon donc, mais la balade promet d’être surprenante.
Pour plus d’informations sur le sentier du vallon Saint-Martin : www.vosgesitinerances.com