De l’or en réserves

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La France compte plus de 2 700 000 hectares de réserves naturelles. Sous la responsabilité de l’état ou de la région, ces sites permettent d’y maintenir des fonds de végétaux et d’animaux. Avec sept réserves naturelles nationales et six régionales, la Lorraine fait partie des dix régions françaises les plus protectrices. Là où la nature se niche, le cœur de la Lorraine bat plus fort.

« Tout Lorrain a à proximité de chez lui une zone à protéger ou à découvrir », assure Véronique Corsyn, directrice du Conservatoire d’Espaces Naturels en Lorraine.  Couvert à 36 % de forêts, le territoire lorrain est l’un des plus boisés. Mais sa richesse ne s’arrête pas là. Les zones naturelles de chaque département constituent de véritables muséums de la biodiversité : du grand tétras à l’écrevisse à pieds blancs ; du dicrane vert, une mousse forestière, au sabot de Vénus, une orchidée rare. Dans les Vosges ou en Moselle, en Meurthe-et-Moselle ou en Meuse, tourbières, marais, étangs, prés salés, prairies se sont développés, offrant un habitat propice à la reproduction d’espèces végétales ou animales particulières.

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Le rôle du Conservatoire d’Espaces Naturels

Le CEN est un des acteurs de la préservation de la faune et de la flore. La Lorraine lui a confié la gestion de ses six réserves naturelles régionales et, l’état, celle de deux des réserves nationales implantées dans la région. Par ailleurs, le conservatoire est aussi propriétaire d’espaces non classés mais fragiles qui présentent un intérêt en matière de biodiversité. Certaines pelouses calcaires ou tourbières font par exemple partie de ces zones administrées par le CEN. « La première chose réalisée par le Conservatoire sur un site est la rédaction d’un rapport qui inventorie toutes les espèces connues et précise les actions à mener pour les protéger. Dans les réserves régionales, nous pouvons définir des usages propres aux lieux : interdire la cueillette ou l’introduction de nouvelles espèces. Le but principal est de maintenir l’équilibre du milieu », détaille Véronique Corsyn. Les pratiques agricoles intensives, le drainage des eaux, la pression touristique sont autant de menaces qui pèsent sur ces écosystèmes. Pour ces raisons, la concertation avec les acteurs d’un territoire est essentielle. « Nous établissons des liens avec les usagers de ces sites. Nous discutons avec les chasseurs pour voir avec eux comment aménager leur pratique ou avec les pêcheurs pour leur demander d’être des relais locaux. La gestion de ces territoires est une entreprise collective. Notre but est d’inciter les habitants de ces zones à se les approprier comme leur patrimoine et à les préserver à leur tour », précise la directrice du CEN.

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La main de l’homme

Dans la vallée de la Seille en Moselle, le CEN possède 150 hectares de propriétés gérées avec l’aide des agriculteurs locaux. Ce partage de responsabilité sur un territoire permet notamment de l’entretenir grâce à la mise en place de pâturages. À Pagny-sur-Meuse, le Konik Polski, un petit cheval polonais, est le sauveur de la tourbière alcaline : il broute des plantes invasives, les molinies, et permet à d’autres espèces de respirer et se développer comme l’epipactis des marais, une fleur de la famille des orchidées qui pousse dans des zones humides. La question de l’intervention humaine est cependant délicate.  La nature en reprenant ses droits modifie la configuration d’un lieu. Cela influe sur les espèces qui y vivent et s’y reproduisent. « Sur une prairie, si nous la laissons évoluer, des arbustes prospèrent, prennent le pas sur les herbes et une forêt se crée. Nous savons ce que nous perdons mais nous ignorons ce que nous gagnons. La disparition de certaines plantes peut entraîner celle d’insectes qui s’en nourrissent et ainsi de suite », analyse Véronique Corsyn. Le Conservatoire cherche tout de même à comprendre comment dame Nature travaille, en dehors de tout contrôle humain. Il met notamment en place des espaces témoins où les espèces en place peuvent croître tranquillement. Rouge et or, la Lorraine pourrait rajouter le vert à son drapeau. Un vert riche en nuances, des forêts vosgiennes aux pelouses calcaires en passant par les étangs. Elle recèle bien des secrets au creux de ses mares et de ses herbes. Et elle s’offre sans mesure à qui l’écoute et la respecte. Pourquoi s’en priver ?

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Les trésors de la nature lorraine

La Lorraine présente des milieux atypiques et des espèces exceptionnelles, propres à elle-seule.  Dans la vallée de la Seille, la mer présente au Jurassique a laissé des traces de son passage : des dépôts de sel dans les sous-sols. En remontant à la surface ils ont donné naissance à des étendues d’eaux salées, principalement des mares, et des prés salés. Ceux-ci sont plutôt une particularité des littoraux. Mais il y en a aussi en Auvergne : leur développement  a été favorisé par le « volcanisme », comme l’indique Véronique Corsyn. Les prés salés lorrains sont donc une exception parmi les terres intérieures du continent. D’autres joyaux de la nature sont étrangement un héritage humain. Le pays des Grands Étangs, près de Rhodes et de Gondrexange en Moselle, a en grande partie été façonné par des moines au Moyen-Âge. En construisant des étangs, ceux-ci avaient des viviers à portée de main et tout au long de l’année. Ces milieux attirent des populations d’oiseaux ordinairement observés dans des espaces marins.

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Des espèces en danger

En parallèle à la protection nationale et régionale, l’Europe a mis en place le réseau Natura 2000 depuis 2011. 26 106 sites sont répertoriés et cartographiés sur le continent. En Lorraine, 114 plantes et animaux sont inscrits sur les listes d’espèces à surveiller, ainsi que 42 types d’habitats. Au total,  les zones Natura 2000 en Lorraine comprennent 87 sites sur 7 % de la superficie régionale.  Des animaux tels que le lynx ou le grand tétras font l’objet de surveillances accrues. Moins de vingt lynx ont été remarqués dans les Vosges. D’autres, moins connus, sont également menacés. Les sonneurs à ventre jaune de la famille des crapauds se promènent du côté des forêts verdunoises et constituent une des populations les plus importantes de France. Pourtant, l’habitat et les zones de reproduction de cet amphibien sont fragilisés entre autre par l’asséchement des zones humides. Les chauves-souris ont elles aussi du souci à se faire : elles ont moins d’insectes à grignoter, en raison de l’usage de pesticides, et de moins d’espaces où loger et hiberner. Selon le Conservatoire d’Espaces Naturels, 90 % d’entre elles ont été décimés sur les cinquante années écoulées.

Préparez votre balade et obtenez plus d’informations sur les réserves et espaces naturels en Lorraine sur :
• www.cren-lorraine.com
• www.reserves-naturelles.org

LES RÉSERVES NATURELLES EN LORRAINE

LES RÉSERVES NATURELLES NATIONALES
• Réserve des Ballons comtois
• Réserve d’Hettange-Grande
• Réserve du Massif du Ventron
• Réserve de Montenach
• Rochers et tourbières du pays de Bitche
• Réserve du Tanet-Gazon-du-Faing

LES RÉSERVES NATURELLES RÉGIONALES
• Tourbière de Machais
• Réserve de l’étang d’Amel
• Réserve de la Moselle sauvage
• Réserve de la côte de Delme
• Réserve de la tourbière de Charmes
• Réserve de la zone humide du Moulin
• Réserve de Lachaussée