Référence de la chorégraphie internationale, l’Israélien Emanuel Gat vient soutenir le lancement de la première biennale de danse en Lorraine. L’événement réunit pendant deux mois le travail d’une quinzaine de structures de la région dont les trois scènes nationales. Une façon d’exposer encore plus au grand public les talents de la danse.
Dans la cuisine au premier étage du bâtiment qui abrite le Ballet de Lorraine, Emanuel remue calmement son café. Les lieux se réveillent à peine, les murs d’abords, les corps ensuite. Arrivé il y a peu à Nancy, il se sent bien. Pour le chorégraphe Israélien, installé dans le sud de la France, à Istres depuis 2007, la rencontre avec les danseurs lorrains s’est passée le plus naturellement possible. «Dès mon arrivée, j’ai senti des danseurs, très disponibles. C’est important car ma façon de travailler est très spéciale, et demande beaucoup d’implication de leur part », explique Emanuel Gat. Pour faire simple : le chorégraphe aime avant tout le processus de création. Qu’importe le spectacle final (ou presque) l’important pour Emanuel Gat est la façon d’y parvenir.
C’est donc les mains presque vides qu’il est arrivé à Nancy. Pas de projet trop structuré mais beaucoup d’observation. «J’ai commencé par observer les danseurs. J’ai ensuite établi un dialogue. Pour moi la danse est un art très terre à terre. De façon presque scientifique, c’est par l’observation de l’être humain que la création peut naître. Les choses sont toujours ouvertes. »
Beaucoup d’énergie vient compenser cette approche qui pourrait sembler dilettante. Si Gat ne revendique pas le qualificatif d’original, son parcours l’est quand même. Ce n’est qu’à l’âge de 23 ans, que ce passionné de musique découvre la danse. La rencontre s’est faite, comme quand on goûte un nouveau plat. «Ce n’était pas un rêve d’enfance, mais un coup de foudre. Je n’avais jamais dansé ni même vu un spectacle de danse », raconte Emanuel Gat. Très vite, il passe des ateliers amateurs à une compagnie israélienne avec laquelle il se produira sur les grandes scènes internationales. Le danseur est vite qualifié de magnifique, le chorégraphe pointera vite le bout de son art. Dès 1994, il débute une carrière de chorégraphe indépendant pour créer 10 ans plus tard sa propre compagnie. Avec sa femme et ses cinq enfants, il s’installe en France en 2007 pour conquérir l’Europe. Particulièrement remarqué cet été au festival Montpellier Danse, son nom est aujourd’hui associé à la découverte, l’énergie et aux défis toujours relevés.
Ne cherchez pas son style, Gat refuse de s’en trouver un. Celui qui ne jure que par la spontanéité, veut surprendre. C’est le seul moyen de rendre abordable un art trop souvent vu comme compliqué : «Il n’y a pas forcément de choses à comprendre dans la danse, juste des émotions à ressentir. J’aimerais qu’on s’en persuade afin de mettre fin aux blocages qu’ont certains à franchir le pas pour aller voir un spectacle ! »
A trois semaines de la première représentation, la musique n’est toujours pas choisie. Emanuel Gat ne s’affole pas, c’est sa façon de procéder, de créer. Tranquille, le chorégraphe semble être le seul à connaître sa route. Il nous la dévoilera en temps voulu. Pour une première, la Biennale de danse de Lorraine ne pouvait pas rêver meilleur guide.
Infos et réservation au 03 83 85 69 08 ou www.ballet-de-lorraine.eu
programme complet de la biennale sur www.biennale-danse-lorraine.fr