L’esprit NJP

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Voyage au cœur du Nancy Jazz Pulsations avec son président, Claude-Jean Antoine, parmi les pionniers du festival.

Au 106 Grande Rue, près de la porte de la Craffe, l’effervescence est de mise. Dans ce vaste local est installé le centre névralgique du Nancy Jazz Pulsations. Au milieu des salariés et des bénévoles qui s’activent, Claude-Jean « Tito » Antoine nous accueille. Il est l’un des garants du label NJP.

Les débuts en 1973


Claude-Jean Antoine fait partie de ce groupe de jeunes nancéiens qui lancèrent l’aventure voilà 37 ans : Gilles Mutel, Xavier Brocker, Daniel Eugé, Yan Huc, Raymond Sanna, Marie-José Guérini, Patricia Henck, Sophie Houdet, Jean-Marie Barbaux, Didier Lévy, René Mathis, Jean-Noël Delcray, Patrick Kader. Ils ne le savent pas encore mais leur initiative va chambouler la vie culturelle de la cité ducale. Claude-Jean Antoine raconte la genèse : « Tout a débuté par un gag ou presque. Nous étions une bande de copains. Nous sommes allés proposer à la mairie l’idée d’une manifestation culturelle jazz ; hors période estivale. Au début, notre vision était un simple rassemblement. Les élus ont vu plus grand ».  La première édition se déroule à la rentrée 1973 dans les MJC et sous le chapiteau de la Pépinière avec un plateau déjà copieux : Ray Charles, Oscar Paterson, Sun Ra, Claude Bolling, Memphis Slim, Terry Riley. Suivront les années suivantes : Dizzy Gillepsie, Clark Terry, Jœ Pass, Ray Brown et tant d’autres. Le NJP deviendra vite le rendez-vous incontournable pour nombre d’artistes.

Scène du monde

Claude-Jean Antoine déroule la suite de l’histoire : « En 1979, la volonté des créateurs a été d’accéder à l’indépendance et de sortir du couvert institutionnel. Nous avons lancé l’association NJP. Je me rappelle parfaitement ce concert de soutien organisé à la salle Poirel ». L’aventure est en marche. Composé de bénévoles, le NJP engage son premier salarié en 1980 : Patrick Kader, directeur (il l’est toujours). Sans tomber dans la démesure, le festival prend de l’ampleur, est soutenu par les pouvoirs publics et sa réputation grandit en France et hors de l’hexagone pour devenir un vrai label. Dans les années 90, des échanges avec le Brésil, le Sénégal, l’Afrique du Sud donnent une dimension humanitaire au NJP. Comment en définir l’esprit ? Claude-Jean Antoine en parle le mieux : « Une ligne artistique autour du jazz ouverte aux musiques du monde, favorisant les artistes émergents avec un fort volet social ».  Aujourd’hui, le NJP c’est six salariés permanents : Patrick Kader, Justine Loubette (chargée de production), Marie-Anne Bécourt (administration, billetterie), Aline Aumont (communication), Keddy Khaldi (concerts en région) et Laurence Wisniewski (opérations jeunes public). Auxquels s’ajoutent au plus fort de l’organisation, sur les scènes de Nancy, de son agglomération et de la Lorraine, 800 musiciens, 150 intermittents/CDD et plus de 100 bénévoles qui mettent leur inventivité et leur enthousiasme au service du NJP. L’édition 2010 est marquée du même sceau de la passion et de la qualité. 140 concerts ont lieu en région. En guest stars: Alpha Blondy, Jacques Higelin, Manu Katché, Christian Scott, John Mayall, Richard Galliano, Dave Holland… La liste est longue. Le menu est alléchant.

Le volet social

Le regard que porte Claude-Jean Antoine sur cette aventure de 37 ans est un optimisme serein. Sa grande satisfaction : « Avoir fait d’un tel festival, une institution indépendante dans la durée, tout en permettant d’y développer l’aspect social. Lui avoir conservé sa ligne artistique ». Effectivement, c’est là toute l’essence du NJP qui se déploie dans les quartiers (Haut-Du-Lièvre, Nations, Woippy, Champ-le-Bœuf) où  prend corps une véritable ouverture entre générations et cultures,  dans 15 écoles et 11 médiathèques où le jeune public est sensibilisé au monde du spectacle, dans les centres de détention, dans les hôpitaux et maisons de retraite. Expositions, sessions cinémas, workshop avec la fabrication d’instruments-légumes complètent le panel. Claude-Jean Antoine connaît mille anecdotes. Miles Davis et John Zorn l’ont fortement impressionné. Un regret : « Avoir manqué Lionel Hampton ». Comment voit-il l’avenir du Nancy Jazz Pulsations ? : « Un festival qui perdurera en gardant son esprit originel tout en s’adaptant aux évidentes réalités économiques. J’aimerais le voir s’étendre à la Pépinière et améliorer l’accueil du public ». Un dernier mot, Claude-Jean. Pourquoi ce surnom de « Tito » ? Il sourit : « Cela remonte à mes années d’étudiant… J’étais très engagé. C’est loin tout cela » Il n’en dira pas plus… A 71 ans, il est déjà tourné vers l’organisation du NJP 2011. Avec la même passion.

NJP du 6 au 16 octobre – 03 83 35 40 86