Le chanvre est un matériau qui s’impose de plus en plus dans les constructions. Écologique et économique, il n’est pas près de partir en fumée.
À partir de 2020, tous les bâtiments construits en France devront présenter un bilan énergétique positif, selon la loi 2008 du Grenelle de l’Environnement. Pour atteindre ce résultat, il faut songer de manière avisée aux outils et techniques qui permettent d’isoler les bâtiments. Dans ce contexte, le chanvre se démarque positivement pour ses qualités en termes de confort thermique, acoustique et hygrothermique. La filière s’appuie sur des chantiers réalisés il y a vingt ans pour démontrer tous les avantages de ce matériau. D’un simple point de vue écologique, le chanvre est une plante renouvelable, économe en eau et qui pousse vite, sans traitement ni engrais. Il ne dégage que très peu de COV (composés organiques volatiles) et est facilement recyclable en fin de vie. Sa grande malléabilité n’est pas non plus étrangère à son succès : on le retrouve sous forme de laine isolante (dont la résistance thermique est comparable à celle des laines minérales), de blocs utilisables en construction comme en rénovation, ou encore de béton de chanvre projeté.
Quelques contraintes
Cette matière est respirante et perméable à la vapeur. Pour conserver ces propriétés, les murs en béton de chanvre ne doivent pas être isolés, ni par l’intérieur ni par l’extérieur, par un enduit imperméable à la vapeur d’eau. En effet, dans ce cas, l’humidité resterait piégée dans le mur, provoquant des moisissures. Il faut donc opter pour un enduit à la chaux par exemple, imperméable à l’eau, mais perméable à la vapeur d’eau. Du sel de bore est également souvent ajouté, pour lutter contre les champignons, les insectes et les rongeurs, même si cette action n’est pas systématique. Par contre, les câbles et les tuyaux de plomberie sont directement insérés dans la matière, où ils disparaissent de manière assez esthétique.
Tout seul
Cette matière est souvent préconisée dans le cadre de l’auto-construction. Pour construire un mur avec du béton de chanvre, il faut d’abord bâtir une ossature, souvent en bois, puis remplir la paroi verticale avec le béton. L’une des techniques employées pour y parvenir est celle du banchage : la pâte, constituée d’un mélange de chaux, de chanvre de pierre ponce, de plâtre et d’eau, est étalée et tassée dans un coffrage. En 10 minutes, le mélange est sec, les planches de maintien peuvent être enlevées et il est possible de passer au niveau suivant. Vu la prise rapide, une certaine célérité est indispensable pour réussir cette opération, qui s’effectue rarement en solitaire. Des stages et des chantiers participatifs permettent d’acquérir rapidement le tour de main nécessaire, avant de se lancer à son tour.
Mélanie De Coster