Vivre dans les bois n’est plus réservé aux seuls adeptes du retour à la nature. Retrouvez vos racines en renouant avec les essences boisées et vivez simplement au rythme des saisons.
En France, les parcelles de forêt constructibles sont rares, ce qui explique pourquoi les biens forestiers pourvus de bâti sont très convoités. La majeure partie d’entre eux se retrouvent en Sologne, où beaucoup de maisons ont été construites depuis le xixe siècle. Posséder un coin de forêt ne suffit pas : même le défrichement est réglementé par le Code forestier, afin de lutter contre l’érosion ou de veiller à l’équilibre biologique d’une région. Ailleurs, il faut parfois ruser : les zones N (naturelles) sont en principe non-habitables mais les maires peuvent changer le PLU (plan local d’urbanisme) et les requalifier, tant qu’il ne s’agit pas de zones spécifiquement protégées. Cependant, ce genre d’opération ne s’effectue pas tous les ans et les projets concernés ont plus de chances d’aboutir si les terrains ne sont pas trop éloignés des zones d’habitation (ou s’ils sont déjà viabilisés). Quand la réglementation le permet, ces espaces sauvages retrouvent alors toutes les joies de la civilisation : avant de voir s’élever une maison, il faudra obtenir un permis de construire.
Chez les hobbits
La tentation est grande, dès lors que l’on construit en forêt, de renouer avec nos vieux rêves de cabanes. Des demeures inspirées de l’univers médiéval de Tolkien aux cahutes perchées dans les arbres, les matériaux naturels comme le bois ou la pierre prennent le pas sur le béton, toujours incongru en ces lieux. Ces fantaisies architecturales ne doivent pas vous faire oublier pour autant le risque majeur lié à la présence d’arbres : les troncs ont parfois tendance à s’abattre malencontreusement sur les bâtiments. Après l’indispensable défrichage, il faudra donc aussi surveiller attentivement l’état des végétaux environnants… et ne pas hésiter à les abattre le cas échéant. En dehors de ces précautions d’usage, rien n’empêche d’opter pour des toitures végétalisées ou des bâtis en bois, indécelables de loin pour des regards non avertis.
Travail du bois
Les fustes sont des maisons en rondins de bois brut, qui rappellent, de prime abord, les demeures anciennes, vues notamment dans les westerns. Remises au goût du jour depuis une vingtaine d’années sur le territoire américain, elles s’installent à présent chez nous. Le bois présente en effet de nombreux avantages, que ce soit en terme d’isolation, de résistance au feu ou d’environnement. Contrairement aux idées reçues, ce matériau est en effet un gage de sécurité en cas d’incendie : il suffit d’en prendre pour preuve la réglementation des pompiers, qui leur permet d’intervenir dans le cas d’un feu pris sur une charpente en bois, mais pas quand la structure est métallique. Par essence, les fustes puisent leur matière première dans les forêts locales, pour améliorer encore leur impact environnemental. Les rondins, qui ne sont pas sciés ni équarris, permettent également de se faciliter l’entretien de ces bâtisses, surtout quand le bois est laissé brut, ce qui lui permet de vieillir naturellement. Certaines de ces bâtisses existent depuis plusieurs centaines d’année, ce qui donne l’occasion d’apprécier leur futur grisonnement. La principale nouveauté des constructions actuelles est le souci de l’efficacité énergétique : des laines de mouton ou de chanvre, posées entre les fûts, viennent aujourd’hui parfaire l’isolation de demeures dans le plus pur style « trappeur ».
Mélanie De Coster