Le Salon de Genève marque traditionnellement le début d’une nouvelle année automobile. Mais pour ce millésime, le premier grand rendez-vous européen a toutes les allures d’un changement d’ère.
Réglé comme une montre suisse, le Salon de Genève est, depuis 108 ans, un rendez-vous rassurant, qui sonne le début de l’année automobile, tout du moins en Europe. En attendant les événements de la rentrée, comme le Salon de Francfort ou le Mondial de l’Auto, les grands constructeurs ont pris l’habitude d’y lancer leurs ballons d’essai et en profitent pour humer l’air du temps. Or, cette édition 2013 prend une dimension toute particulière en ces temps où l’industrie motorisée connaît des mutations sans équivalentes dans son histoire. Entre les marques qui vacillent au point que leur avenir semble des plus compromis, des enseignes qui brillent grâce à une stratégie d’ouverture sur les marchés émergent et les groupes qui naissent, portés par la croissance de ces mêmes pays, bien malin qui pourra dessiner le visage que prendra le secteur automobile dans les mois à venir. Cette incertitude, tintée d’effervescence, donne au Salon suisse une envergure qu’il n’avait sans doute pas jusqu’alors.
Les constructeurs français à la relance
Car c’est là que vont se dévoiler les différentes stratégies mises en œuvre par les grands manitous de la voiture. Une chose apparaît claire : les constructeurs français vont jouer, dans les mois qui viennent, leur va-tout. Peugeot et Renault le savent, qui tentent de combler le vide qui sépare leur offre de celle de la concurrence allemande, en intégrant par exemple, avec des années de retard, le marché des petits SUV. Le Lion arrive sur les bords du lac Léman avec son 2008, tandis que Renault y présente son Capture. Autres lacunes à combler : celles des citadines qui ont du mal à susciter autant de passion et d’enthousiasme que les Mini, les Fiat 500 ou encore les Mercedes Classe A. Ce sera la mission de la 208 GTI, de la Clio RS ou encore de la Citroën DS Cab. Avec cette offre renforcée, portée par un soupçon d’innovation technologique (hybridation, modèles électriques…), les deux groupes jouent gros, certes, mais devraient pouvoir redresser la tête.
L’Allemagne soigne son plan de bataille
À part Opel, qui se trouve dans la même situation que les marques françaises (et qui, avec le Mokka et l’Adam adopte la même stratégie), le contingent germanique, en bonne santé, mais en proie à une terrible concurrence, poursuit sa marche en avant et accentue sa stratégie multimarques. Le principe est simple : du bas de gamme à l’offre la plus luxueuse, les groupes allemands veulent tout couvrir. Ainsi peuvent-ils faire d’importantes marges en haut de leur catalogue qui leur permettent de proposer des prix compétitifs en bas. Volkswagen, par exemple, ratisse large, avec Skoda, Seat, Audi, Porsche, Ducati, Lamborghini, Bentley… BMW aussi, avec Rolls Royce ou encore Mini. Ce positionnement leur permet de présenter à Genève des modèles qui font rêver, soignant par la même occasion leur image de marque. Ainsi aura-t-on la chance de découvrir la dernière Porsche Cayman, la Rolls Royce Wraith ou encore la Bentley Continental GT. Ces sublimes automobiles prouvent qu’à l’heure de la standardisation à outrance la passion n’est pas morte. La redoutable McLaren P1 ou la nouvelle Ferrari F-150 ou encore l’Aston Martin Rapid S sont là, de toute façon, pour nous le rappeler.
La terre penche vers l’Est
En face, les constructeurs asiatiques ont bien senti que le monde a basculé. Non seulement les grands noms du Vieux Continents s’installent tous sous leurs latitudes, mais en plus ils gagnent de plus en plus de part de marché. Kia, Hyundai, Toyota… le nouveau monde leur appartient. Et ils le prouvent : GT 86 cabriolet, Pro_Cee’d GT, Gensis Concept… la démonstration de force (aussi bien esthétique que technologique) est impressionnante. Et que dire de l’arrivée d’un nouveau venu aux dents longues : le chinois Qoros qui, non content de viser son marché intérieur, a aussi des vues sur le pré carré européen ? Alors que Saab vient de fermer boutique, et que certaines marques historiques sont dans la tourmente, une telle annonce n’a rien d’anecdotique. L’année commence donc sur les chapeaux de roue !