Agitateur d’émotions

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Du 21 novembre au 1er décembre, le Festival RING décline le spectacle vivant sous toutes ses formes. Théâtre, musique, acrobates, marionnettes… proposent un programme festif, convivial, intergénérationnel. Pour rire, réfléchir, pleurer, voir le monde sous une facette décapante et dérangeante.

Ne passons pas par quatre chemins pour l’affirmer. A l’issue du Festival RING, si vous aimez le théâtre, votre passion pour cet art vivant n’en sera que plus forte. Si vous avez quelques réticences à pousser la porte d’une salle de spectacle, vos a priori tomberont. RING ? Ce n’est pas seulement la surface où l’on boxe ou encore le titre d’un film d’horreur japonais, c’est depuis 2010 un événement artistique qui prend de l’ampleur sur le Grand Nancy. Le Festival est né de l’esprit de Michel Didym,  directeur du théâtre de la Manufacture et formidable baroudeur de l’expression théâtrale, si souvent regard d’ouverture sur le monde, éveilleur de consciences, appel de tolérance et de liberté. RING signifie Rencontres Internationales des Nouvelles Générations. Tout est dit dans cette dénomination. En fait, un Festival s’adressant, par les prestations remarquables d’artistes de toute l’Europe, à tous les publics, à toutes les générations. L’esprit y est convivial, familial, surtout pas élitiste. L’idée de départ est bien de faire venir au théâtre un public qui n’en a pas forcément l’habitude, de tisser du lien entre les gens, d’ouvrir des espaces de discussion. A RING, on rit, on réfléchit, on est ému et on partage des émotions. Le période choisie, la proximité de la Saint-Nicolas, est tout à fait volontaire de la part des organisateurs. Cela tend à essaimer encore davantage la philosophie RING à Nancy, Laxou, Maxéville, Ludres, Vandœuvre-lès-Nancy, Essey-lès-Nancy en diffusant un parfum de curiosité, de passion, d’insolite, d’innovation, entre messages d’amour et cris de révoltes.

D’un Germinal globalisé à l’imaginaire enfantin

Tout commencera le mercredi 21 novembre à 19 h place de la Carrière. La Compagnie La Salamandre proposera gratuitement au public, dans une parade mêlant flammes, fracas et silences, de la suivre en cortège dans la nuit et le dédale des rues nancéiennes. L’histoire du jeu avec le feu est mise en scène comme sortie d’un autre temps. Passé ce choc visuel, le Festival RING pourra ouvrir ses portes et déployer son tapis rouge de sensations. « Germinal » n’est pas un remake du roman d’Emile Zola. Quoique. Deux artistes belges vont à leur façon construire et déconstruire l’histoire des sciences, des techniques, des modèles sociétaux. Refaire tout en se posant les bonnes questions et dans la bonne humeur. « Divans » plongera le public dans une psychanalyse particulière. Les vingt divans et fauteuils sont les témoins d’une singulière interactivité et d’une parole constante entre acteur et spectateur. Avec « La vie du grand Don Quichotte de la Manche et du gros Sancho Pança »,  voilà l’œuvre de Cervantès revisitée avec bonhomie et irrévérence. En accompagnant « Le Vélo » de la petite Atma, c’est dans un autre univers que pénètrent les spectateurs. Atma se voit offrir une bicyclette et hésite entre plusieurs routes. Toutes mènent à un monde aux aspects différents, celui fait de béton et de bitume se heurtant à un autre empreint de magie. Accents poétiques, mélancoliques, burlesques sur fond de Rock, d’Opéra, de chants populaires composent une partition humaniste et ode au regard de l’enfance. « Standards », au travers de danse hip hop, évoque le rapport de chacun au drapeau national et à la devise « Liberté, Egalité, Fraternité », entre appartenance aux socles sociétaux et recherche du mieux vivre ensemble. « U.F. (Uncle fucker) » est une vision jubilatoire et au vitriol de la violence sur le petit écran.

La Lorraine ouvrière et regards sur le monde

« Loin d’Hagondange, Faire Bleu » parlera à tous les Lorrains. C’est une fresque peignant le regard des anciens mineurs, oscillant entre les souvenirs d’une aciérie jadis glorieuse et les doutes sur un futur bien incertain. « Invisibilmente » et « In Fiesta » ouvrent le sas des doutes de l’âme humaine. Où, comment une simple attente, une fête banale, peuvent faire basculer dans un océan d’inquiétude et de réminiscences angoissantes d’un passé que l’on croyait enfoui. « Sous contrôle » nous mène dans un pays qui se veut le miroir de nos sociétés contemporaines. Fiction, politique, spectacle forment un tout dans une contrée aux abords bien inhospitaliers. Dans un tout autre registre, « Buno, volere, volare » délivre un numéro déjanté de music-hall entre cirque et théâtre, dans lequel la poésie est déformée. Des acrobaties par lesquelles une trapéziste s’enroule autour d’un tableau noir (« Rhizikon »), des marionnettes animées de sentiments humains « The Table », un mix explosif entre hits électro, rock, techno, punk (« The Naturel Born Chillers ») sont d’autres pépites. Et toujours ce fil rouge tendu par RING : une introspection sociétale avec des thèmes coups de poing : la relation amoureuse dans le monde du travail (« Contractions »), une « Alice au pays des merveilles » en version mondialisation, un regard grec en forme de ballet sur ce monde globalisé (Late Night), le destin de clandestins noyés par les flots et l’indifférence (« Bruits d’eaux ») et une oppressante virée électro dans des champs de coton (« In the solitude of cotton fields »). RING est un formidable uppercut, intelligent, efficace bousculeur des idées reçues. Le must de ce Festival : après chaque spectacle, le public est invité à prendre un verre, manger, converser avec les artistes et danser au bar du Théâtre de la Manufacture.

À NOTER

Places à l’unité 8, 16 et 21 euros. « Le kit RING » propose 3 spectacles au choix de 18 à 36 euros.
Des navettes bus aller-retour gratuites sont mises à disposition pour les spectacles éloignés du Théâtre de la Manufacture (lieu de départ/d’arrivée). Plus d’infos : 03 83 37 12 99 • www.nancyringtheatre.fr